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Cette nouvelle araignée australienne est encore plus grosse et plus dangereuse pour l’homme

Cette nouvelle araignée australienne est encore plus grosse et plus dangereuse pour l’homme

  • vendredi 30 mai 2025
  • 7

L’Australie est réputée pour sa faune dangereuse, en
particulier ses serpents
et ses araignées. Pendant des années,
l’araignée à toile-entonnoir de Sydney, l’espèce la plus redoutée
et célèbre du pays, a été crainte comme une menace unique.
Néanmoins, une équipe internationale de scientifiques a récemment
fait une découverte surprenante sur celle qui est officiellement
l’araignée la plus venimeuse au monde : il ne s’agit pas d’une
seule espèce, mais bien de trois. Parmi elles, une araignée se
distingue non seulement par sa taille impressionnante, mais aussi
par sa morsure venimeuse inégalée. Voici ce qu’il faut savoir sur
Atrax christenseni, surnommée Big Boy.

Une menace venimeuse que la science croyait bien connaître

Décrite pour la première fois par le pasteur et arachnologiste
anglais Octavius Pickard-Cambridge en 1877, l’araignée à
toile-entonnoir de Sydney est responsable de treize décès
recensés
. Bien qu’elle soit globalement considérée comme
l’araignée la plus venimeuse au monde, son venin est plus
puissant chez les mâles qui sont également plus agressifs

et ont tendance à errer au grand jour après la pluie. Ils ont aussi
tendance à s’accrocher et à mordre plusieurs fois lorsqu’ils font
face à une menace.

Pour fabriquer un antidote, les chercheurs du parc reptilien
australien prélèvent soigneusement leur venin. Cependant, leur
programme a reçu un spécimen découvert près de Newcastle, une ville
située à 150 kilomètres au nord de Sydney, début 2024. Or,
lorsqu’il a été mesuré, cet individu atteignait 7,9
centimètres d’envergure de l’extrémité d’une patte à
l’autre
. Baptisé Hercules, il est devenu le plus grand
spécimen jamais enregistré aux côtés de Colossus, le précédent
spécimen le plus grand collecté en 2018. Cela a alors soulevé des
questions parmi les scientifiques sur les raisons derrière les
grandes variations de taille et de toxicité
observées chez ces araignées.

Ainsi, près de 150 ans après l’étude initiale de l’espèce, il
était temps de mener une nouvelle enquête. Cette recherche a été
publiée le 13 janvier 2025 dans la revue BMC Ecology and Evolution
par des scientifiques de l’Institut Leibniz pour l’analyse du
changement de la biodiversité (LIB) en Allemagne, du Musée
australien (AM) de Sydney et de l’Université Flinders à Adélaïde
(Australie).


araignée Atrax robustus

Femelle Atrax robustus en position de défense (A) et vue dorsale
(B). Crédits : B. Jones, BMC Ecology and Evolution,
2024

Non pas une araignée, mais bien trois espèces

« Lorsque notre équipe internationale de chercheurs a
rouvert le dossier de l’araignée à toile-entonnoir de Sydney, nous
avons examiné en détail la morphologie fine et les séquences
génétiques dans toute la région
», résume la Dre Helen Smith,
biologiste spécialiste des araignées au Musée australien. L’équipe
a combiné des analyses anatomiques et génétiques, et comparé des
spécimens récemment collectés à d’autres datant du début des années
1900. Les résultats furent fascinants : longtemps considérée comme
une seule espèce (Atrax robustus), cette araignée était en
réalité divisée en trois espèces.

À l’araignée Atrax robustus classique présente dans le
bassin de Sydney et sur la côte centrale, mais avec une répartition
bien plus limitée autour de Sydney qu’on ne le pensait auparavant,
il faut donc à présent ajouter Atrax montanus,
redécouverte après avoir sombré dans l’oubli, qui habite les
Montagnes Bleues, au sud et à l’ouest de Sydney, mais également
Atrax christenseni, surnommée Big Boy, car il s’agit
non seulement de la plus grande, mais aussi de la plus
venimeuse des trois
.

