(Agence Ecofin) - D’après l’ONU, une femme ou une fille meurt toutes les 11 minutes dans son foyer à cause d’un partenaire intime ou d’un membre de sa famille. Cette semaine, des activistes d’Afrique de l’ouest et centrale se sont réunis à Abidjan pour renforcer la lutte contre ce fléau dans la région.
L’Organisation des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes) appelle au lancement d’un Fonds régional pour mettre fin aux violences basées sur le genre (VBGs) en Afrique de l’ouest et centrale. L’annonce a été faite à l’occasion de la clôture du Forum sur le Renforcement du Mouvement des Femmes pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles en Afrique de l’Ouest et centrale, qui a eu lieu du 7 au 8 décembre 2022 à Abidjan.
Cette décision est contenue dans la déclaration d’Abidjan adoptée à l’issue du Forum, qui comporte une liste d’actions coordonnées entre la société civile, les acteurs étatiques institutionnels et non-institutionnels. Le Fonds devra être alimenté par les États, les bailleurs et les communautés elles-mêmes. Pour accompagner cette mesure, la déclaration d’Abidjan préconise l’intensification du plaidoyer auprès des pays, des institutions régionales et sous-régionales en vue du renforcement du cadre institutionnel et légal en lien avec les engagements internationaux et régionaux, y compris leur mise en œuvre effectives.
Elle propose également l’institutionnalisation de la collecte et l’analyse des données sur les VBGs dans tous les pays, ainsi que la mise en place de cadres multi-acteurs et interministériels de suivi et d’évaluation des initiatives de lutte contre les VBGs. À cela devra s’ajouter un engagement plus accru des jeunes, notamment des jeunes filles à travers les médias sociaux, les outils de communication innovants, y compris les approches intergénérationnelles.
Le Forum organisé à Abidjan s’inscrit dans le cadre des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, du 25 novembre au 10 décembre 2022. Réunissant des leaders et activistes de plusieurs pays, il a permis de faire un diagnostic des VBGs dans le contexte sous-régional et d’évaluer les actions prises par les gouvernements et la société civile, les défis posés par le manque de financement ou le rétrécissement de l’espace de la société civile et des droits des femmes.
« Il existe trop peu d’informations sur les mouvements des femmes et activistes autour des VBGs, d’où la pertinence de ce forum pour documenter, recueillir des données sur ces mouvements. Il y a une recrudescence mondiale des cas de VBGs surtout en Afrique, la COVID-19 a aussi causé des effets dévastateurs comme la féminisation de la pauvreté. Nous devons tous travailler ensemble pour que les femmes et les hommes de notre région puissent vivre dans un environnement exempt de violences » a souligné Mme. Sandra Oulate Fattoh, la Directrice du Centre de Développement pour le Genre de la CEDEAO lors de son intervention.
D’après l’ONU, 736 millions de femmes dans le monde - soit près d’une sur trois - ont subi au moins une fois des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime, et/ou d’une autre personne. 30% d’entre elles sont âgées de plus de 15 ans. Une situation envenimée par la Covid-19 qui a entraîné une vague de confinement dans le monde et augmenté les facteurs de risque de violences faites aux femmes.
De plus, 81 000 femmes et filles ont été tuées en 2020, dont environ 47 000 (58%) par un partenaire intime ou un membre de la famille, ce qui équivaut à une femme ou une fille tuée toutes les 11 minutes dans son foyer.
Moutiou Adjibi Nourou