Des mystères captivants
semblent se dérouler en dessous de la surface de Mimas, l’une des
lunes de Saturne. Malgré sa notoriété pour une surface parsemée de
cratères, ce qui lui confère une apparence remarquablement
similaire à l’Étoile de la Mort de Star Wars, de récentes
recherches suggèrent que cette lune dissimule bien plus que ce que
sa surface ne laisse paraître.
Un océan insoupçonné dans une lune improbable
On dénombre plusieurs lunes
abritant potentiellement un océan global dans le Système solaire.
La présence de ces océans mondiaux à longue durée de vie est
généralement trahie par des modifications de surface dues à des
dynamiques internes. Elle implique aussi d’autres facteurs, comme
le bénéfice d’une source de chaleur.
A priori, Mimas,
la lune de Saturne, serait donc l’endroit
le plus improbable où rechercher la présence d’un océan global.
Elle est en effet relativement petite avec un diamètre d’environ
400 kilomètres seulement, ce qui laisse peu de
place à des processus internes qui pourraient générer et maintenir
un océan mondial. Sa surface est également fortement
cratérisée, ce qui ne donne pas l’impression visuelle
typique d’un monde abritant un océan sous sa surface. Enfin, Mimas
est située à une distance significative de
Saturne, ce qui signifie qu’elle ne bénéficie pas directement de la
chaleur intense qui provient de sa planète, ce qui peut sembler
moins propice à la présence d’un océan liquide sous sa surface.
Cependant, les nouvelles recherches
ont révélé que malgré ces caractéristiques qui semblaient indiquer
le contraire, Mimas pourrait effectivement cacher un océan sous sa
surface.

Mimas et Encelade. Crédits : Institut de recherche du
sud-ouest
Un océan de quelques millions d’années seulement
Des études antérieures avaient déjà
révélé des anomalies dans l’orbite de Mimas, ce
qui avait suscité des hypothèses sur la présence d’un noyau rocheux
en forme d’œuf ou d’un océan caché en dessous. Autrement dit, ces
anomalies étaient attribuées à une distribution inégale de la masse
à l’intérieur de la lune. Dans le cas d’un noyau rocheux en forme
d’œuf, la répartition asymétrique de la masse pourrait influencer
la manière dont la lune orbite autour de Saturne, générant des
irrégularités dans son mouvement orbital.
De même, la présence d’un océan
souterrain peut également causer des variations dans la masse
interne de Mimas. Si l’océan n’est pas uniformément réparti, avec
peut-être une concentration plus élevée du côté opposé à Saturne,
cela pourrait entraîner des effets gravitationnels inhabituels
affectant l’orbite de la lune.
Les modèles les plus récents
penchent en faveur de la seconde hypothèse. Selon
ces modèles, un océan liquide pourrait se trouver à une profondeur
de vingt à trente kilomètres sous la surface.
Cette découverte classerait ainsi Mimas parmi les lunes dotées
d’océans internes, rejoignant ainsi Encelade et Europe. Elle aurait
toutefois une particularité notable : son océan serait également
étonnamment jeune, estimé entre cinq et quinze millions
d’années.
Les données nécessaires à cette
découverte proviennent de la mission Cassini, une collaboration
entre la NASA, l’Agence spatiale européenne et l’Agence spatiale
italienne. La mission, qui a duré treize ans et s’est achevée en
2017, a permis d’explorer Saturne, ses anneaux et ses lunes. Elle
révèle encore aujourd’hui constamment de nouvelles informations
même plusieurs années après sa conclusion.
Les détails de l’étude sont publiés
dans la revue Nature.