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Attaques par des requins : une solution inspirée des seiches pour les éviter

Attaques par des requins : une solution inspirée des seiches pour les éviter

  • vendredi 21 février 2025
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L’année dernière, 47 personnes ont été attaquées par des requins selon l’International Shark File. Se retrouver entre les mâchoires d’un requin reste un événement extrêmement rare et ces animaux sont à tort diabolisés, mais la peur de ces prédateurs est encore largement répandue à travers le monde. Toutefois, cette crainte pourrait bientôt appartenir au passé grâce à une découverte surprenante qui pourrait prévenir efficacement ces attaques de requins. L’encre sombre des seiches (Sepia officinalis) pourrait en effet contribuer à dissuader les requins de chasser dans les zones où nagent des humains. C’est en modélisant le système olfactif de plusieurs espèces de requins qu’une équipe de l’University College Dublin a découvert que l’encre de ce céphalopode bioluminescent pourrait submerger la sensibilité olfactive aiguë des requins et offrir à de nombreux baigneurs et surfeurs une baignade plus paisible.


Étudier les requins et découvrir leur talon d’Achille

Les requins sont des prédateurs de premier plan en grande partie grâce à leurs six sens hautement développés : l’électroréception, la vue, le toucher, le goût, l’ouïe et l’odorat. De nombreuses espèces sont capables de détecter une goutte de sang à près de 400 mètres et une fois la source identifiée, elles utilisent leurs mâchoires impressionnantes et leur puissance musculaire pour déchiqueter leur proie. Cependant, leur sens de l’odorat extrêmement affiné pourrait se révéler être leur pire point faible.

Dans une étude récemment publiée dans la revue G3: Genes, Genomes, Genetics, une équipe de chercheurs explique comment elle a recréé un modèle tridimensionnel du système olfactif du requin-chabot nuageux (Scyliorhinus torazame) et du grand requin blanc (Carcharodon carcharias) en laboratoire.

encre de seiche Sepia officinalis contre les requins prévention attaque de requin
Crédits : Rosie Leaney/iStock

Une encre qui peut perturber les requins

C’est ici que la seiche entre en jeu. Cet animal, que l’on trouve dans la plupart des océans du monde à l’exception des Amériques, se nourrit de petits poissons et crustacés et se démarque par sa capacité à sécréter une encre noire pour se défendre contre les prédateurs en créant un écran de fumée qui perturbe leur vision et leur odorat, ce qui lui permet ainsi de s’enfuir et de se dissimuler.


Cette encre se compose principalement de mélanine. Or, cet élément clé possède une structure moléculaire qui lui permet de se fixer aux récepteurs olfactifs des requins. En perturbant ainsi la perception sensorielle de ces excellents chasseurs, la mélanine pourrait les dissuader de s’approcher d’une zone où l’encre a été dispersée, compliquant leur chasse et les incitant à chercher d’autres eaux. Et comme les requins partagent généralement un ensemble de récepteurs olfactifs communs, quels que soient leur espèce ou leur habitat, ce répulsif naturel pourrait potentiellement fonctionner sur la majorité d’entre eux.

encre de seiche brouille les récepteurs olfactifs des requins
Crédits : Lawless et coll. G3 Genes|Genomes|Genetics, 2025.

« Comprendre comment des espèces proies comme la seiche ont évolué pour exploiter certaines vulnérabilités chez des prédateurs comme les requins enrichit non seulement notre connaissance des écosystèmes marins, mais inspire également des outils de conservation basés sur des processus naturels », explique Colleen Lawless, biologiste et co-auteure de l’étude. Et justement, les chercheurs envisagent de faire bon usage de cette découverte étonnante.

Un répulsif avec une efficacité supérieure par rapport aux méthodes actuelles

Selon les chercheurs, l’efficacité de l’encre de seiche en tant que répulsif naturel contre les requins pourrait servir dans les domaines de la conservation, de la gestion des milieux marins et de la cohabitation entre requins et humains. Actuellement, certaines méthodes non létales utilisées pour éloigner les requins des plages, notamment les filets maillants (panneaux verticaux de filet suspendus à des flotteurs) et les palangres fixes, restent des dispositifs invasifs qui capturent non seulement de grands requins, mais aussi des raies, des dauphins, des tortues et des baleines dans leurs cordages.


Quant aux bracelets électroniques répulsifs, ils ne sont pas toujours efficaces. Ces outils émettent un champ magnétique destiné à perturber les électrorécepteurs que les requins utilisent pour s’orienter dans l’océan. Ces récepteurs, situés sur leur museau, leur permettent d’identifier les objets dans l’eau, mais lorsqu’ils rencontrent un champ magnétique, cela provoque une gêne, bien que cela ne leur cause aucun dommage. En 2017, un jeune garçon qui avait reçu un bracelet anti-requins à Noël a pourtant tout de même été mordu, ce qui montre que ces équipements ne sont pas totalement fiables.

requins et bateau
Crédits : Urfinguss/iStock

Une découverte bénéfique pour les humains… et pour les requins

L’encre de seiche pourrait offrir un moyen bien plus efficace d’empêcher les requins de mordre par erreur des nageurs et des surfeurs. Et cela ne profiterait pas seulement aux humains, mais aussi aux prédateurs eux-mêmes. « Par exemple, des analogues synthétiques des composés de l’encre de seiche pourraient être utilisés pour éloigner les requins des zones dangereuses, comme les eaux polluées ou les régions soumises à une activité de pêche intensive, ce qui améliorerait ainsi leur survie, alors que de nombreuses espèces de requins sont classées comme menacées», insiste Colleen Lawless.

« En exploitant ce que nous avons découvert, il pourrait être possible de déployer des répulsifs sûrs et ciblés à proximité des plages, des sites d’aquaculture ou des zones de pêche afin de minimiser les rencontres entre requins et humains », ajoute-t-elle. « Ces résultats pourraient également permettre de mieux gérer les déplacements des requins dans les zones sensibles. »

Vous pouvez lire l’étude sur ce lien.

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