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La physique prouvera-t-elle un jour l’existence de cette étrange particule ?

La physique prouvera-t-elle un jour l’existence de cette étrange particule ?

  • dimanche 23 mars 2025
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Les gravitons sont des particules subatomiques théoriques, des éléments clefs d’une hypothétique théorie quantique de la gravité. Selon certains scientifiques, ces particules seraient responsables de la transmission de la force de gravité. Pourtant, malgré des décennies de spéculations et d’efforts pour comprendre la nature de la gravité au niveau quantique, il n’existe actuellement aucune preuve expérimentale qui confirme leur existence. Alors, la physique finira-t-elle par prouver que les gravitons sont réels ?


Les défis de la gravité quantique

La gravité est l’une des quatre forces fondamentales de l’Univers aux côtés de l’électromagnétisme, de la force nucléaire forte et de la force nucléaire faible. Néanmoins, contrairement aux trois autres forces, la gravité a échappé à une description quantique complète. Les théories qui décrivent les autres forces fondamentales (comme l’électromagnétisme, qui est transmis par des photons, ou la force forte, qui l’est par des gluons) font intervenir des particules spécifiques pour transmettre la force. Toutefois, selon la relativité générale d’Einstein, la gravité n’est pas une force transmise par des particules ; elle résulte de la courbure de l’espace-temps lui-même, influencée par la présence de matière et d’énergie.

Par ailleurs, si la relativité générale est extrêmement précise à grande échelle, elle échoue dans le monde subatomique des particules. À cette échelle, les effets quantiques sont dominants et nécessitent une autre description, celle que l’on appelle gravité quantique. Pour créer une telle théorie, les physiciens s’attendent à l’existence de particules porteuses de la gravité, les gravitons, à l’instar des autres forces fondamentales.

Pourquoi les gravitons ?

Les raisons qui poussent les scientifiques à postuler l’existence des gravitons découlent de la théorie quantique des champs qui décrit la manière dont les autres forces fondamentales sont transmises. Selon cette théorie, chaque force est associée à une particule spécifique : les photons pour l’électromagnétisme, les gluons pour la force nucléaire forte, et les bosons W et Z pour la force nucléaire faible. Étant donné que la gravité est une force fondamentale, il est raisonnable de penser que selon le même principe, il existe une particule associée à la gravité : le graviton.


Les gravitons sont théoriquement des particules sans masse, électriquement neutres et possédant un spin de 2, ce qui les distingue des particules des autres forces. Malgré ces propriétés théoriques bien définies, la détection des gravitons est d’une difficulté immense. La principale raison est la faiblesse de la gravité comparée aux autres forces. En effet, la gravité est environ 10^40 fois plus faible que l’électromagnétisme, ce qui la rend extrêmement difficile à observer au niveau quantique.

Les obstacles à la détection

La recherche sur les gravitons est particulièrement complexe pour plusieurs raisons. Premièrement, la gravité étant une force très faible, ses effets sont difficiles à isoler des autres interactions beaucoup plus puissantes, comme l’électromagnétisme. De plus, la détection de particules subatomiques se fait généralement en étudiant des phénomènes qui impliquent des interactions fortes, mais la gravité ne peut pas être manipulée de la même manière. Elle n’interagit pas avec la charge électrique, ce qui complique la conception d’expériences qui puissent révéler des traces de gravitons.

Ensuite, la gravité quantique concerne des phénomènes qui se produisent à une échelle extrêmement petite. Pour observer des effets gravitationnels quantiques, il faudrait pouvoir détecter des variations minimes dans l’espace-temps lui-même, ce qui reste bien au-delà de nos capacités techniques actuelles.


gravité quantique gravitons
Crédits : peterschreiber.media/istock

Les pistes de recherche actuelles

Malgré ces obstacles, plusieurs approches sont en cours pour tester l’existence des gravitons, même de manière indirecte. Une des méthodes les plus prometteuses est l’étude des ondes gravitationnelles. Ces ondulations de l’espace-temps, prévues par la relativité générale, ont été détectées pour la première fois en 2015 par l’observatoire LIGO. Bien qu’elles ne soient pas directement liées aux gravitons, les ondes gravitationnelles sont une manifestation de la déformation de l’espace-temps par des masses en mouvement. Les chercheurs espèrent qu’elles pourraient fournir des indices sur la manière dont la gravité se comporte à l’échelle quantique et potentiellement sur les gravitons eux-mêmes.

En outre, des expériences plus proches de la théorie quantique des champs, telles que celles utilisant des systèmes quantiques très sensibles, pourraient fournir des indices cruciaux. Certains laboratoires cherchent à mesurer les effets extrêmement faibles des fluctuations quantiques de l’espace-temps. Bien que ces recherches en soient encore à leurs balbutiements, elles pourraient potentiellement ouvrir la voie à la détection de signaux associés à la gravité quantique.

Les défis futurs

Alors, la physique finira-t-elle par prouver que les gravitons sont réels ? La réponse n’est pas simple. En théorie, il n’y a rien qui empêche de détecter des gravitons, mais les défis technologiques et conceptuels sont colossaux. La technologie actuelle est encore trop limitée pour observer directement les gravitons, mais il est possible que de futures découvertes ou de nouvelles avancées technologiques rendent cette détection possible. Pour l’instant, les scientifiques doivent s’en tenir à des approches indirectes, en étudiant les effets de la gravité dans des contextes extrêmes, comme ceux des trous noirs ou des collisions d’ondes gravitationnelles.

En dépit de ces obstacles, l’idée même que la gravité puisse être quantifiée et véhiculée par des particules comme le graviton reste une perspective fascinante. Si un jour nous parvenons à la prouver, ce serait l’une des découvertes les plus marquantes de l’histoire de la physique et cela ouvrirait alors de nouvelles dimensions à notre compréhension de l’Univers.

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