Ils sont partout : en pharmacie, en grande surface, sur
Internet… Les compléments alimentaires s’invitent dans nos routines
bien-être, souvent avec une promesse alléchante de santé « au
naturel ». Pourtant, derrière cette image innocente se cache
une réalité bien plus complexe – et parfois dangereuse – lorsqu’ils
sont pris en parallèle de traitements médicamenteux.
Naturel n’est pas synonyme
d’inoffensif
Près d’un adulte sur
cinq consomme aujourd’hui des compléments alimentaires en France,
selon l’Agence nationale de
sécurité sanitaire (Anses). Vitamines, minéraux, extraits de
plantes ou acides aminés… Ces produits, bien qu’en vente libre, ne
sont pas sans effet sur l’organisme. Et c’est justement là que le
bât blesse : leur interaction avec les médicaments est encore largement
sous-estimée.
Contrairement à ce
que l’on pourrait penser, les compléments peuvent interférer avec
le métabolisme des médicaments : en amplifiant leurs effets, ce qui
augmente le risque de surdosage, ou à l’inverse, en réduisant leur
efficacité.
Des associations à haut
risque
Parmi les associations
les plus risquées, certaines plantes posent particulièrement
problème. C’est le cas du millepertuis, souvent utilisé contre le stress ou la
dépression légère. Cette plante accélère le travail du foie, qui
élimine alors plus rapidement certains médicaments. Résultat : leur
concentration dans le sang chute, et ils deviennent moins
efficaces. Cela concerne notamment la pilule contraceptive, les
anticoagulants, ou encore certains traitements antiviraux.
Autre exemple : la
glucosamine, prise pour soulager les douleurs
articulaires, peut augmenter l’action des anticoagulants. Une telle
interaction expose à un risque accru d’hémorragie.
Enfin, des plantes
comme l’hydraste du Canada ou des extraits de
graine de pamplemousse peuvent freiner l’assimilation de certains
médicaments cardiovasculaires ou antibiotiques, les rendant moins
efficaces.

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Informer son médecin, un
réflexe vital
Le problème, c’est
que beaucoup de patients ne mentionnent pas la prise de compléments
à leur médecin. Par méconnaissance, ou parce qu’ils ne les
considèrent pas comme de “vrais” traitements. Ce non-dit est
pourtant lourd de conséquences, notamment avant une opération
chirurgicale, pendant une grossesse ou en cas de maladie
chronique.
Les autorités de
santé sont claires : toujours signaler tout complément alimentaire
pris régulièrement, y compris les “cures” ponctuelles, surtout en
cas d’automédication.
Comment limiter les risques
?
Voici quelques
conseils simples mais essentiels :
Ne jamais associer
plusieurs compléments sans avis médical.Éviter les cures
longues sans suivi.Être particulièrement
vigilant avec les produits achetés en ligne ou à l’étranger.Et en cas de doute ou
d’effet indésirable, le système Nutrivigilance de l’Anses permet de
déclarer les effets secondaires liés aux compléments.
En somme, les
compléments alimentaires peuvent avoir leur place dans une approche
de santé globale, mais ils nécessitent la même vigilance que les
médicaments. Alors avant d’avaler votre prochaine gélule de
spiruline ou de curcuma, posez-vous la question : est-ce vraiment
sans risque avec mon traitement actuel ?