PIA AFRICA
Rechercher
Ajouter
Comment les ordinateurs quantiques pourraient percer les failles de sécurité, guérir le cancer et même réécrire la réalité

Comment les ordinateurs quantiques pourraient percer les failles de sécurité, guérir le cancer et même réécrire la réalité

  • dimanche 25 mai 2025
  • 4

Imagine une machine
capable de deviner en un instant ce que nos meilleurs supercalculateurs mettent des
siècles à estimer. Une machine qui ne pense pas plus vite, mais autrement – qui ne suit pas les règles du jeu,
mais les réécrit. Bienvenue dans l’ère des ordinateurs
quantiques.

Encore embryonnaire,
souvent mal compris, cet objet technologique à peine croyable
pourrait déverrouiller des problèmes considérés aujourd’hui comme
inabordables. Dans cet article, on explore trois promesses
vertigineuses qui entourent cette technologie : casser la
cybersécurité, guérir des maladies complexes, et redéfinir notre
rapport à la réalité.

Percer les failles
de sécurité : la fin du chiffrement classique ?

C’est probablement la
menace la plus concrète et la plus proche. Les ordinateurs
quantiques, une fois suffisamment puissants, pourraient faire
tomber les systèmes de cryptographie qui sécurisent l’essentiel de
nos vies numériques : banques, messageries, emails, transactions,
données médicales.

Pourquoi ? Parce que
l’un des piliers de la cybersécurité moderne, le chiffrement RSA,
repose sur un principe simple : il est très facile de multiplier
deux grands nombres, mais incroyablement difficile de les
factoriser ensuite. Aujourd’hui, même un supercalculateur mettrait
des millions d’années à casser une clé RSA de 2048 bits.

Mais un ordinateur
quantique, armé de l’algorithme de Shor, pourrait réaliser cette
opération en quelques heures, voire minutes, en exploitant la
superposition et l’intrication quantique pour explorer toutes les
solutions possibles en parallèle.

Autrement dit : la
boîte noire devient transparente.

Résultat ? Toute
information cryptée avec les standards actuels devient lisible. Des
archives chiffrées aujourd’hui – médicales, militaires,
diplomatiques – pourraient être déchiffrées demain. D’où la course
actuelle au chiffrement post-quantique : des algorithmes conçus
pour résister même à cette nouvelle puissance.

Et ce n’est pas de la
science-fiction. Des prototypes quantiques fonctionnels existent
déjà. IBM, Google, IonQ, PsiQuantum ou encore la start-up française
Alice&Bob construisent des machines qui, en quelques années,
pourraient atteindre cette « zone de danger ».

Guérir le cancer (et
d’autres maladies) : simuler la vie à l’échelle atomique

Aujourd’hui,
développer un nouveau médicament prend en moyenne 10 à 15 ans, et
coûte plusieurs milliards d’euros. Pourquoi ? Parce que modéliser
le comportement d’une molécule dans un corps humain est
extraordinairement complexe. Les interactions chimiques, les
repliements de protéines, les effets secondaires : tout cela dépend
des lois de la mécanique quantique.

Mais nos ordinateurs
classiques n’ont pas été conçus pour simuler la mécanique
quantique. Ils s’essoufflent très vite dès qu’on dépasse quelques
dizaines d’électrons à modéliser.

Un ordinateur
quantique, lui, joue dans ce langage natif. Il pourrait simuler
avec une précision inédite le comportement d’une molécule dans un
environnement biologique, tester des combinaisons de traitements,
explorer des millions de scénarios en quelques heures.

Concrètement, cela
signifie :

  • Découvrir plus vite
    de nouvelles molécules actives contre des maladies comme le cancer,
    Alzheimer ou les maladies rares.

  • Optimiser des
    traitements personnalisés en simulant leur impact sur un génome ou
    un microbiote spécifique.

  • Réduire drastiquement
    le temps et le coût des essais cliniques virtuels.

Des laboratoires
comme Roche, AstraZeneca ou Johnson & Johnson collaborent
déjà avec les pionniers du quantique pour préparer cette médecine
augmentée. Pas dans 30 ans : dans les cinq à dix prochaines années,
les premiers bénéfices concrets pourraient apparaître.

Réécrire la réalité
: manipuler l’invisible, concevoir des matériaux impossibles

Au-delà de la
cryptographie et de la santé, l’informatique quantique promet un
accès inédit à la matière elle-même. Elle ouvre la porte à un
domaine étrange, fascinant, encore très mal exploré : la simulation
de la réalité quantique.

Imaginez pouvoir
prédire exactement le comportement d’un nouveau matériau, atome par
atome. Concevoir un supraconducteur fonctionnant à température
ambiante, un catalyseur ultra-efficace pour capter le CO₂, ou un
polymère vivant capable de se réparer lui-même.

Tout cela reste inaccessible aujourd’hui, car nos modèles
numériques sont trop simplistes ou trop lents.

Mais avec des
ordinateurs quantiques :

  • On pourrait simuler
    des réactions chimiques ultra complexes, comme la photosynthèse,
    pour les reproduire artificiellement à grande échelle.

  • On pourrait modéliser
    des systèmes physiques entiers, des aimants exotiques aux trous
    noirs analogiques.

  • On pourrait concevoir
    des matériaux “impossibles”, n’existant nulle part dans la nature,
    mais conçus électron par électron pour des fonctions précises.

C’est une forme de
programmation de la réalité. On ne se contente plus de découvrir :
on invente, avec les lois fondamentales de la physique comme boîte
à outils.

Et maintenant ?

Les promesses sont
immenses. Mais les défis techniques sont colossaux : maintenir la
cohérence quantique, corriger les erreurs massives, atteindre
l’échelle industrielle, former une main-d’œuvre qualifiée, et
surtout éviter que cette puissance ne soit utilisée à mauvais
escient.

Mais l’histoire de la
technologie nous enseigne une chose : quand une nouvelle puissance
de calcul devient accessible, elle est toujours utilisée – d’une
façon ou d’une autre.

Alors oui,
l’ordinateur quantique pourrait casser les coffres-forts numériques
du monde entier.

Mais il pourrait aussi simuler la complexité du vivant, aider à
guérir des maladies incurables, concevoir les énergies du futur, et
nous offrir un microscope sur l’architecture même de l’univers.

Retrouver cet article sur Sciencepost
Indispensables pour certain(e), les somnifères ne sont pourtant pas sans risques comme le rappelle cette étude ! Article précédent
Indispensables pour certain(e), les somnifères ne sont pourtant pas sans risques comme le rappelle cette étude !
Ce tout premier « liquide auto-formant » a été créé par hasard par un étudiant ! Article suivant
Ce tout premier « liquide auto-formant » a été créé par hasard par un étudiant !

Commentaire - 0

Se connecter pour laisser un commentaire