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« Vraiment miraculeux » : un champignon courant s’avère prometteur contre cette redoutable maladie

« Vraiment miraculeux » : un champignon courant s’avère prometteur contre cette redoutable maladie

  • samedi 24 mai 2025
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Et si l’un des
remèdes aux maladies chroniques du foie se trouvait… dans nos
intestins ? C’est la piste étonnante explorée par des chercheurs
chinois, qui viennent de mettre en lumière les vertus
thérapeutiques d’un champignon intestinal courant, Fusarium foetens, contre la stéatose
hépatique métabolique avancée, aussi connue sous le nom de MASH. Ce
trouble grave du foie, qui touche plus d’un adulte sur quatre dans
le monde, pourrait un jour être mieux traité grâce à ce
micro-organisme longtemps négligé.

MASH : une maladie du foie
silencieuse mais redoutable

La stéatose hépatique
métabolique (MAFLD), anciennement appelée « stéatose hépatique non
alcoolique », est une maladie liée à une accumulation de graisses
dans le foie, souvent associée à l’obésité, au diabète de type 2 ou
à un mode de vie sédentaire. Elle peut évoluer en MASH
(stéatohépatite), une forme plus sévère, marquée par une
inflammation chronique et des lésions hépatiques pouvant mener à la
cirrhose ou au cancer du foie.

Malgré sa prévalence
mondiale alarmante, les options de traitement restent extrêmement
limitées. Un seul médicament est actuellement approuvé par la FDA
(Agence américaine des médicaments), et son efficacité est loin
d’être universelle. D’où l’urgence de trouver de nouvelles pistes
thérapeutiques.

Le microbiote intestinal, un
acteur-clé du foie

Depuis quelques
années, les scientifiques s’intéressent de plus en plus à l’impact
du microbiote intestinal sur la santé du foie. En effet, le foie
est directement exposé aux métabolites produits par les milliards
de micro-organismes vivant dans nos intestins, via la veine
porte.

Mais si les bactéries
intestinales ont été abondamment étudiées, les champignons (ou
mycobiote) sont restés dans l’ombre. En cause : leur culture est
difficile en laboratoire, et les échantillons sont facilement
contaminés par des spores présentes dans l’air. Résultat, les
champignons intestinaux sont parfois qualifiés de « matière noire »
du microbiote.


microbiome champignon stéatose hépatique microbiome

Crédit :
iStock


Une illustration du microbiome intestinal. Crédits :
iLexx/istock

Une technique inédite pour
cultiver les champignons de l’intestin

Dans une étude
publiée début mai dans la revue Science, une équipe menée par le professeur
Changtao Jiang, de l’université de Pékin, a franchi un cap. Grâce à
un système de culture innovant imitant les conditions de l’intestin
humain, les chercheurs ont pu isoler des champignons à partir de
selles humaines.

Le procédé utilise
des puces remplies de gelée nutritive, plongées dans des extraits
fécaux, permettant aux nutriments (mais pas aux microbes) de
traverser une membrane et de favoriser la croissance fongique dans
des compartiments séparés. Cette méthode a permis de contourner les
contaminations et d’identifier les champignons réellement présents
dans l’intestin.

Fusarium foetens, un candidat
inattendu mais prometteur

Parmi les nombreuses
espèces analysées, une souche s’est démarquée : Fusarium foetens, un champignon
largement répandu dans le monde et capable de survivre dans les
conditions particulières de l’intestin (température de 37°C, faible
taux d’oxygène). Ce microchampignon, jusque-là anodin, pourrait
bien se révéler thérapeutique.

Pour tester son
efficacité, les chercheurs ont administré F. foetens à des souris atteintes de MASH,
provoquée par un régime très riche en graisses. Résultat : si le
poids des souris restait similaire, leur foie était
significativement moins affecté. Les rongeurs traités présentaient
moins d’inflammation, moins de fibrose et des taux réduits de
céramides, des lipides associés à la progression de la maladie.

Une action ciblée sur les
graisses hépatiques

L’étude a révélé que
F. foetens agit en
diminuant l’activité de la céramide synthase, une enzyme clé dans
la fabrication des céramides. Moins de céramides, c’est moins de
stress métabolique pour les cellules du foie. Ces résultats ont été
confirmés par des tests sur des souris génétiquement modifiées pour
produire plus ou moins de céramides, consolidant le mécanisme
d’action du champignon.

« Les effets
uniques de F. foetens sont véritablement miraculeux
», a
déclaré le professeur Jiang. Un enthousiasme partagé par d’autres
experts, comme Kim Lewis, chercheur en microbiome à l’Université
Northeastern, qui n’a pas participé à l’étude : « Cette
découverte inattendue ouvre une nouvelle voie pour exploiter les
microbes que nous connaissons à peine afin de traiter les maladies
humaines.
»

Une promesse pour demain

L’étude n’en est
encore qu’à ses débuts. Les résultats ont été obtenus chez des
souris, et il faudra confirmer l’efficacité du champignon chez
l’humain lors d’essais cliniques. Les chercheurs comptent également
identifier d’autres champignons intestinaux bénéfiques et explorer
les voies moléculaires impliquées dans ces effets.

Mais cette découverte
souligne un changement de paradigme : la clé de nombreuses maladies
chroniques pourrait se cacher dans les coins les plus inexplorés de
notre microbiote. Et parfois, une solution simple – un champignon
microscopique – pourrait faire une grande différence.

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