Dans le cadre d’une étude récente, des chercheurs américains ont analysé la vie microbienne dans la Station Spatiale internationale (ISS). Plusieurs centaines d’échantillons auraient permis d’expliquer pourquoi les astronautes ont parfois des problèmes de santé. Pour les auteurs de ces travaux, il serait judicieux de réduire la quantité de désinfectants à bord de la station et d’y introduire des microbes bénéfiques.
Des microbes peu nombreux et peu diversifiés dans la station
La Station Spatiale internationale (ISS) est-elle trop propre pour santé des astronautes ? Une étude publiée dans la revue Cell le 27 février 2025 apporte des éléments de réponse. Pilotées par le département de bio-ingénierie de l’Université de Californie à San Diego (États-Unis), ces recherches pourraient ainsi incarner la plus grande avancée sur la vie microbienne à bord de l’ISS.
Dans la station, les astronautes souffrent parfois de problèmes de fonctionnements au niveau de leur système immunitaire. Cela se traduit assez souvent par des éruptions cutanées et des allergies. Or, jusqu’à aujourd’hui, les causes restaient méconnues. Les auteurs de l’étude ont analysé plus de 800 échantillons provenant des modules pressurisés du segment orbital américain de la station. Cela a alors permis d’identifier les microbes et substances chimiques se trouvant à l’intérieur, mais également, les mécanismes de propagation d’un module à l’autre. Entre octobre 2020 et avril 2021, les astronautes de l’ISS ont utilisé des centaines de tampons double face personnalisés afin de recueillir les échantillons. Après leur retour sur Terre, les tampons ont été analysés. La première face servait au séquençage de l’ADN et la seconde, à l’analyse des substances chimiques.
Selon les résultats, la majorité des microbes présents dans l’ISS proviennent de la peau humaine, des aliments et des déjections. Ainsi, d’autres microbes bénéfiques nécessaires au bon fonctionnement du système immunitaire sont manquants, à savoir ceux qui proviennent principalement des sols, des animaux et des plantes. Les chercheurs ont souligné que les échantillons microbiens collectés représentaient seulement 6,31 % de l’intégralité de l’arbre phylogénétique (ou arbre de la vie), ce qui est très peu. Dans les forêts tropicales, ce taux dépasse les 28 %.

De futurs vaisseaux spatiaux avec jardin ?
Les auteurs de l’étude ont effectué des comparaisons avec d’autres lieux. L’environnement de l’ISS serait similaire à celui de la salle d’assemblage des engins spatiaux (SAF) que l’on utilise notamment pour la construction des rovers voués à l’exploration de Mars. Autrement dit, il ne s’agit pas vraiment d’un lieu adapté à la vie humaine. Une autre comparaison a été faite avec les dortoirs d’isolement du campus de l’Université de Californie lors de la pandémie de Covid-19. Durant cette période, les surfaces avaient été stérilisées de manière constante, ce qui effaçait ainsi régulièrement les signatures microbiennes.
Pour les scientifiques, réduire l’ampleur de la stérilisation de la station passerait par la réduction de du recours aux produits désinfectants. Ensuite, il serait intéressant d’introduire dans l’ISS des microbes bénéfiques afin de maintenir un environnement microbien sain. Néanmoins, cela nécessiterait peut-être une réorganisation de la station afin que les modules qui font l’objet d’une intense activité humaine ne contaminent les modules qui doivent obligatoirement rester stériles.
Enfin, il serait également pertinent de penser à la construction des futurs vaisseaux et stations. Les chercheurs pensent à y introduire de la végétation en quantité (plantes et jardins), mais aussi à y associer à des pollinisateurs et autres animaux afin d’établir un véritable écosystème autosuffisant et équilibré.