L’activité
solaire, qui influence de manière cruciale notre planète, traverse
des cycles réguliers. Mais une nouvelle découverte suggère que des
cycles moins connus pourraient avoir un impact beaucoup plus
important que ce que l’on pensait. Le cycle solaire de Gleissberg,
d’une durée de 100 ans, pourrait être en train de se réveiller
après plusieurs décennies de sommeil. Si cela se confirme, cela
pourrait bouleverser nos prévisions concernant le climat spatial et
les impacts sur nos technologies. Mais qu’est-ce que cela signifie
pour nous, et pourquoi cette découverte est-elle si importante
?
Les cycles solaires : de quoi parle-t-on exactement
?
Le Soleil, notre étoile, passe par
des cycles d’activité qui fluctuent tous les 11 ans. Ces cycles
affectent directement les conditions météorologiques spatiales qui
influencent la Terre. Lorsque le Soleil est dans une phase de
maximum solaire, il génère des tempêtes solaires puissantes qui
peuvent interférer avec les satellites, causer des pannes
d’électricité, et provoquer de magnifiques aurores boréales. Ces
fluctuations, connues sous le nom de « cycle des taches
solaires », sont bien étudiées et régulièrement suivies.
Cependant, les
scientifiques savent aussi qu’il existe des cycles plus longs qui
influencent l’activité solaire sur des périodes de temps plus
étendues. L’un d’eux est le cycle de Gleissberg (CGC), un phénomène mystérieux
qui oscille tous les 80 à 100 ans. Ce cycle, qui régule l’intensité
des taches solaires, reste mal compris mais pourrait avoir une
influence plus grande que prévue sur l’activité solaire à long
terme.
Une découverte surprenante
Les scientifiques viennent de faire
une découverte qui pourrait bien remettre en question ce que
nous savons de l’activité solaire à long terme. Selon une étude
récente, le cycle de Gleissberg pourrait être en train de « se
redémarrer ». Ce phénomène pourrait expliquer pourquoi
l’activité solaire du maximum solaire 25, qui a débuté en 2024, est bien
plus intense que prévu.
L’équipe de
chercheurs a analysé les variations du flux de protons capturés par des
satellites dans la ceinture de radiation de la Terre, une région où
les particules solaires sont piégées par notre champ magnétique.
Ces protons augmentent lorsque l’activité solaire est faible et
diminuent quand elle est forte. Leur analyse montre que depuis
environ un an, le flux a commencé à diminuer, ce qui suggère que
nous avons dépassé le « minimum » du cycle de Gleissberg.
Autrement dit, nous pourrions être sur le point d’entrer dans une
phase où l’activité solaire va augmenter de manière
significative.

Le cycle solaire de 11 ans est souvent appelé « cycle des taches
solaires », car le nombre de taches sombres sur notre étoile varie
de part et d’autre du maximum solaire. Cette image accélérée montre
toutes les taches solaires d’août 2024.(Crédit image : SDO/ Şenol
Şanlı /Uğur İkizler
Pourquoi cette découverte est-elle importante
?
Si le cycle de
Gleissberg a effectivement redémarré, cela pourrait avoir des
conséquences majeures pour notre technologie et nos missions
spatiales. L’activité solaire accrue prévue pour les prochaines
décennies pourrait poser plusieurs risques :
Risques pour les satellites :
L’intensification de l’activité solaire pourrait perturber les
satellites en orbite, qui sont vulnérables aux radiations et aux
tempêtes solaires. Certains satellites pourraient même être délogés
de leurs orbites par l’expansion de l’atmosphère terrestre, due à
l’intensification de l’activité solaire.Impact sur les astronautes :
L’augmentation des éruptions solaires pourrait exposer les
astronautes à des radiations dangereuses. Avec l’augmentation des
missions spatiales prévues pour les années à venir, notamment vers
la Lune et Mars, ces risques deviennent de plus en plus
préoccupants.Dérèglements des technologies
terrestres : Des tempêtes solaires puissantes peuvent
perturber les communications, les systèmes GPS, et même provoquer
des pannes d’électricité sur Terre. Une activité accrue pourrait
aggraver ces phénomènes et affecter notre quotidien de manière
significative.Aurores boréales plus
spectaculaires : Côté positif, les aurores boréales, ces
phénomènes lumineux spectaculaires, devraient devenir encore plus
visibles et impressionnantes dans les régions proches des pôles.
Les habitants de certaines régions pourraient donc profiter de ces
« feux du ciel » de manière plus régulière.
Un phénomène mystérieux mais essentiel à
surveiller
Ce qui rend le cycle
de Gleissberg particulièrement difficile à étudier, c’est sa nature
à long terme et son caractère difficile à prévoir. Les
scientifiques ne comprennent pas encore parfaitement son mécanisme
et son influence exacte sur les cycles solaires plus courts, comme
celui des taches solaires. Les données récentes montrent des
tendances intéressantes, mais les chercheurs avertissent qu’il est
encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives.
De plus, ce cycle
centenaire reste un mystère en partie parce qu’il n’a été observé
que pendant les dernières décennies, grâce aux progrès
technologiques qui permettent d’étudier l’activité solaire plus en
détail. Avant cela, l’effet du CGC était difficile à détecter, et
il a fallu plusieurs décennies de données pour commencer à en
comprendre l’ampleur.
Quelles implications pour l’avenir ?
Si les chercheurs ont
raison et que le cycle de Gleissberg redémarre, cela pourrait avoir
un impact significatif sur la manière dont nous prévoyons
l’activité solaire dans les prochaines décennies. Les scientifiques
devront tenir compte de ce cycle long pour mieux anticiper les
périodes de forte activité solaire et protéger les technologies
spatiales et les infrastructures terrestres.
Une autre implication
pourrait être l’évolution des satellites. Les entreprises qui
lancent des constellations de satellites devront peut-être revoir
leur conception pour tenir compte de l’augmentation des radiations
solaires à venir. De même, des mesures de protection plus strictes
pourraient être nécessaires pour les missions spatiales habitées,
particulièrement en cas de fortes tempêtes solaires.