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Nos plaies guérissent bien plus lentement que celles des autres primates, et on sait (peut-être) pourquoi

Nos plaies guérissent bien plus lentement que celles des autres primates, et on sait (peut-être) pourquoi

  • dimanche 11 mai 2025
  • 5

Chez l’humain,
une simple plaie peut prendre des semaines à cicatriser. Pourtant,
chez nos plus proches cousins du règne animal, les blessures
comparables guérissent bien plus rapidement. C’est ce que révèle
une étude publiée dans Proceedings of the
Royal Society B
, qui montre que les humains cicatrisent
environ trois fois plus lentement que les chimpanzés — et plus
lentement que tous les primates non humains testés. Cette
découverte interpelle : comment une espèce qui a conquis le monde
et développé des technologies avancées pourrait-elle présenter un
processus de cicatrisation aussi inefficace ?

Une lenteur propre à l’espèce
humaine

Pour arriver à ce
constat, les chercheurs ont comparé les taux de guérison de plaies
similaires entre plusieurs espèces : babouins, vervets,
cercopithèques et chimpanzés, ainsi que des
humains. Chez les primates non humains, les plaies étaient créées
dans des conditions contrôlées, et leur évolution suivie grâce à
des mesures et photographies régulières. Chez l’humain, les données
provenaient de patients ayant subi des chirurgies dermatologiques
mineures, avec un suivi photo journalier.

Résultat : toutes les
espèces de primates non humains guérissent à un rythme similaire —
mais l’humain sort du lot avec une guérison trois fois plus lente.
Cette spécificité suggère que la lente cicatrisation n’est pas un
trait hérité de nos ancêtres communs, mais plutôt une adaptation
apparue tardivement dans notre évolution, après la séparation
d’avec la lignée des chimpanzés il y a environ 6 millions
d’années.

Pourquoi l’évolution
aurait-elle ralenti notre guérison ?

Biologiquement, une
guérison lente est un handicap : elle augmente le risque
d’infection, prolonge la douleur, limite la mobilité et demande
davantage de ressources métaboliques. C’est tout sauf avantageux
dans un environnement où la survie dépendait de la chasse, de la
fuite ou de la protection contre les prédateurs.

Alors pourquoi cette
lenteur aurait-elle persisté chez Homo sapiens ?

Les chercheurs
avancent plusieurs hypothèses. L’une concerne les caractéristiques
uniques de notre peau : comparée à celle des autres primates, elle
est moins poilue, plus épaisse, plus vascularisée, et surtout
truffée de glandes sudoripares. Cette densité de glandes, utile
pour la thermorégulation, pourrait s’être développée au détriment
de la pilosité, rendant la peau plus vulnérable — et nécessitant
une structure cutanée plus robuste mais moins rapide à
cicatriser.


plaies humains primates

Crédit :
iStock


Crédits : Jovanmandic/istock

La civilisation aurait-elle
changé les règles du jeu ?

Un autre facteur
pourrait expliquer cette lente évolution : la culture et la vie en
société. Contrairement aux autres animaux, les humains vivent en
groupes organisés et ont depuis très longtemps mis en place des
formes de soins collectifs. Le soutien des autres, la fabrication
de pansements rudimentaires, ou l’usage de plantes médicinales
auraient réduit la pression sélective en faveur d’une cicatrisation
rapide.

Autrement dit, notre
intelligence sociale aurait permis d’alléger les contraintes
biologiques — au point que la vitesse de guérison ne représentait
plus un critère décisif pour la survie.

Une piste pour la médecine de
demain ?

Ces résultats ouvrent
un nouveau champ de réflexion biomédicale. Si nous comprenons mieux
les mécanismes précis qui ralentissent la cicatrisation humaine —
qu’ils soient d’origine génétique, cellulaire, ou structurelle —
nous pourrions les corriger ou les contourner, notamment pour les
personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques.

L’étude appelle à une
exploration pluridisciplinaire : en croisant les données
génétiques, l’étude des fossiles, et l’anatomie comparée, les
scientifiques espèrent éclairer cette singularité humaine. Car,
comme souvent, ce qui fait notre faiblesse pourrait bien, à terme,
nourrir nos avancées thérapeutiques.

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