Depuis plusieurs années, les forces armées du monde
entier investissent massivement dans des technologies de pointe
afin d’optimiser les performances des soldats, tant physiques que
mentales. Alors que la guerre du futur se joue de plus en plus sur
le terrain technologique, plusieurs innovations marquent un
tournant dans l’amélioration des capacités humaines.
Exosquelettes et augmentation
physique
Les exosquelettes sont l’un des
équipements les plus médiatisés. Ces dispositifs robotiques, qui
s’enfilent comme une combinaison, permettent aux soldats de porter
des charges lourdes sans se fatiguer, d’améliorer leur endurance et
de minimiser le risque de blessures. La DARPA (Defense Advanced
Research Projects Agency) a mis au point plusieurs modèles pour
augmenter la mobilité et la force des soldats sur le terrain. Le
Human Universal Load Carrier (HULC), par exemple,
est un exosquelette développé pour permettre aux soldats de porter
des charges de plus de 90 kg sans effort supplémentaire.
Ces exosquelettes ont
également montré des avantages dans des environnements plus
extrêmes. En 2021, l’armée américaine en a testé dans des
conditions arctiques pour s’assurer que les soldats pouvaient mener
des opérations dans des températures glaciales sans compromettre
leurs capacités physiques. Les résultats ont révélé une réduction
des tensions sur les articulations et une meilleure gestion des
efforts prolongés.
La réalité augmentée au
service de l’entraînement
Un autre domaine qui
transforme profondément la formation des soldats est la réalité
augmentée (RA), une technologie qui permet de superposer des
éléments virtuels à la réalité pour créer des environnements
d’entraînement plus immersifs et interactifs. Avec des lunettes de
RA et des casques spécialisés, les soldats peuvent s’exercer dans
des simulations de combat réalistes, tout en interagissant avec des
objets ou des situations virtuelles, comme s’ils étaient dans un
véritable champ de bataille.
Ce type d’entraînement
permet aux militaires de tester leurs réactions et leurs décisions
dans des scénarios complexes et changeants, avec des éléments
stratégiques adaptés à la situation. Cela améliore non seulement
leur préparation mentale, mais permet aussi d’évaluer leur capacité
à gérer des situations stressantes ou imprévues.
L’armée américaine a
récemment lancé des tests sur un système de RA de pointe, le
Synthetic Training Environment
(STE), qui permet aux soldats de s’entraîner dans un
environnement virtuel totalement immersif, tout en utilisant des
données réelles et actualisées pour moduler les conditions de
combat. Ce système, qui prend en compte des variables comme le
terrain, la météo, et même l’état psychologique des soldats,
s’adapte continuellement pour offrir une expérience d’entraînement
ultra-réaliste.
L’un des avantages
majeurs de cette technologie est qu’elle permet de simuler des
situations de combat extrêmement spécifiques et dynamiques sans
nécessiter des ressources logistiques coûteuses. En outre, la RA
réduit les risques d’entraînement en conditions réelles, tout en
offrant une flexibilité inédite pour ajuster l’entraînement en
fonction des besoins des soldats.

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Amélioration cognitive et
neurotechnologie
Dans une guerre où
chaque seconde compte, l’optimisation des capacités cognitives des
soldats devient essentielle. C’est là que les avancées
technologiques viennent compléter l’arsenal militaire. La stimulation transcrânienne à courant
direct (tDCS) est l’une des technologies les plus prometteuses.
Il s’agit d’une méthode non invasive qui envoie de faibles courants
électriques à travers le cuir chevelu, pour stimuler des zones
spécifiques du cerveau.
Bien qu’elle soit déjà
utilisée dans des contextes médicaux pour traiter des troubles
neurologiques, cette technologie a attiré l’attention de l’armée
pour ses potentialités en matière de performance cognitive. Selon
une étude menée en 2020, la tDCS pourrait
temporairement améliorer des fonctions cruciales comme la mémoire
de travail et la vigilance, deux éléments clés pour les soldats en
mission, notamment en terrain hostile ou lors de longues périodes
de fatigue.
Ce programme
expérimental pourrait non seulement aider les soldats à rester
concentrés plus longtemps, mais aussi à traiter plus rapidement des
informations complexes dans des situations de stress extrême. La
capacité à améliorer la prise de décision en situation de pression
est, en effet, essentielle pour réduire les erreurs humaines lors
des missions.
Cela dit, bien que
prometteuse, la tDCS soulève aussi des préoccupations. La
stimulation électrique du cerveau pourrait avoir des effets
secondaires non maîtrisés à long terme, et son utilisation dans un
contexte militaire pourrait poser des problèmes éthiques, notamment
en ce qui concerne l’autonomie mentale des soldats.
Problématiques éthiques et
sécurité des technologies
Cependant, ces
innovations soulèvent des questions éthiques et de sécurité.
L’augmentation des capacités physiques et cognitives des soldats
pourrait entraîner une déshumanisation des combats. Qui plus est,
des dispositifs neuronaux pourraient être vulnérables aux
piratages, mettant en danger la sécurité des soldats si un acteur
malveillant parvient à manipuler leurs fonctions cérébrales.
Les préoccupations
éthiques sont également de plus en plus présentes. La question de
l’utilisation de technologies invasives pour manipuler le
comportement ou les émotions des soldats — par exemple, des
systèmes permettant de contrôler la douleur ou de stimuler
l’agressivité — soulève des débats sur le respect des droits et de
l’autonomie des individus, même dans le cadre militaire.