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Les flamants roses ne filtrent pas leur nourriture : ils chassent avec une technique digne d’un ingénieur hydraulique

Les flamants roses ne filtrent pas leur nourriture : ils chassent avec une technique digne d’un ingénieur hydraulique

  • vendredi 23 mai 2025
  • 5

Pendant des
années, on a imaginé les flamants roses comme des créatures
tranquilles, filtrant passivement leur nourriture dans les eaux peu
profondes. Une nouvelle étude vient pourtant balayer cette idée :
les flamants seraient en réalité de véritables prédateurs
hydrodynamiques, capables de créer des tourbillons complexes pour
piéger leurs proies. Un comportement fascinant, aux applications
inattendues, notamment pour lutter contre les
microplastiques.

Une simple visite au zoo, un
déclic scientifique

Tout commence au zoo
d’Atlanta. Le biologiste Victor Ortega Jiménez, de l’Université de
Californie à Berkeley, observe les ondulations à la surface de
l’eau dans l’enclos des flamants roses. Ce qu’il voit ne colle pas
avec ce qu’on sait de leur alimentation. Il soupçonne que quelque
chose d’invisible se joue sous la surface.

Son intuition le
pousse à initier une vaste recherche interdisciplinaire, mêlant
biologie, modélisation informatique et impression 3D. Résultat :
les flamants roses ne se contentent pas de filtrer l’eau, ils
manipulent activement leur environnement pour concentrer la
nourriture vers leur bec.

Des vortex pour attirer la
proie

L’étude, publiée dans
la revue Proceedings of the National Academy of Sciences,
révèle une stratégie étonnante : les flamants génèrent des
tourbillons d’eau (ou vortex) grâce à la combinaison de plusieurs
éléments de leur anatomie :

  • Leurs pattes palmées
    remuent le fond de l’eau de manière spécifique. En écartant les
    pattes vers le bas et en repliant les palmes vers le haut, ils
    provoquent un mouvement qui soulève les sédiments riches en
    micro-organismes.

  • Leur bec en forme de
    L, orienté vers le bas, crée un second tourbillon qui aspire l’eau
    (et la nourriture) directement vers l’ouverture buccale.

  • Enfin, le mouvement
    de claquement rapide du bec inférieur, pendant que le bec supérieur
    reste posé au fond, crée une série de micro-vortex latéraux qui
    recirculent les particules vers la bouche.

Selon les tests
effectués avec des répliques imprimées en 3D, ce dernier mouvement
à lui seul peut multiplier par sept l’efficacité de capture des
proies.

Une technique ultra-spécialisée… et contagieuse

Les flamants roses,
souvent perçus comme maladroits, s’avèrent être des machines
alimentaires redoutablement efficaces, alliant coordination,
adaptation morphologique et stratégie comportementale.

Mieux encore,
d’autres espèces profitent de leur génie hydraulique. Des oiseaux
comme les phalaropes de Wilson doublent leur propre consommation de
nourriture en se nourrissant à proximité des flamants du Chili,
bénéficiant des turbulences créées par ces derniers.


flamants roses

Crédit :
iStock


Crédits : jokuephotography/istock

Des applications inspirées
par la nature

Ce comportement n’est
pas qu’une curiosité zoologique : il ouvre des pistes pour la
science appliquée. Ortega Jiménez pense que cette technique de
concentration de particules dans l’eau pourrait inspirer des
dispositifs de filtration, par exemple pour piéger les
microplastiques ou les polluants.

Et ce n’est qu’un
début. Le chercheur veut désormais étudier la langue puissante du
flamant, capable de fonctionner comme un piston, et les lamelles de
son bec, qui jouent un rôle semblable à celui des fanons des
baleines, pour filtrer la matière organique.

Et si d’autres animaux
faisaient la même chose ?

La découverte soulève
une question intrigante : les flamants sont-ils seuls à employer ce
genre de tactique ? Ortega Jiménez soupçonne que certaines
baleines, notamment les franches australes, pourraient utiliser des
mécanismes similaires pour capturer du plancton près du fond marin.
Une hypothèse qui, si elle se confirme, renforcerait encore l’idée
que la chasse par vortex est une stratégie répandue mais méconnue
dans le monde animal.

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