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Découverte des plus anciennes lames de pierre de la péninsule arabique

Découverte des plus anciennes lames de pierre de la péninsule arabique

  • vendredi 21 février 2025
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Une équipe internationale d’archéologues vient de révéler une découverte majeure qui pourrait réécrire une partie de l’histoire humaine : les plus anciennes preuves de production de lames de pierre dans la péninsule arabique. Déterrées à Jebel Faya, près d’Al Madam aux Émirats arabes unis, ces lames vieilles de 80 000 ans suggèrent que cette région a joué un rôle crucial dans les migrations des premiers Homo sapiens hors d’Afrique. Cette découverte remet en question les théories existantes sur les itinéraires migratoires et ouvre de nouvelles perspectives sur l’histoire de l’humanité.


Jebel Faya : un site archéologique aux strates historiques multiples

Situé près de la ville d’Al Madam aux Émirats arabes unis, le site de Jebel Faya est depuis longtemps au cœur des recherches archéologiques en péninsule arabique. Occupé de manière intermittente depuis plus de 200 000 ans, il a révélé des vestiges appartenant à différentes périodes qui vont du paléolithique au néolithique jusqu’à l’âge du bronze. Cette continuité d’occupation témoigne de l’adaptabilité humaine face aux variations climatiques de la région qui a alterné entre des phases arides et des périodes plus humides favorables à la vie.

Au fil des fouilles, les archéologues ont mis au jour divers outils en pierre et des assemblages qui témoignent d’une évolution technologique progressive. Cependant, les découvertes restaient limitées à des objets relativement simples jusqu’à la récente mise au jour d’un ensemble de lames de pierre remarquablement élaborées. Cette trouvaille a révélé un niveau de sophistication technique inédit pour cette période, ce qui indique un tournant dans l’histoire humaine de la région.

Les premières lames de pierre systématiques en Arabie

Ce qui distingue cette découverte des fouilles antérieures, c’est la nature des artefacts exhumés : des lames de pierre vieilles de 80 000 ans, façonnées avec une précision remarquable. Contrairement aux outils plus primitifs trouvés précédemment à Jebel Faya, ces lames présentent des bords parallèles et une longueur conséquente, caractéristiques d’une production méthodique et planifiée.


Les chercheurs estiment que cette technique sophistiquée ne pouvait être maîtrisée que par Sapiens, ce qui fait de cet assemblage la première preuve de production systématique de lames de pierre dans toute la péninsule arabique. Leur conception révèle une chaîne opératoire complexe qui va de la sélection minutieuse du matériau lithique jusqu’à l’obtention de lames adaptées à la chasse ou au dépeçage.

Cette découverte témoigne non seulement d’un savoir-faire avancé, mais aussi d’une culture humaine capable de planifier et d’organiser une production d’outils sur le long terme. Cela suggère une adaptation ingénieuse aux ressources locales ainsi qu’un degré de complexité cognitive bien supérieur à celui des occupants précédents de la région.

lames péninsule arabique
Carte montrant la localisation du site FAY-NE1, Jebel Faya et d’autres sites du Paléolithique moyen. Crédits : Sciences archéologiques et anthropologiques (2025)

Révision des théories migratoires

Cette découverte apporte un éclairage nouveau sur les routes migratoires des premiers Homo sapiens. Jusqu’à présent, les archéologues pensaient que les populations humaines avaient principalement quitté l’Afrique en passant par le Levant. Toutefois, les lames de Jebel Faya suggèrent qu’une autre route qui passe par l’Arabie du Sud aurait également été empruntée.


Cette hypothèse change notre compréhension des migrations humaines en Asie et au-delà. Au lieu de simplement traverser la péninsule arabique, les Homo sapiens pourraient y avoir établi des colonies durables en exploitant un climat alors favorable. En effet, il y a environ 80 000 ans, cette région bénéficiait d’un environnement plus humide qui offrait des sources d’eau et une faune abondante.

Cette période favorable aurait ensuite pris fin et entraîné une aridification progressive. Les premiers humains auraient alors migré vers le nord en suivant les couloirs verts qui reliaient l’Arabie à l’Asie. Cette découverte pousse les chercheurs à reconsidérer les schémas migratoires traditionnels et à explorer l’idée de migrations par vagues successives plutôt que d’un seul exode massif hors d’Afrique.

Un mystère persistant et des perspectives

Malgré cette découverte révolutionnaire, un mystère demeure : aucun reste humain du Paléolithique n’a encore été trouvé à Jebel Faya. Cela pourrait s’expliquer par les migrations successives qui auraient conduit ces populations à quitter la région avant que leurs corps ne soient fossilisés. Les chercheurs envisagent toutefois d’approfondir leurs fouilles dans cette zone et dans d’autres sites voisins pour mieux comprendre la vie quotidienne de ces premiers Homo sapiens. Ils espèrent également trouver des restes humains ou d’autres artefacts culturels pour confirmer leur hypothèse sur les routes migratoires.

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