Une découverte récente à l’occasion d’une étude américaine pourrait ouvrir la voie à l’élaboration de vaccins sans aiguille. Selon les chercheurs, la peau disposerait en effet de son propre système immunitaire et produirait ainsi ses propres anticorps.
Une production active d’anticorps
Assez fréquente chez les enfants et chez les adultes de tous âges, la peur des aiguilles (ou trypanophobie) représente parfois un frein à la vaccination. Une découverte récente pourrait toutefois soulager ces personnes, comme en témoigne une publication dans la revue Nature le 11 décembre 2024. Selon l’équipe de chercheurs de l’Université de Stanford (États-Unis) à l’origine de ces travaux, la peau peut produire ses propres anticorps pour combattre les infections et cela pourrait mener à la mise au point de vaccins sans aiguilles.
Les scientifiques ont en effet évoqué la présence d’un système immunitaire semi-autonome du reste du corps au niveau de la peau. Elle produirait ainsi de manière active des anticorps, ces protéines en Y qui font leur apparition après une exposition à un agent pathogène.
« Nous savions déjà que les microbes cutanés pouvaient déclencher [une partie] du système immunitaire […] Notre découverte que les microbes cutanés provoquent également une réponse anticorps va nous permettre de développer des vaccins topiques contre des maladies telles que le tétanos », ont déclaré le Pr Michael Fischbach et le Dr Djenet Bousbaine dans un article du magazine BBC Science Focus le 6 janvier 2025.
Des tests sur des primates en 2028
Les auteurs de l’étude ont évoqué la possibilité de développer des vaccins cutanés. Il ne serait donc plus question d’injections sous la surface de la peau. Aujourd’hui, des équipes travaillent déjà sur des solutions, mais il s’agit de dispositifs qui reposent sur des microaiguilles sous forme de timbres dermiques. L’approche des chercheurs de Stanford est néanmoins différente. Elle exploite en effet la relation intime qui existe entre nos microbes cutanés et notre système immunitaire, dont l’établissement s’est fait au cours de millions d’années de coévolution.

Ainsi, l’avenir de la vaccination pourrait intégrer des vaccins cutanés sous forme de patch. Il serait également possible de développer des crèmes vaccinales qui seraient bien moins onéreuses à mettre en place puisqu’elles ne nécessiteraient pas l’intervention d’un professionnel de santé.
Enfin, il est essentiel de rappeler que ces travaux n’en sont pour l’instant qu’à leurs balbutiements. En effet, les observations des chercheurs concernent seulement des souris de laboratoire. Toutefois, ils travaillent actuellement sur un vaccin pour les primates qui devrait faire l’objet d’essais cliniques en 2028. En cas de succès, des tests sur les humains pourraient ensuite voir le jour.