Les ordinateurs quantiques ne sont encore qu’à leurs débuts, mais leur potentiel suscite déjà des craintes dans le domaine de la cybersécurité. Grâce à leur puissance de calcul révolutionnaire, ces machines pourraient en effet bientôt rendre obsolètes les systèmes de cryptage classiques. Face à ce danger, la société suisse SEALSQ a dévoilé, lors du Forum économique mondial de Davos, une innovation prometteuse : le QS7001, un système conçu pour protéger les télécommunications des futures attaques quantiques.
Pourquoi les ordinateurs quantiques sont-ils une menace ?
Aujourd’hui, la protection des données échangées sur Internet repose principalement sur le chiffrement. Ce procédé consiste à brouiller les informations à l’aide de clés mathématiques si complexes qu’elles sont pratiquement impossibles à déchiffrer sans autorisation.
Les systèmes de cryptage actuels (comme le RSA) sont sûrs, car même les ordinateurs les plus puissants mettraient des millions d’années à casser ces clés. Toutefois, les ordinateurs quantiques pourraient changer la donne. En exploitant les principes de la mécanique quantique, ces machines sont en effet capables de résoudre en quelques secondes des problèmes mathématiques d’une complexité extrême, rendant ainsi vulnérables les protocoles de chiffrement traditionnels.
Un exemple frappant de cette menace est la récente démonstration de la capacité des ordinateurs quantiques à casser un chiffrement RSA de 50 bits, alors que la norme recommandée par le NIST (National Institute of Standards and Technology) est de 2048 bits. Si ces technologies continuent à progresser, elles pourraient à terme compromettre la sécurité des communications mondiales.
QS7001 : une innovation cruciale
Face à cette menace imminente, SEALSQ a mis au point le QS7001, un système de communication innovant combinant deux protocoles de cryptographie avancée : Dilithium et Kyber. Ils ont été développés par le NIST précisément pour résister aux attaques informatiques quantiques.
Le QS7001 se distingue non seulement par la robustesse de ses protocoles de chiffrement, mais aussi par sa rapidité d’exécution. Lors de sa présentation à Davos, les ingénieurs de SEALSQ ont montré qu’un microcontrôleur sécurisé utilisant le QS7001 pouvait transmettre des données cryptées en seulement 100 millisecondes, contre 1500 millisecondes avec les méthodes traditionnelles.
Cette réduction spectaculaire du temps de transmission est essentielle, car elle limite drastiquement la fenêtre d’opportunité dont disposent les pirates pour intercepter et tenter de déchiffrer les messages. En cryptographie, chaque milliseconde compte, et cette vitesse accrue renforce significativement la sécurité des échanges.

Une solution prometteuse, mais encore perfectible
Bien que le QS7001 représente une avancée majeure, certains experts estiment qu’il reste encore des défis à relever. Dave Lear, analyste en cybersécurité, souligne que tant que cette technologie n’aura pas été testée dans des conditions réelles face à des adversaires déterminés, il est difficile d’affirmer avec certitude qu’elle est invulnérable.
De plus, si le QS7001 réduit le temps disponible pour intercepter un message, il ne supprime pas totalement la possibilité pour des pirates de copier et stocker ces données. Dans ce cas, un ordinateur quantique futur pourrait tenter de les décrypter à loisir, indépendamment du temps de transmission initial.
Pour renforcer encore cette protection, certains envisagent de combiner le QS7001 avec des technologies de communication quantique émergentes. Ces dernières permettent non seulement de chiffrer les données, mais aussi de détecter toute tentative d’interception, annulant immédiatement la transmission en cas de violation.