Souvent synonymes de moments de détente et de plaisir en famille, les pataugeoires pour enfants cachent pourtant un danger insoupçonné : celui des maladies d’origine hydrique. Ces aires de jeux aquatiques censées offrir un environnement sécurisé pour les enfants sont parfois des foyers de propagation de pathogènes. Une étude approfondie menée par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis a révélé que ces espaces souvent considérés comme inoffensifs dans les piscines publiques sont en effet responsables de nombreuses épidémies gastro-intestinales.
Les chiffres américains : une étude inquiétante
Entre 1997 et 2022, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont répertorié au moins 60 épidémies liées aux pataugeoires aux États-Unis qui ont affecté plus de 10 000 personnes. Ces épidémies ont eu des conséquences graves en entraînant non seulement des infections, mais aussi 152 hospitalisations et 99 visites aux urgences.
Ces chiffres concernent principalement des enfants. Toutefois, l’impact de ces épidémies va bien au-delà de la simple gêne. Certaines de ces infections ont provoqué des maladies sérieuses et des complications, notamment chez les plus vulnérables. En effet, de nombreux agents pathogènes responsables de ces épidémies, tels que le Cryptosporidium, la Giardia, le norovirus ou encore la Salmonella, sont d’origine fécale et peuvent entraîner des symptômes allant des diarrhées sévères aux vomissements, voire des déshydratations dangereuses.
Bien que cette analyse soit spécifique aux États-Unis, elle met en lumière un phénomène qui pourrait également concerner d’autres pays. En effet, même si l’on manque encore de données mondiales précises, des situations similaires sont probablement observées ailleurs, car les pratiques d’hygiène dans les aires de jeux aquatiques ainsi que les infrastructures de désinfection varient considérablement d’un pays à l’autre. Ce problème de santé publique encore sous-estimé à l’échelle mondiale devrait donc inciter à une réflexion plus large sur la sécurité et l’hygiène dans les espaces aquatiques destinés aux enfants à travers le monde.
Les raisons derrière la propagation des germes
La principale cause des épidémies dans les pataugeoires est liée au comportement des enfants, qui ont souvent du mal à respecter les règles d’hygiène en raison de leur jeune âge. Par exemple, certains enfants peuvent vomir ou déféquer directement dans l’eau tandis que d’autres, qui ne maîtrisent pas encore la propreté, peuvent libérer involontairement des matières fécales dans l’eau à travers leurs couches. Ce phénomène, appelé super-propagation, est amplifié dans des pataugeoires où l’eau recircule et où les systèmes de filtration ne sont pas toujours efficaces.

Un défi pour les réglementations sanitaires : pourquoi les pataugeoires sont-elles plus vulnérables ?
L’un des problèmes majeurs est que certaines pataugeoires échappent aux réglementations sanitaires strictes. Contrairement aux piscines qui sont souvent soumises à des normes de chloration et d’hygiène strictes, en raison de leur conception et de leur manque d’eau stagnante, les pataugeoires sont parfois exemptées de certaines de ces règles. Cela peut rendre leur gestion plus complexe et moins contrôlée. Aux États-Unis, par exemple, avant l’an 2000, seuls treize États régulaient les pataugeoires. Si la situation s’est améliorée depuis, les failles dans la réglementation restent présentes dans de nombreux endroits du monde.
Notez cependant qu’en France, les pataugeoires, tout comme les piscines publiques, sont soumises à une réglementation stricte qui vise à garantir la sécurité et la qualité de l’eau. En effet, les normes qui s’appliquent aux pataugeoires font partie de la réglementation plus large concernant les établissements recevant du public (ERP), notamment les piscines publiques.
Le rôle crucial du chlore et ses limites
Pour désinfecter l’eau des pataugeoires, le chlore est couramment utilisé. Cependant, dans ces espaces aquatiques, la concentration de chlore peut rapidement être insuffisante pour tuer certains agents pathogènes. Le parasite Cryptosporidium est par exemple particulièrement résistant au chlore et peut survivre dans l’eau pendant plusieurs jours, même avec une concentration de chlore standard. En réponse à ce problème, des solutions alternatives, telles que des systèmes de désinfection à l’ozone ou par rayons ultraviolets, commencent à être proposées dans les recommandations des CDC, mais ces technologies ne sont pas encore adoptées à grande échelle, en particulier en dehors des États-Unis.
Prévenir les épidémies : que peut-on faire ?
Les experts recommandent plusieurs mesures pour éviter la propagation de maladies dans les pataugeoires. Tout d’abord, les enfants doivent être encouragés à ne pas boire l’eau ni à se tenir trop près des jets d’eau afin de limiter les risques de contamination. Ensuite, une meilleure réglementation et des normes sanitaires plus strictes doivent être instaurées, tant pour les nouvelles installations que pour les infrastructures existantes. Enfin, les autorités sanitaires doivent veiller à ce que les systèmes de désinfection soient renforcés, et des solutions innovantes, comme les pataugeoires à passage unique, pourraient être mises en place pour éviter la recirculation de l’eau contaminée.