Le loup, longtemps considéré comme une espèce menacée en Europe, a connu un véritable retour en force ces dernières décennies. Grâce à des politiques de conservation efficaces, ses populations ont fortement augmenté, ce qui a suscité à la fois émerveillement et inquiétude. Mais combien de loups vivent aujourd’hui sur le continent ?
Un retour spectaculaire des loups en Europe
Pendant des siècles, les loups ont été persécutés et chassés à travers l’Europe, jusqu’à disparaître complètement de nombreux pays. En France, l’espèce avait par exemple été officiellement éradiquée dans les années 1930. L’Italie, l’Allemagne ou encore la Suisse avaient connu des situations similaires. La peur du loup, alimentée par des récits populaires et son impact sur les élevages, avait conduit à des campagnes d’extermination systématiques.
Cependant, la tendance s’est inversée au cours des dernières décennies grâce à des politiques de protection rigoureuses. Depuis les années 1990, des réglementations européennes, comme la Convention de Berne et la directive Habitats-Faune-Flore de l’Union européenne, ont interdit la chasse au loup dans la plupart des pays. Parallèlement, la reforestation de certaines régions et la diminution des activités agricoles dans des zones reculées ont offert aux loups un habitat plus propice à leur retour.
Les résultats sont impressionnants. Une étude récente menée dans 34 pays du continent européen montre qu’en 2022, la population de loups atteignait 21 500 individus, contre 12 000 une décennie plus tôt, soit une augmentation de 58 %. La progression est particulièrement marquée en France, où l’on comptait environ 100 loups en 2000 contre plus de 1 000 en 2022. En Allemagne, où le loup avait disparu depuis plus d’un siècle, on recense aujourd’hui plus de 160 meutes. En Espagne et en Italie, où des populations résiduelles avaient survécu, la croissance s’est poursuivie, avec respectivement 2 500 et 3 300 loups estimés.
Ce retour témoigne de l’incroyable adaptabilité de cet animal. Contrairement à d’autres grands carnivores comme l’ours ou le lynx, il peut s’installer dans des paysages fortement modifiés par l’homme, y compris les zones agricoles ou périurbaines. Cependant, cette expansion rapide n’est pas sans conséquences et pose de nouveaux défis, notamment en matière de cohabitation avec l’élevage et les populations locales.
Une cohabitation parfois difficile avec l’Homme
Si la réapparition des loups est une bonne nouvelle d’un point de vue écologique, elle suscite aussi des tensions, notamment dans le monde agricole. En effet, les loups s’attaquent parfois aux troupeaux domestiques, causant d’importantes pertes pour les éleveurs. Selon l’étude, 56 000 animaux d’élevage sont tués chaque année dans l’Union européenne par des loups, soit un risque moyen de 0,02 % pour un troupeau.
Pour compenser ces pertes, les gouvernements européens versent chaque année 17 millions d’euros d’indemnisation aux agriculteurs. Toutefois, ces mesures ne suffisent pas toujours à calmer les inquiétudes. Dans certaines régions, la présence du loup alimente des tensions entre les défenseurs de la biodiversité et les acteurs du monde rural. Trouver des solutions équilibrées est un défi majeur pour assurer une cohabitation harmonieuse.

Un rôle clé dans l’écosystème
Malgré ces conflits, la présence des loups apporte aussi des bénéfices écologiques et économiques. En régulant les populations de cerfs et d’autres herbivores sauvages, les loups réduisent la pression sur les forêts, limitant ainsi les dégâts causés aux jeunes pousses et aux cultures. Par ailleurs, le fait d’avoir moins de cerfs signifie aussi moins d’accidents de la route, ce qui peut représenter un avantage économique non négligeable.
Toutefois, les chercheurs soulignent un manque de données pour quantifier précisément ces effets positifs. Pour l’avenir, il sera crucial de mieux mesurer ces impacts et d’adapter les politiques de gestion afin de permettre une cohabitation durable entre les loups et les populations humaines.