Le chantier de
la centrale nucléaire de Hinkley
Point C, un projet clé dans la stratégie énergétique du
Royaume-Uni, traverse une crise inattendue. Des centaines de rats
ont envahi le site de construction, forçant l’opérateur EDF à
suspendre certaines activités pour traiter l’infestation. Cette
situation soulève des questions sur les défis cachés auxquels sont
confrontés les mégasites industriels et sur les risques qu’un tel
problème pourrait entraîner pour la sécurité et l’image d’un projet
aussi vital pour l’avenir énergétique du pays.
Une infestation inattendue dans
un chantier nucléaire
La centrale nucléaire
de Hinkley Point C, située dans le
sud-ouest de l’Angleterre, est l’un des projets nucléaires les plus
ambitieux de la décennie. Elle devrait fournir une source d’énergie
bas carbone essentielle au Royaume-Uni dans les années à venir.
Cependant, un problème imprévu est venu perturber le chantier : une
infestation de rats. Ces rongeurs, visibles dans les zones de
travail, les cantines et les bennes à déchets, ont été repérés par
les syndicats en avril 2023. Selon ces derniers, les rats sont
omniprésents et ont envahi de nombreux secteurs du site de
construction.
Les syndicats Unite
et GMB ont immédiatement alerté EDF, demandant une action urgente
pour protéger les 10 000 ouvriers qui travaillent sur le chantier.
En réponse, EDF a confirmé l’existence du problème, tout en
précisant que ce type d’infestation est courant sur les grands
chantiers de génie civil. Toutefois, l’entreprise a souligné
qu’elle mettait en place des mesures pour résoudre cette
situation.
Les risques liés à une
infestation de rats sur un site nucléaire
Bien que le site de
Hinkley Point C ne contienne pas encore de matières radioactives,
la présence de rongeurs constitue un danger bien réel. Les
syndicats ont souligné que ces nuisibles pouvaient causer des
dégâts importants aux infrastructures temporaires. Les rats peuvent
ronger des câbles, des isolants ou d’autres matériaux essentiels au
bon fonctionnement du chantier, créant ainsi des risques d’incendie
ou d’interruptions de service.
Mais les dangers ne
s’arrêtent pas là. L’infestation de rats soulève également des
questions d’hygiène et de sécurité. Les rongeurs peuvent contaminer
les cantines et les zones où les ouvriers se restaurent,
compromettant ainsi la salubrité des repas. De plus, l’infestation
pourrait nuire à la réputation de la centrale, déjà fragilisée par
des retards et une augmentation significative des coûts de
construction, qui ont désormais dépassé les 32 milliards de livres
sterling.
Le chantier en construction. Crédits : EDF
Un précédent inquiétant :
Fukushima et les rongeurs
Si les rongeurs n’ont
pas encore causé de problème majeur à Hinkley Point C, ils ont déjà
posé des soucis dans d’autres sites nucléaires à travers le monde.
En 2013, un rat de 15 centimètres a court-circuité un tableau
électrique à la centrale de Fukushima Daiichi au Japon,
interrompant les systèmes de refroidissement de la piscine de
stockage du combustible nucléaire pendant plus de 30 heures. Bien
que cet incident soit rare, il souligne les risques inhérents à la
présence de rongeurs dans des infrastructures sensibles.
Les autorités
nucléaires, à la fois au Japon et aux États-Unis, insistent sur le
fait que de tels événements sont exceptionnels et que les
installations modernes disposent de mesures de sécurité renforcées
pour prévenir ce type de problèmes. Cependant, l’infestation à
Hinkley Point C montre qu’aucun site, même les plus modernes, n’est
à l’abri de ce genre de menace.
La lutte contre l’infestation
: des mesures urgentes et des conséquences potentielles
Face à cette
infestation, EDF a réagi rapidement en déployant des entreprises
spécialisées pour lutter contre les rats. Des postes d’appâtage ont
été installés, et des audits d’hygiène des cantines sont en cours.
L’entreprise assure que des mesures sont prises pour garantir la
sécurité et l’hygiène des travailleurs, tout en insistant sur le
fait que ce type de situation est courant sur les chantiers de
grande envergure.
Néanmoins, la gestion
des rongeurs sur un site nucléaire est une tâche complexe. Les
experts soulignent qu’une gestion efficace des déchets et des
déchets alimentaires est essentielle pour éviter ce genre de
problème. Les débris alimentaires et les emballages générés par la
construction de la centrale attirent inévitablement la faune
sauvage, notamment les rongeurs, si ces déchets ne sont pas enlevés
quotidiennement. Cela souligne la nécessité d’une logistique
rigoureuse et d’une gestion appropriée des nuisibles, afin de
préserver la sécurité du site et la réputation du projet.
