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Une puce quantique révolutionnaire utilise un nouvel état de la matière

Une puce quantique révolutionnaire utilise un nouvel état de la matière

  • vendredi 21 février 2025
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L’informatique quantique, un domaine encore émergent, mais extrêmement prometteur, vient de franchir un tournant majeur. Des chercheurs de Microsoft ont dévoilé une nouvelle puce quantique qui exploite un tout nouveau type de matériau capable de manipuler un état inédit de la matière : le topoconducteur. Cette avancée permettrait dans un avenir proche de créer des qubits plus stables, plus petits, et plus efficaces que ceux utilisés dans les ordinateurs quantiques actuels. 


Qu’est-ce qu’une puce quantique et pourquoi est-ce si important ?

Dans le monde des ordinateurs classiques, l’unité de base d’information est le bit, qui peut prendre deux valeurs : 0 ou 1. En revanche, l’informatique quantique repose sur les qubits qui ont la capacité de représenter simultanément 0 et 1 grâce à un phénomène appelé superposition. Cette propriété permet aux ordinateurs quantiques de traiter une quantité d’informations exponentiellement plus grande que les ordinateurs traditionnels. Cependant, les qubits actuels sont instables et difficiles à maintenir, limitant ainsi les performances des ordinateurs quantiques.

La puce quantique présentée par Microsoft, appelée Majorana 1, repose sur un type de qubit particulièrement innovant basé sur des matériaux topologiques. Appelés qubits topologiques, ils sont beaucoup plus stables et fiables que leurs prédécesseurs. Ils exploitent un état topologique de la matière, une phase particulière où les particules et les propriétés de l’électron se comportent différemment que les matériaux classiques. C’est cette stabilité accrue qui pourrait permettre de surmonter les limites actuelles de l’informatique quantique.

Les fermions de Majorana : une découverte clé pour la stabilité des qubits

L’une des découvertes les plus fascinantes de ce projet est l’utilisation des fermions de Majorana, des particules théorisées par le mathématicien Ettore Majorana en 1937. Selon cette théorie, les fermions de Majorana sont des particules qui sont également leur propre antiparticule. Cette caractéristique particulière leur permettrait de « stocker » des informations quantiques d’une manière extrêmement stable, car elles seraient moins sujettes aux interférences extérieures.


Toutefois, la difficulté résidait dans le fait que ces particules n’existent pas naturellement dans la nature. Les chercheurs de Microsoft ont donc dû réaliser une série d’innovations pour les créer et les exploiter dans leurs qubits. Grâce à une architecture de matériaux spécifiques et des conditions très particulières, ils ont réussi à observer et manipuler ces fermions de Majorana pour la première fois. Ce fut une étape déterminante pour la construction de la puce quantique Majorana 1.

La puce Majorana 1 : une innovation radicale

La puce Majorana 1 représente le tout premier prototype d’un ordinateur quantique utilisant des qubits topologiques. Composée de huit qubits, cette puce est le fruit de plus de 17 ans de recherche. Ce qu’il faut comprendre, c’est que ces nouveaux qubits, plus petits et beaucoup plus stables que les modèles traditionnels, permettent de construire des ordinateurs quantiques plus puissants, mais aussi beaucoup plus compacts et économes en énergie.

La puce repose sur un matériau topoconducteur, un mélange de semi-conducteurs et de supraconducteurs, qui permet de créer l’environnement nécessaire à l’apparition des fermions de Majorana. Ce matériau, qui est une combinaison de l’arséniure d’indium et de supraconducteur en aluminium, est la clé de la transition vers l’état topologique de la matière, où les qubits topologiques peuvent fonctionner de manière stable. Ce procédé a nécessité des températures extrêmement froides proches du zéro absolu et une exposition à des champs magnétiques très spécifiques pour créer les conditions idéales.


Pour construire un qubit à partir de ce matériau, les chercheurs ont utilisé un réseau de nanofils disposés en forme de « H ». En induisant la présence de fermions de Majorana aux quatre points du « H », ils ont pu créer un qubit fonctionnel. Ce processus n’est pas seulement une prouesse scientifique : il ouvre également la voie à une nouvelle génération de puces quantiques.

Majorana 1 quantique Microsoft
Le nouveau processeur quantique Majorana 1 dispose de huit qubits topologiques, chacun composé de fils supraconducteurs et conducteurs topologiques installés à côté de MZM et d’un point quantique semi-conducteur. Crédits : John Brecher pour Microsoft

Pourquoi cette découverte est-elle si importante ?

L’un des principaux défis en informatique quantique réside dans la décohérence des qubits : ils perdent rapidement leur état quantique en raison de perturbations extérieures, ce qui les rend difficilement exploitables. Les qubits topologiques, grâce à l’exploitation de l’état topologique de la matière, sont beaucoup plus résistants à ces perturbations. Cela les rend plus fiables et moins sensibles aux erreurs, un atout essentiel pour l’avenir de l’informatique quantique.

De plus, la réduction de la taille des qubits permettrait une densité beaucoup plus élevée dans un même espace. Alors que les qubits supraconducteurs mesurent souvent plusieurs microns, les qubits topologiques peuvent être réalisés à une échelle beaucoup plus petite, ce qui permettrait de créer des puces quantiques plus puissantes.

Une nouvelle ère pour l’informatique quantique

Le véritable impact de cette innovation est la possibilité de créer des ordinateurs quantiques à grande échelle. Si les chercheurs réussissent à étendre cette technologie à des millions de qubits, cela pourrait conduire à des ordinateurs quantiques capables de résoudre des problèmes complexes dans des domaines aussi variés que la médecine, la science des matériaux et l’intelligence artificielle. Ces ordinateurs seraient capables de simuler des phénomènes naturels, d’explorer de nouvelles molécules pour des médicaments et des matériaux, ou encore d’optimiser des processus industriels de manière beaucoup plus efficace que les superordinateurs actuels.

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