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« Une simple empreinte, une révolution » : la découverte australienne qui réécrit l’origine des reptiles (et des mammifères)

« Une simple empreinte, une révolution » : la découverte australienne qui réécrit l’origine des reptiles (et des mammifères)

  • dimanche 25 mai 2025
  • 5

Et si
l’histoire de notre propre lignée avait commencé bien plus tôt
qu’on ne le pensait ? Une équipe de paléontologues vient de mettre
au jour des empreintes fossiles dans le sud-est de l’Australie qui
pourraient bouleverser la chronologie établie de l’évolution des
vertébrés terrestres. Ces traces suggèrent en effet que les
amniotes — le groupe d’animaux comprenant les reptiles, les
oiseaux, et les mammifères — seraient apparus 30
à 40 millions d’années plus tôt qu’on ne le pensait jusqu’à
présent.

Si cette
interprétation se confirme, cette découverte pourrait changer en
profondeur notre compréhension des origines de la vie sur la terre
ferme.

Une étape clé dans
l’évolution : l’œuf amniotique

Pour bien comprendre
l’enjeu, il faut revenir à ce qui distingue les amniotes des autres
vertébrés. Les premiers animaux à avoir quitté les océans, les
ancêtres des amphibiens modernes, étaient encore dépendants de
l’eau pour leur reproduction. Leurs œufs, dépourvus de protection,
devaient être pondus dans des milieux humides. C’est l’apparition
de l’œuf amniotique, protégé par une membrane appelée amnios, qui a
permis une véritable indépendance vis-à-vis des milieux
aquatiques.

Cette innovation a
marqué une rupture évolutive majeure. Les vertébrés ont alors pu
coloniser des environnements éloignés de l’eau, ouvrant la voie à
une diversification exceptionnelle. C’est cette transition que l’on
croyait jusque-là survenue au Carbonifère supérieur, il y a environ
320 millions d’années. Mais les nouvelles traces découvertes en
Australie remettent en question cette datation.

Des empreintes
vieilles de 355 millions d’années

Tout commence près de
Mansfield, dans l’État de Victoria. Alertés par des habitants
intrigués par des marques inhabituelles sur des affleurements
rocheux, le professeur John Long et son équipe de l’Université
Flinders se rendent sur place. Ce qu’ils découvrent dépasse toutes
leurs attentes : une série d’empreintes fossiles incroyablement
bien conservées, datant de 355 millions d’années, soit du tout
début du Carbonifère.

La qualité de la
préservation est telle que l’on distingue même des marques de
griffes précises, ainsi que des traces laissées par des gouttes de
pluie. Pour les paléontologues, il ne fait guère de doute : un
animal à griffes a parcouru cette surface autrefois boueuse. Et
cette caractéristique anatomique est cruciale, car
aucun amphibien connu ne
possède de griffes
. Ces traces ne peuvent donc pas être
attribuées à un animal amphibien, mais à un amniote.

Un bouleversement de
la chronologie évolutive

Cette observation
remet en cause la chronologie traditionnelle. Si un animal doté de
griffes, donc probablement amniote, a laissé ces empreintes il y a
355 millions d’années, cela implique que ce groupe avait déjà
émergé à cette époque. Or, une telle évolution ne peut pas survenir
brusquement. Il faudrait donc envisager que les premiers amniotes
aient évolué durant le Dévonien, une période antérieure, comprise
entre 419 et 359 millions d’années.

En repoussant
l’origine des amniotes de plusieurs dizaines de millions d’années,
cette découverte change notre vision de l’histoire évolutive des
vertébrés. Elle laisse également entrevoir une origine potentielle
dans l’hémisphère sud, sur le supercontinent Gondwana, dont faisait
alors partie l’Australie.


reptiles

Les traces sont colorées pour rendre leurs formes claires, y
compris les marques de griffes.

Crédit image : Grzegorz Niedzwiedzki

Une confirmation
venue de Pologne

Comme un écho
inattendu, une autre trace d’amniote a été découverte récemment en
Pologne. Bien qu’un peu plus récente que celle de Mansfield, elle
établit elle aussi un record d’ancienneté si l’on fait abstraction
de la piste australienne. Elle renforce surtout l’idée que les
amniotes avaient commencé à se disperser largement à cette époque,
trouvant peu de compétition loin des zones aquatiques.

Quand l’empreinte
supplante le squelette

Certains
paléontologues considèrent les empreintes fossiles comme des
preuves secondaires, comparées aux ossements ou aux dents. Mais
cette étude démontre que les empreintes peuvent fournir des
informations précieuses, en particulier sur le comportement et la
locomotion des animaux.

Comme le souligne le
paléontologue Aaron Camens, co-auteur de l’étude : « Un
squelette peut nous dire ce qu’un animal pouvait faire. Une
empreinte nous montre ce qu’il a réellement fait.
»

Dans ce cas précis,
une simple dalle de roche, que l’on pourrait soulever à la main,
vient défier des décennies de certitudes scientifiques sur les
origines de notre propre lignée évolutive.

Une nouvelle
histoire à écrire

Il faudra bien sûr
d’autres éléments, notamment des squelettes fossiles, pour
confirmer définitivement cette hypothèse. Mais cette découverte
montre à quel point notre connaissance de l’évolution reste en
construction, et combien il reste à apprendre des archives
silencieuses de la Terre.

Grâce à ces
empreintes australiennes, notre compréhension de l’histoire des
vertébrés — et donc, indirectement, de l’histoire humaine — vient
peut-être de faire un bond en arrière de plusieurs dizaines de
millions d’années.

Le détails de l’étude sont
publiés dans la revue Nature.

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