Selon une étude américaine récente, le microbiote intestinal aurait un lien étroit avec le développement du cerveau humain au fil du temps. Autrement dit, les microbes présents dans nos intestins seraient en quelque sorte le carburant de l’intelligence humaine.
Comprendre les différences entre les espèces
Rappelons tout d’abord que le microbiote intestinal rassemble tous les micro-organismes (bactéries, virus, champignons et parasites non pathogènes), principalement localisés dans l’intestin grêle et le côlon. Il revient souvent dans la presse scientifique. En 2022, une étude démontrait par exemple que l’excès de sucre dans l’alimentation favorisait le déséquilibre du microbiote intestinal. Il y a quelques mois, d’autres recherches établissaient un lien entre les perturbations du microbiote intestinal et l’agressivité.
Publiée dans la revue Microbial Genomics le 2 décembre 2024, une étude pilotée par le département d’anthropologie de l’Université Northwestern (États-Unis) a quant à elle établi un lien fort entre le microbiote intestinal et le développement du cerveau au cours de l’évolution.
Les chercheurs ont indiqué avoir étudié les variations métaboliques entre différentes espèces de primates et humaines, c’est-à-dire les variations de la rapidité avec laquelle le corps transforme les aliments. L’objectif ? Comprendre ce qui distingue les espèces au cerveau développé des autres. Évoquons cependant le fait qu’auparavant, la notion de métabolisme avait été négligée au profit d’autres facteurs jugés plus pertinents, notamment environnementaux et génétiques.
Répondre à des besoins énergétiques plus importants
Les auteurs de l’étude ont expérimenté une approche qui vise à décrypter l’influence du microbiote intestinal sur le développement cérébral. Dans les faits, il est question d’un protocole de transplantation microbienne qui a pour mission de révéler les interactions entre les bactéries intestinales et le métabolisme de leur hôte, ici l’être humain (Homo sapiens), le singe écureuil (Saimiri boliviensis), doté d’un cerveau volumineux, et le macaque (Macaca mulatta), équipé d’un cerveau de taille plus réduite.
Selon les résultats, le microbiote intestinal génère des composés capables de modifier en profondeur le métabolisme de l’organisme. Autrement dit, le microbiote serait un régulateur métabolique qui dirige l’énergie soit vers le développement cérébral, soir vers le tissu adipeux, la plus importante réserve d’énergie du corps. De plus, chaque espèce intégrerait une flore intestinale unique, une spécificité microbienne qui répondrait à des besoins énergétiques plus importants chez les espèces au cerveau plus imposant.
Ces travaux représentent une avancée certaine en ce qui concerne la compréhension du microbiote intestinal, bien qu’il semble rester encore beaucoup à découvrir. Cependant, son influence dans l’intelligence humaine semble déjà venir s’ajouter aux facteurs déjà existants tels la génétique, l’environnement socio-économique et l’éducation.
