PIA AFRICA
Rechercher
Ajouter
Une batterie qui se plie, s’étire comme du dentifrice et ne perd pas d’énergie : bientôt dans vos vêtements, vos montres… et même sous votre peau

Une batterie qui se plie, s’étire comme du dentifrice et ne perd pas d’énergie : bientôt dans vos vêtements, vos montres… et même sous votre peau

  • vendredi 30 mai 2025
  • 6

Imaginez une
batterie aussi souple qu’un vêtement, capable de se plier, de
s’étirer, et de continuer à alimenter vos appareils comme si de
rien n’était. Science-fiction ? Plus vraiment.
Des chercheurs suédois ont mis au point une batterie extensible et
déformable, sans perte significative de puissance, qui pourrait
transformer en profondeur l’univers des technologies portables, des
dispositifs médicaux implantables et de la robotique
souple.

Une texture de dentifrice, des
possibilités infinies

Cette nouvelle
batterie, développée par l’équipe du Laboratoire d’électronique
organique de l’Université de Linköping, en Suède, présente des
caractéristiques à la fois étonnantes et prometteuses. Sa texture ?
“Elle rappelle un peu celle du dentifrice”, selon le professeur
Aiman Rahmanudin, auteur principal de l’étude. Autrement dit, elle
peut être extrudée, modelée, imprimée en 3D, puis intégrée dans des
objets aux formes et usages variés.

Cette avancée
technique, publiée dans la revue Science Advances, pourrait révolutionner
l’intégration des sources d’énergie dans les objets électroniques.
Fini les batteries rigides et volumineuses. Place à des composants
énergétiques moulables, adaptables, étirables.

Repousser les limites des
batteries classiques

La force de cette
batterie réside dans sa capacité à conserver ses performances
malgré la déformation physique. Dans l’étude, les chercheurs
montrent que la batterie peut être étirée jusqu’à doubler sa taille
tout en conservant une alimentation électrique stable, même après
plus de 500 cycles de recharge-décharge.

Un exploit rendu
possible grâce à une refonte complète des composants internes de la
batterie. Contrairement aux batteries traditionnelles, rigides et
souvent limitées en design, celle-ci utilise des matériaux
organiques conducteurs et flexibles. Les électrodes, composées de
lignine modifiée – un sous-produit de la fabrication du papier –
permettent de stocker les charges électriques tout en restant
malléables.

Les connecteurs
internes, eux, sont constitués de nanographite et de nanofils
d’argent, suffisamment fins pour ne pas compromettre la flexibilité
globale du dispositif. Le résultat : une batterie à la fois
performante, légère et entièrement déformable.


batterie

Le groupe de recherche du Laboratoire d’électronique organique,
LOE, à l’Université de Linköping. Crédit : Thor
Balkhed

Une innovation pensée pour le
corps humain

Les applications
envisagées sont vastes, mais c’est dans le domaine médical que
cette batterie pourrait changer la donne le plus rapidement. Pensez
aux stimulateurs cardiaques, pompes à insuline ou appareils
auditifs, aujourd’hui limités par des batteries rigides. Avec une
source d’énergie souple et adaptable, ces dispositifs pourraient
être plus confortables, discrets et résistants.

Même chose du côté
des textiles intelligents, où l’intégration de composants
électroniques dans des vêtements reste un défi en raison de la
rigidité des batteries. Une batterie extensible pourrait
parfaitement s’adapter à la forme du corps, accompagnant les
mouvements sans gêne et sans perte d’efficacité énergétique.

Côté robotique, cette
avancée ouvre des perspectives fascinantes : des robots plus
souples, mimant les mouvements humains avec plus de fluidité, dotés
de systèmes énergétiques embarqués qui suivent leurs déformations
naturelles.

Encore quelques défis à
relever

La batterie conçue
par l’équipe de Linköping fonctionne actuellement à 0,9 volt, ce
qui reste en dessous de la tension standard des batteries
commerciales (environ 1,5 volt). L’objectif est désormais de
trouver de nouveaux composés chimiques capables d’élever cette
tension, tout en conservant les propriétés de souplesse et de
durabilité.

Par ailleurs, comme
le souligne Pragathi Darapaneni, ingénieure senior chez Schaeffler
Asia, la sécurité des matériaux est un point essentiel :
“Les batteries fluides
doivent être évaluées pour s’assurer que les matériaux utilisés
sont non toxiques et sûrs en cas de contact prolongé avec la peau
humaine.”

En somme, le concept
est validé, mais l’industrialisation prendra encore un peu de
temps. La recherche se poursuit pour perfectionner cette
technologie, en optimiser la puissance, et garantir son innocuité à
long terme.

Une révolution douce, mais
inévitable

Cette batterie souple
ne fera pas de bruit. Elle ne sera pas annoncée en grande pompe.
Mais elle pourrait, dans quelques années, se retrouver partout sans
qu’on ne la remarque : dans un bracelet connecté, un t-shirt
intelligent, ou même un implant médical.

L’innovation ne
réside pas seulement dans la prouesse technique, mais dans la
liberté de design qu’elle offre. En supprimant les contraintes
liées à la rigidité des batteries classiques, les ingénieurs et
designers peuvent repenser la manière dont l’énergie est intégrée
dans nos objets.

Et si la batterie de
demain n’était plus une boîte qu’on glisse dans un boîtier, mais
une matière malléable qu’on façonne à volonté, aussi fluide que
l’imagination de ses concepteurs ?

Retrouver cet article sur Sciencepost
La Terre en danger cosmique : comment un nuage interstellaire a failli tout détruire Article précédent
La Terre en danger cosmique : comment un nuage interstellaire a failli tout détruire
Vous pensez que la Grande Pyramide de Gizeh a quatre côtés ? Détrompez-vous ! Article suivant
Vous pensez que la Grande Pyramide de Gizeh a quatre côtés ? Détrompez-vous !

Commentaire - 0

Se connecter pour laisser un commentaire