Et si le secret d’une libido épanouie ne se trouvait pas dans des pilules miracles, mais dans nos habitudes alimentaires ? Une récente étude publiée dans la revue Cell Metabolism révèle en effet que le jeûne intermittent pourrait bien être un facteur clé pour stimuler le désir sexuel. Menée par des chercheurs du DZNE, en collaboration avec l’Université de Qingdao et l’Université des sciences de la santé et de la réadaptation, cette étude met en lumière un lien fascinant entre l’alimentation et la libido.
Le jeûne intermittent : une pratique aux multiples bienfaits
Longtemps adopté pour des raisons spirituelles ou culturelles, le jeûne intermittent est aujourd’hui plébiscité pour ses effets positifs. Cette méthode alimentaire repose sur une alternance entre des périodes de restriction calorique et des phases d’alimentation normale. Parmi les formes les plus courantes, on retrouve le jeûne 16/8 (16 heures de jeûne et 8 heures d’alimentation) et le jeûne alterné, où l’on s’abstient de manger pendant 24 heures une ou plusieurs fois par semaine.
Les recherches scientifiques ont déjà mis en lumière plusieurs bienfaits du jeûne intermittent, notamment son effet sur la réduction des inflammations, l’amélioration de la sensibilité à l’insuline et la protection contre certaines maladies chroniques. Mais une découverte récente vient s’ajouter à cette liste : le jeûne intermittent pourrait également booster la libido masculine.
Un lien inattendu ?
Une étude menée par des chercheurs du DZNE en collaboration avec l’Université de Qingdao et l’Université des sciences de la santé et de la réadaptation a mis en évidence un effet surprenant du jeûne sur la sexualité masculine. En observant des souris mâles soumises à un cycle de jeûne de 24 heures sur le long terme, ils ont constaté une augmentation significative de leur libido.
Les scientifiques ne s’attendaient pas à ce résultat. À l’origine, l’étude visait à analyser l’impact du jeûne sur la progéniture des souris mâles. Pourtant, ils ont découvert que les mâles âgés à jeun engendraient une descendance anormalement élevée, malgré des niveaux de testostérone plus faibles et une baisse naturelle de la fertilité liée à l’âge. Intrigués, les chercheurs ont cherché à comprendre ce phénomène.

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Crédits : Yummy pic/istockComment le jeûne booste t-il la libido ?
Les résultats de l’étude montrent que l’augmentation de la libido ne serait pas due à une amélioration de la fertilité en elle-même, mais plutôt à un changement de comportement. Les souris à jeun avaient des rapports sexuels beaucoup plus fréquents que celles suivant un régime alimentaire normal, ce qui expliquait l’augmentation du nombre de naissances.
Le protocole de jeûne utilisé dans l’étude était strict : les souris alternaient 24 heures de restriction totale (eau uniquement) et 24 heures d’alimentation sans restriction. Ce schéma a été suivi pendant 22 mois avant d’être testé sur leur comportement sexuel. Même les souris plus jeunes, soumises à ce régime pendant seulement six mois, ont montré une augmentation de leur activité sexuelle.
Le rôle clé de la sérotonine et du tryptophane
En approfondissant leurs recherches, les scientifiques ont identifié un élément déterminant : la sérotonine. Ce neurotransmetteur est connu pour réguler l’humeur, mais il joue aussi un rôle clé dans la suppression du désir sexuel. Or, les souris à jeun présentaient des niveaux de sérotonine anormalement bas.
Pourquoi ? La sérotonine est produite à partir d’un acide aminé essentiel, le tryptophane, qui ne peut être obtenu que par l’alimentation. En jeûnant régulièrement, les apports en tryptophane diminuent, ce qui réduit mécaniquement la production de sérotonine. Résultat : la levée d’un frein biologique sur la libido.
Et chez l’humain, est-ce que ça fonctionne ?
Ces résultats suggèrent que le jeûne intermittent pourrait également influencer la libido humaine. Le professeur Dan Ehninger, qui a dirigé l’étude, rappelle que la sérotonine joue un rôle similaire chez l’Homme et que certains médicaments, comme les antidépresseurs ISRS qui augmentent la sérotonine, sont souvent associés à une baisse du désir sexuel.
« Il est très plausible que le désir sexuel chez l’homme puisse être influencé par le jeûne – et peut-être pas seulement chez les hommes, mais aussi chez les femmes, puisque la sérotonine affecte également leur libido », souligne le chercheur.
Si ces résultats se confirment, ils pourraient ouvrir de nouvelles perspectives pour traiter certains troubles du désir sexuel, notamment chez les personnes âgées ou celles souffrant de dysfonctionnements hormonaux. Le jeûne intermittent, en plus de ses bienfaits sur la santé métabolique, pourrait ainsi devenir une alternative naturelle aux traitements médicamenteux existants.