Dans un monde où les choix semblent infinis, prendre une décision éclairée peut devenir un véritable casse-tête. Faut-il attendre une meilleure opportunité ou saisir immédiatement une offre prometteuse ? Que ce soit pour acheter un bien immobilier, recruter un employé ou choisir un partenaire de vie, nous sommes souvent confrontés à la peur de faire le mauvais choix. La science a pourtant une réponse à ce dilemme : la règle des 37 %. Voici comment ça marche.
Le dilemme du choix
Imaginons une situation courante : la recherche d’un appartement. Vous avez trois mois pour trouver le bon logement, mais une fois que vous en refusez un, il n’est plus disponible. Comment s’assurer de ne pas passer à côté de la meilleure option sans pour autant attendre indéfiniment ?
Ce problème a été formalisé dans les années 1960 sous le nom de « problème de la secrétaire », un modèle où un employeur doit sélectionner un candidat parmi un ensemble d’entretiens effectués dans un ordre aléatoire. Une fois un candidat rejeté, il ne peut pas être rappelé. L’objectif est de maximiser les chances d’embaucher le meilleur candidat possible.
La règle des 37 % : une stratégie efficace
Les mathématiciens ont trouvé une solution optimale à ce problème :
- Rejeter systématiquement les 37 % premiers choix sans en retenir aucun.
- Sélectionner ensuite la première option qui est meilleure que toutes celles rencontrées auparavant.
Pourquoi 37 % ? Ce chiffre découle de calculs probabilistes basés sur la façon dont les options se présentent au fil du temps. Appliquer cette règle permet d’optimiser la prise de décision tout en réduisant le risque de passer à côté de la meilleure opportunité.
Application concrète de la règle
Cette méthode peut être appliquée à divers aspects de la vie quotidienne, notamment dans la recherche d’un logement, l’embauche d’un candidat ou même la quête d’un partenaire de vie.
Lors d’une recherche immobilière, par exemple, si vous disposez de 30 jours pour visiter des appartements, il est recommandé de consacrer les 11 premiers jours à l’observation, sans prendre de décision. Cette période sert à établir une base de comparaison. Par la suite, dès qu’un bien se distingue nettement des précédents, il faut saisir l’opportunité et finaliser l’achat ou la location.
Le même raisonnement s’applique au recrutement. Si un employeur doit sélectionner un candidat parmi 10 postulants, il devrait d’abord évaluer les quatre premiers sans les retenir. Cette étape permet d’établir un référentiel de qualité. Ensuite, dès qu’un candidat se révèle supérieur à ceux précédemment évalués, il est optimal de l’embaucher immédiatement.
Enfin, dans le cadre des relations amoureuses, la règle des 37 % suggère qu’une personne qui prévoit d’avoir environ 20 relations sérieuses au cours de sa vie devrait considérer les sept ou huit premières comme une phase d’apprentissage. L’objectif est alors de se familiariser avec ses propres critères et attentes. Passé ce seuil, la stratégie consiste à s’engager avec la première personne qui surpasse clairement toutes les relations précédentes.

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Crédits : Dalin Ou/istockLes limites de cette méthode
Si la règle des 37 % constitue une stratégie efficace d’un point de vue mathématique, elle se heurte néanmoins à plusieurs limites dans la réalité.
D’abord, elle repose sur l’hypothèse que les options se présentent de manière totalement aléatoire, ce qui est rarement le cas dans la vie quotidienne. Par exemple, dans la recherche d’un emploi ou d’un partenaire, certaines opportunités peuvent être influencées par des facteurs externes comme le réseau professionnel, les affinités personnelles ou le contexte socio-économique.
Ensuite, cette méthode suppose que l’on connaît à l’avance le nombre total d’options disponibles, ce qui est souvent impossible. Dans bien des situations, on ne sait pas combien d’opportunités se présenteront avant d’être contraint de faire un choix.
Enfin, la règle des 37 % vise à maximiser la probabilité de sélectionner la meilleure option possible, mais elle ne prend pas en compte des éléments subjectifs essentiels, comme les préférences personnelles ou les critères de satisfaction individuels. Dans la réalité, il ne s’agit pas toujours de trouver l’option parfaite, mais plutôt d’identifier une solution satisfaisante qui correspond aux attentes et aux besoins de chacun.
Adapter la méthode pour des choix plus réalistes
Plutôt que de viser uniquement la meilleure option, on peut ajuster cette stratégie pour maximiser les chances d’obtenir un choix satisfaisant.
Par exemple, si l’objectif est de trouver un partenaire dans les 5 % les plus compatibles, il faut abaisser le seuil de rejet :
- Rejeter les 22 % premiers candidats au lieu de 37 %.
- Ensuite, choisir le premier qui se classe parmi les 5 % les plus prometteurs.
Avec cette approche, la probabilité de réussite passe de 37 % à 57 %.
Si l’on élargit encore plus le critère de sélection (accepter un candidat parmi les 15 % meilleurs), il suffit de rejeter les 19 % premiers pour avoir 79 % de chances d’être satisfait.
En somme, la règle des 37 % est un outil puissant pour prendre des décisions rationnelles dans un monde où l’incertitude règne. Toutefois, elle doit être appliquée avec souplesse et adaptée en fonction des préférences et des contraintes de chaque individu.