Il y a plusieurs millions
d’années, un magnétar est sorti de ses gonds, libérant autant
d’énergie qu’un milliard de soleils en une fraction de seconde. Il
y a deux ans, un instrument disponible à bord de l’ISS a pu capter
cet incroyable événement. Les astronomes pensent que ces explosions
de haute énergie sont causées par des « tremblements
d’étoiles ».
Étoiles à neutrons et magnétars
Une étoile à neutrons se forme
lorsque le cœur d’une étoile massive s’effondre en fin de vie sous
l’effet de la gravitation. Alors que l’étoile meurt dans une
supernova, elle ne laisse finalement qu’un petit objet composé
quasi uniquement de neutrons maintenus ensemble. Physiquement, une
étoile à neutrons représente environ 1,3 à 2,5 masses
solaires (environ 330 000 Terres) entassées dans une
sphère mesurant seulement vingt kilomètres de diamètre.
Les magnétars sont quant à eux des
étoiles à neutrons dont les champs magnétiques sont au moins mille
fois plus puissants que ceux des autres étoiles à neutrons.
Nous savons que ces objets, qui
peuvent être des milliers de fois plus brillants que notre Soleil,
peuvent « s’embraser » de façon spectaculaire.
Malheureusement pour les chercheurs, ces éruptions sont souvent
très soudaines et incroyablement brèves, et donc difficiles
à étudier. Cependant, difficile ne veut pas dire
impossible. Une équipe d’astrophysiciens a en effet enregistré l’un
de ces événements.

Vue d’artiste d’un magnétar. Crédits : ESO /
L.Calçada.
Une éruption cataclysmique
Le magnétar en question est situé
dans la galaxie du sculpteur, une galaxie spirale retrouvée à
environ treize millions d’années-lumière de la Terre. L’éruption a
été détectée le 15 avril 2020 par l’instrument Atmosphere-Space
Interactions Monitor (ASIM), disponible sur la Station spatiale
internationale.
D’après les analyses, cet objet
distant aurait libéré autant d’énergie que notre Soleil en
produit en 100 000 ans, et ce, en seulement 0,16 seconde,
avant de « s’éteindre » aussi soudainement.
« C’est comme si ce
magnétar avait décidé de révéler son existence « depuis sa
solitude cosmique » en criant dans le vide de l’espace avec la
force d’un milliard de soleils« , souligne Alberto J.
Castro-Tirado, de l’Institut d’astrophysique d’Andalousie du
Conseil espagnol.
Dans la revue Nature, les auteurs
soulignent avoir passé plus d’un an à analyser les données d’ASIM,
divisant l’événement en quatre phases en fonction de la production
d’énergie du magnétar et des variations de son champ
magnétique.
Cette étude est importante, car
seule une trentaine de magnétars ont été identifiés sur environ 3
000 étoiles à neutrons connues. En outre, il s’agit de l’éruption
la plus éloignée détectée à ce jour pour un tel objet. Les
astrophysiciens soupçonnent que ces événements pourraient être
causés par de prétendus « tremblements d’étoiles »
capables de perturber les couches externes très
« élastiques » des magnétars.