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Elle ne mesure que 2 mm… mais cette « peau de l’océan » pourrait changer notre compréhension du climat mondial

Elle ne mesure que 2 mm… mais cette « peau de l’océan » pourrait changer notre compréhension du climat mondial

  • samedi 10 mai 2025
  • 5

On l’appelle la
peau de l’océan. Invisible
à l’œil nu, cette fine couche d’eau, d’une épaisseur inférieure à 2
millimètres, recouvre l’ensemble des mers du globe. Pendant
longtemps, les chercheurs ont soupçonné qu’elle jouait un rôle dans
les échanges de gaz entre l’atmosphère et les océans, sans pouvoir
en mesurer précisément l’impact. Mais une nouvelle étude dirigée
par une équipe de l’Université d’Exeter, en collaboration avec
l’Agence spatiale européenne (ESA), vient de confirmer une
hypothèse cruciale : la peau de l’océan contribue de manière
significative à l’absorption du dioxyde de carbone (CO₂), l’un des
principaux gaz à effet de serre. Mieux encore, cette absorption
serait largement sous-estimée jusqu’à présent.

Une couche mince, mais
décisive

La peau océanique,
c’est cette zone située juste à l’interface entre l’air et l’eau.
Elle est légèrement plus froide que les couches d’eau sous-jacentes
– une différence de température infime, mais suffisante pour
modifier la capacité de l’eau à dissoudre les gaz. C’est
précisément ce que démontre la nouvelle étude publiée dans Nature Geoscience : cette mince pellicule favorise
la captation du CO₂, agissant comme un véritable tampon
climatique.

Jusqu’ici, cette idée
avait surtout été explorée dans des modèles théoriques ou des
expériences en laboratoire. Grâce à des instruments embarqués sur
des navires scientifiques sillonnant l’Atlantique, les chercheurs
ont pu pour la première fois réaliser des mesures précises en
conditions réelles.

Une absorption 7 % plus
élevée que prévu

Les résultats sont
frappants. Selon les mesures, l’Atlantique absorbe chaque
année environ 7 % de CO₂ de plus que ce que les estimations
traditionnelles suggéraient. Cela peut sembler modeste, mais si
l’on applique ce chiffre à l’ensemble des océans, cela
représenterait une quantité supplémentaire de CO₂ équivalente à une
fois et demie celle que capture la forêt amazonienne chaque
année.

Ce surplus
d’absorption, qui n’était pas pris en compte dans les modèles
climatiques jusqu’ici, a des implications majeures : il pourrait
améliorer la précision des projections liées au changement
climatique, tout en redéfinissant le rôle exact des océans dans la
régulation du carbone.


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Une vue de la surface de l’océan. Crédits :
Pexels/Pixabay

Un rôle central dans la lutte
contre le changement climatique

On le sait, les
océans absorbent environ un quart des émissions mondiales de CO₂
d’origine humaine. Ils constituent ainsi un pilier essentiel dans
la lutte contre le réchauffement climatique. Mais cette fonction a
un coût : l’excès de carbone dissous acidifie progressivement les
océans, ce qui menace la biodiversité marine.

Comprendre comment et
à quel rythme les océans capturent le CO₂ est donc vital, non
seulement pour la recherche, mais aussi pour les décideurs
politiques qui s’appuient sur ces données pour établir leurs
stratégies de réduction des émissions.

La science au service des
modèles climatiques

En intégrant ces
nouvelles observations sur la peau océanique dans les
budgets carbone globaux,
les scientifiques peuvent désormais affiner leurs modèles. Cela
permettra, à terme, de fournir des scénarios climatiques plus
fiables – et donc d’élaborer des politiques environnementales plus
efficaces.

Le Dr Daniel Ford,
auteur principal de l’étude, le résume ainsi :

« Nos résultats
confirment enfin, par l’observation, ce que la théorie suggérait
depuis des années. Cette couche minuscule mais omniprésente joue un
rôle critique dans les échanges gazeux entre l’océan et
l’atmosphère. »

Vers une meilleure gestion
des écosystèmes marins

Les implications de
cette étude ne se limitent pas aux chiffres. En mettant en lumière
le rôle sous-estimé de cette micro-couche océanique, les chercheurs
lancent aussi un message clair : la santé des océans est
étroitement liée à celle du climat mondial.

Cela plaide pour une
plus grande prise en compte des écosystèmes marins dans les
politiques climatiques, à travers la protection des zones côtières,
le suivi de l’acidification des océans, ou encore le soutien à
l’innovation dans la surveillance par satellite.

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