Reconnu en 2015 en tant que minéral distinctif, le kyawthuite est également tout simplement le plus rare sur Terre. En effet, il existe à ce jour seulement un seul spécimen, exposé dans un musée aux États-Unis.
Une pierre qui n’a pas de prix
Présenté sous la formule Bi3Sb5O4, le kyawthuite est un minéral de couleur orange rougeâtre qui appartient au groupe des oxydes. Sa composition chimique suggère une formation au sein d’une pegmatite, une roche magmatique à grands cristaux. Par ailleurs, sa structure en feuilles en damier d’octaèdres (Sb5O6) parallèles aux atomes Bi3+ est particulière.
Ce minéral rare est généralement connu sous forme synthétique. Cependant, le minéralogiste Kyaw Thu a découvert un spécimen naturel unique de kyawthuite finalement reconnu en tant que minéral distinctif par l’Association internationale de minéralogie en 2015. Ce spécimen est aujourd’hui exposé au musée d’histoire naturelle de Los Angeles (États-Unis) et a fait l’objet d’une étude américaine publiée dans le Mineralogical Magazine en 2017.
En 2010, dans un marché de Chaung Gyi (Myanmar), Kyaw Thu tombe sur une pierre étrange qu’il suppose être un échantillon de scheelite, un minéral de tungstate de calcium. Son intérêt pour cette pierre grandit, si bien qu’il y effectue un travail de taille et de polissage. La pierre finale pèse 1,61 carat (soit un tiers de gramme) et même aujourd’hui, elle n’a pas de prix.
Après ce travail, Kyaw Thu découvre certaines propriétés inhabituelles qui le poussent à continuer son enquête. La pierre présente en effet une teinte orangée saturée avec quelques nuances rougeâtres et une étonnante rayure blanche. Il apporte ensuite le minéral à l’Institut de Gemmologie d’Amérique à Bangkok (Thaïlande) pour une expertise. Les gemmologues confirment alors le caractère exceptionnel de la pierre, à savoir une structure de bismuth antimonate (Bi3Sb5O4).
Un minéral avec un processus de formation unique ?
Selon les analyses, la pierre a une origine magmatique liée aux pegmatites. Ce type de roche se forme par le refroidissement lent d’un magma riche en éléments volatils comme l’eau et le fluor à l’intérieur de la croute terrestre. Le kyawthuite se serait donc formé selon un processus unique parmi d’autres cristaux plus communs. Ses veines tubulaires dites en échelon (voir ci-après) sont la preuve des contraintes mécaniques intenses subies lors de la cristallisation. De plus, sa signature est également très particulière, caractéristique des formations pegmatitiques avec la présence de niobium, de titane, de tungstène et d’uranium.
Enfin, reste à savoir pourquoi il n’existe qu’un seul spécimen de kyawthuite alors que les pegmatitiques sont finalement assez communes dans la région dans laquelle il a été découvert. Pour les experts, il est possible que des conditions environnementales particulières et différents facteurs se soient réunis au même moment, induisant un phénomène qui se serait produit une seule et unique fois dans l’histoire géologique connue des humains.
