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Les pions d’un jeu de stratégie utilisés par les soldats romains découverts en Turquie

Les pions d’un jeu de stratégie utilisés par les soldats romains découverts en Turquie

  • vendredi 31 janvier 2025
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Les jeux de société font partie intégrante de nos vies, qu’ils soient pratiqués pour le plaisir, pour aiguiser notre réflexion ou simplement pour passer le temps. Pourtant, cette habitude n’a rien de récent. La découverte de pions en Turquie montre en effet que les soldats romains s’adonnaient déjà à des jeux de stratégie il y a plus de 1 600 ans. Cette trouvaille archéologique met en lumière une continuité surprenante entre les jeux antiques et ceux que nous pratiquons encore aujourd’hui.


Une découverte exceptionnelle à Hadrianopolis

C’est sur le site archéologique d’Hadrianopolis, une ancienne cité romaine située en Turquie et nommée en l’honneur de l’empereur Hadrien, que des archéologues ont mis au jour deux pions de jeu mystérieux. Ces petits disques de pierre gravés de symboles à quatre et huit bras témoignent d’une activité ludique pratiquée par les légionnaires romains stationnés dans cette ville.

D’après Ersin Çelikbaş, le responsable des fouilles, ces pièces datées du cinquième siècle après J.-C étaient utilisées dans des jeux de stratégie militaire. « Ces symboles gravés servaient probablement à aider le joueur à déterminer la stratégie de ses pions », a-t-il expliqué. La présence d’une forteresse militaire à Hadrianopolis suggère que l’armée romaine y était fortement implantée et ces jeux auraient pu être un moyen pour les soldats de s’entraîner à la réflexion stratégique tout en se divertissant.

Ludus Latrunculi et Duodecim Scripta : les ancêtres des jeux modernes

Selon les chercheurs, les pions découverts auraient été utilisés dans deux jeux populaires de l’époque romaine qui mêlaient stratégie et réflexion.


Souvent comparé aux échecs ou aux dames, le Ludus Latrunculi était un jeu de plateau dans lequel les joueurs devaient capturer les pièces de leur adversaire en les encerclant stratégiquement. Ce jeu était particulièrement prisé des militaires, car il simulait des tactiques de combat et renforçait la capacité à anticiper les mouvements ennemis. Il servait ainsi d’entraînement à la prise de décision et au positionnement stratégique, des compétences essentielles sur le champ de bataille. Le Duodecim Scripta s’apparentait quant à lui davantage au backgammon. Combinant hasard et stratégie, il obligeait les joueurs à réfléchir attentivement à leurs déplacements tout en tenant compte du lancer de dés. Ce jeu offrait un équilibre entre réflexion et chance, rendant chaque partie unique et imprévisible.

Bien que ces jeux aient disparu sous leur forme antique, leur influence se fait encore sentir aujourd’hui. Des classiques modernes comme les dames, les échecs, Battleship et même le démineur numérique reposent en effet sur des principes similaires d’anticipation et de gestion du risque. Cette continuité illustre l’intemporalité des mécaniques de jeu et leur rôle dans le développement de la stratégie et de la réflexion.

pions jeu romains
Crédits : Université de Karabük

Le rôle des jeux dans la société romaine

Si ces jeux servaient probablement d’outil d’entraînement stratégique, ils étaient aussi une source de divertissement et de cohésion sociale. Dans l’Empire romain, les soldats passaient de longues périodes d’inactivité entre les batailles et les manœuvres. Jouer à des jeux de plateau leur permettait ainsi de tromper l’ennui tout en conservant un esprit vif.

Les preuves archéologiques montrent que ce phénomène ne se limitait pas aux légionnaires stationnés à Hadrianopolis. En Judée, des soldats romains ont par exemple laissé des traces d’un autre jeu appelé Alquerque, un ancêtre des dames. D’autres artefacts retrouvés en Europe et au Moyen-Orient attestent de la large diffusion de ces jeux dans l’armée et la société romaine en général.

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