Il existe des gestes que nous accomplissons presque instinctivement pour apaiser nos douleurs : se frotter la tête après un mal de crâne, appuyer doucement sur une zone douloureuse ou se frotter le coude après un coup inattendu. Ces gestes simples sont souvent suivis d’un certain soulagement. Mais pourquoi ces actions ont-elles cet effet apaisant ? Une étude fascinante menée par des chercheurs de l’Institut McGovern de recherche sur le cerveau du MIT nous aide à mieux comprendre ce phénomène.
Une découverte fascinante sur le lien entre douleur et toucher
Les chercheurs du MIT se sont intéressés à la manière dont certains gestes de friction ou de pression pouvaient réduire la perception de la douleur. Pour cela, ils ont observé des souris de laboratoire qui, lorsqu’elles subissaient des douleurs légères, comme une pression sur le visage ou une sensation de chaleur, se frottaient instinctivement le visage avec leurs pattes. Ce geste, que les chercheurs ont appelé « fouettage », consistait en un mouvement rythmique des moustaches. Curieusement, il semble que ce frottement réduisait immédiatement la douleur ressentie par l’animal.
Cette observation a permis de soulever une question : pourquoi ce simple geste apporte-t-il un tel soulagement ? La réponse réside dans la manière dont notre cerveau, tout comme celui des souris, traite les informations sensorielles.
Comment le toucher aide-t-il à réduire la douleur ?
Lorsque nous nous frottons une zone douloureuse, les récepteurs tactiles présents dans la peau envoient des signaux au cerveau, qui interagissent avec ceux de la douleur. Cette « distraction sensorielle » permet au cerveau de détourner son attention des signaux de douleur. Plutôt que de se concentrer uniquement sur la douleur, le cerveau perçoit également des informations apaisantes provenant du toucher. En quelque sorte, cette nouvelle stimulation « masque » la douleur et en diminue l’intensité.
Le cortex somatosensoriel, la zone du cerveau responsable du traitement des sensations tactiles et douloureuses, joue un rôle central dans ce phénomène. Lorsque nous ressentons de la douleur, le cerveau lui accorde généralement la priorité. Cependant, en introduisant un autre stimulus sensoriel, comme le frottement ou le massage, il est possible de réduire l’attention portée à la douleur et de diminuer la perception de celle-ci. Ce mécanisme, naturel et instinctif, illustre la capacité du corps humain à gérer la douleur sans recourir immédiatement à des médicaments.
Un réflexe que l’on retrouve aussi chez l’Homme
Bien que l’expérience ait été réalisée sur des souris, il ne fait aucun doute que ce phénomène se retrouve également chez les humains. Nous avons tous, à un moment donné, massé une zone douloureuse ou nous nous sommes frottés la tête après un mal de tête. Cette réponse instinctive est soutenue par des mécanismes biologiques similaires à ceux observés chez les souris. En effet, ces gestes simples permettent de soulager des douleurs aiguës et passagères, comme une brûlure légère ou un coup de tête.
Lorsqu’on se brûle, par exemple, il est fréquent de secouer rapidement la main. Ce geste rapide, bien que réactif, a un effet immédiat : il réduit la douleur. Pourquoi ? Parce qu’en secouant la main, on génère une nouvelle stimulation tactile qui vient « interférer » avec les signaux douloureux envoyés au cerveau. Ces informations tactiles « effacent » temporairement la douleur en détournant l’attention du cerveau.

Crédit : iStock
Crédits : fizkes/istickUne piste prometteuse pour traiter la douleur chronique
Les découvertes des chercheurs du MIT ne concernent pas seulement les douleurs aiguës et passagères. Elles ouvrent également des perspectives intéressantes pour le traitement des douleurs chroniques, comme celles associées au syndrome de douleur thalamique, une affection qui survient souvent après un AVC et perturbe la capacité du cerveau à gérer les signaux de douleur.
Les recherches actuelles suggèrent que la stimulation tactile pourrait être utilisée pour réduire la perception de la douleur chronique, en activant certains circuits neuronaux responsables de la gestion du toucher. Bien que cette voie thérapeutique soit encore en phase de recherche, elle pourrait offrir une alternative intéressante aux traitements médicamenteux, qui sont souvent lourds et peu efficaces pour certains patients.