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Le plus grand événement de prédation jamais observé dans l’océan a eu lieu dans l’atlantique

Le plus grand événement de prédation jamais observé dans l’océan a eu lieu dans l’atlantique

  • samedi 31 mai 2025
  • 28

Le capelan, un petit poisson arctique essentiel aux
écosystèmes marins, se rassemble chaque année pour se reproduire,
attirant alors des milliers de prédateurs, notamment la morue de
l’Atlantique. Cette année, des scientifiques du Massachusetts
Institute of Technology (MIT) et de l’Institut de recherche marine
de Norvège ont observé l’un de ces événements de prédation d’une
ampleur sans précédent.

Observer l’invisible

L’étude de tels phénomènes dans un océan vaste et en perpétuel
mouvement pose un défi majeur aux océanographes. Comment observer
des millions de poissons interagissant sur des dizaines de
kilomètres de distance ? Pour opérer, des chercheurs ont utilisé
une technologie avancée, appelée Ocean Acoustic Waveguide
Remote Sensing
(OAWRS), capable de cartographier de
grandes populations de poissons en utilisant des ondes sonores. En
envoyant des ondes acoustiques depuis un bateau, le système capte
les échos renvoyés par les bancs de poissons, un peu comme un
radar. Ce système d’imagerie, conçu pour fonctionner sur des
centaines de kilomètres carrés, permet de suivre en temps réel les
mouvements des poissons et de comprendre comment ils se
regroupent.

Pour capturer avec précision les interactions entre espèces,
les chercheurs de l’équipe du MIT ont également utilisé une
technique multispectrale qui analyse les sons en
fonction des fréquences spécifiques aux espèces. Grâce à cela, ils
ont pu distinguer les capelans, aux vessies natatoires petites et
résonantes (des organes internes remplis de gaz qui permettent de
contrôler leur flottabilité dans l’eau), des morues, aux plus
grosses vessies qui vibrent à des fréquences basses.

Un affrontement massif

Lors de cette observation unique en pleine
mer de Barents, au large des côtes norvégiennes
, le
comportement des capelans a rapidement pris une ampleur
exceptionnelle. Au début de la journée, ces petits poissons étaient
dispersés en petits groupes à la recherche d’un lieu pour pondre
leurs œufs. Néanmoins, au fur et à mesure de leur déplacement, ils
ont commencé à se rassembler pour former un gigantesque banc. Les
chercheurs estiment qu’environ vingt-trois millions de capelans ont
formé un point chaud d’environ dix kilomètres de
long
 et se déplaçaient comme une vague cohérente.

Ce rassemblement, bien que défensif, a rapidement attiré
l’attention des morues qui se sont elles aussi regroupées pour
former un banc massif en vue de se nourrir. En quelques heures,
près de 2,5 millions de morues s’étaient ainsi
réunies pour s’attaquer aux capelans. L’événement de prédation qui
s’en est suivi a été à la fois spectaculaire et dévastateur :
plus de dix millions d’individus ont été consommés en
quelques heures
, ce qui représente plus de la moitié du
banc initial. Jamais un tel événement n’avait été observé ni
documenté dans l’océan.


capelans morues prédation

Les chercheurs ont utilisé une technique de cartographie acoustique
à grande échelle pour suivre les populations de capelans. Crédits :
Nicholas Makris et coll.

Un équilibre fragile

Le capelan joue un rôle crucial dans les écosystèmes marins en
tant que proie pour de nombreuses espèces comme la morue, le phoque
et divers oiseaux marins. Sa disparition ou une réduction de sa
population pourrait donc affecter tout l’écosystème et provoquer un
effet domino qui toucherait des espèces dépendant directement ou
indirectement de ce petit poisson pour survivre. Bien que ce banc
de capelans ne représente qu’une infime partie de la population
totale, les chercheurs estiment que le réchauffement climatique
pourrait aggraver ce genre de phénomène.

Avec la fonte des glaces de l’Arctique, ces poissons doivent en
effet nager de plus en plus loin pour trouver des lieux de
reproduction adaptés, ce qui les rend plus vulnérables aux
prédateurs. Les chercheurs soulignent que ce type de prédation à
grande échelle pourrait se multiplier avec l’évolution des
conditions climatiques, ce qui poserait un risque pour la stabilité
des populations de capelans et, par extension, pour l’équilibre
marin en général.

L’équipe de recherche projette d’utiliser la technologie OAWRS
pour étudier d’autres espèces dans les années à venir. Grâce à ces
travaux, ils espèrent fournir des informations clés aux organismes
de conservation marine pour éviter l’effondrement de certaines
populations de poissons, en détectant les points chauds où la
prédation est la plus intense et où les pressions écologiques sont
les plus fortes. À l’avenir, ces efforts pourraient être cruciaux
pour préserver non seulement le capelan, mais aussi la santé de
l’écosystème marin dans son ensemble.

Vers une meilleure gestion des écosystèmes
marins

L’observation d’un tel événement de prédation offre des
perspectives précieuses pour la gestion durable des écosystèmes
marins. En combinant des technologies avancées comme l’OAWRS et
l’imagerie multispectrale, les chercheurs peuvent désormais
identifier les zones critiques où les interactions entre espèces
sont les plus intenses. Ces informations sont essentielles pour
orienter les politiques de conservation et limiter les pressions
anthropiques, comme la surpêche, qui exacerbent les déséquilibres
déjà fragiles. De plus, en tenant compte des impacts du changement
climatique sur les migrations et la reproduction des espèces, ces
recherches contribuent à anticiper les changements dans la
dynamique des populations marines et à développer des stratégies
d’adaptation pour maintenir l’équilibre des écosystèmes à long
terme.

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