Ces clades distincts correspondaient aux répartitions
géographiques et aux différences physiques observées. « Notre
recherche a révélé une diversité cachée parmi les araignées à
toile-entonnoir », a noté la Dre Stephanie Loria, coautrice de
l’étude et affiliée à l’Institut Leibniz pour l’analyse du
changement de la biodiversité (LIB). « Aucune de ces
découvertes n’aurait été possible sans l’utilisation de collections
historiques et une collaboration internationale
. »

Un Big Boy au venin puissant

Atrax christenseni doit son nom à Kane Christensen, le passionné
d’araignées de la côte centrale qui a attiré l’attention des
chercheurs sur les spécimens de Newcastle. « La taille
impressionnante des mâles, comparée à celle des mâles des autres
espèces d’Atrax, est tout simplement stupéfiante
», estime
Christensen. « Je suis profondément honoré et l’accepte avec
grand plaisir.
»

Bien que sa taille soit légèrement plus grande que celle des
autres araignées à toile-entonnoir, elle reste modeste comparée à
la plus grande araignée du monde, la mygale Goliath mangeuse d’oiseaux
(Theraphosa blondi)
qui peut atteindre 28
centimètres
. Son venin est néanmoins plus puissant que
celui de ses cousines de Sydney et du sud, ce qui fait de
cette araignée la plus venimeuse du monde
.

La recherche suggère par ailleurs que la lignée Atrax a commencé
à se diversifier il y a environ 30 millions
d’années
, durant l’Oligocène. Cette période coïncide avec
des changements climatiques et géographiques en Australie, qui
auraient probablement façonné les habitats où ces araignées se sont
développées. Les scientifiques estiment également que les espèces
ont divergé entre elles durant le Miocène tardif, entre 13
et 2 millions d’années
.


Big Boy araignée Atrax christenseni

Crédits : Kane Chrstensen

Des conséquences certaines pour fabriquer l’antivenin le plus
efficace possible pour contrer cette araignée

Le venin de l’araignée à toile-entonnoir contient des
neurotoxines puissantes, en particulier les
delta-atracotoxines qui perturbent les canaux
ioniques sodiques chez les primates. Il est souvent comparé à celui
d’autres créatures mortelles comme la méduse-boîte et le taïpan du
désert, bien que les mécanismes d’action et les symptômes
diffèrent.

La morsure initiale est alors extrêmement
douloureuse
et les symptômes apparaissent rapidement (en
moins d’une heure). La D-atracotoxine provoque des difficultés
respiratoires, des fluctuations extrêmes de la pression artérielle,
des spasmes musculaires, des vomissements et des nausées. D’autres
symptômes incluent des larmoiements incontrôlables, une sudation
excessive, une salivation et, dans les cas graves, la
mort
. Heureusement, depuis l’introduction du
premier antivenin contre cette araignée en 1981, plus aucun décès
n’a été recensé
.

Le programme de prélèvement de venin du parc reptilien
australien contribue à produire des doses de ce sérum vital. Pour
ce faire, il héberge plus de 2 000 araignées régulièrement «
traites » pour leur venin. La production d’un seul flacon
d’antivenin nécessite le venin d’environ 150 araignées, chaque sac
d’œufs pouvant contenir entre 50 et 150 jeunes araignées.
Cependant, pour maintenir ces chiffres, le programme dépend des
dons du public. Surtout, à la lumière de ces découvertes, les
chercheurs affirment qu’il faudra perfectionner l’antivenin
pour lui permettre de rester efficace contre les trois
espèces
. Les chercheurs émettent en effet l’hypothèse que
des différences dans la présence, la quantité ou la structure des
delta-atracotoxines pourraient exister entre les espèces. De
futures recherches plus approfondies devront donc sonder ces
différences.

Vous pouvez consulter l’étude ici.

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