Il y a un siècle, le monde venait à peine d’entrer dans l’ère moderne : les voitures remplaçaient lentement les chevaux, la radio devenait un média de masse, et la télévision n’était encore qu’un rêve technique. Pourtant, certains esprits visionnaires tentaient déjà de prédire ce que serait la vie dans un siècle. Parmi eux, un personnage étonnant : Archibald Montgomery Low, un inventeur britannique aussi excentrique qu’en avance sur son temps.
Un inventeur autodidacte et visionnaire
Né en 1888 à Londres, Low se qualifiait lui-même de « professeur », bien qu’il n’ait jamais occupé de poste académique officiel. Cela ne l’a pas empêché de marquer l’histoire des technologies : en 1914, il réalise le premier prototype de télévision, puis, pendant la Première Guerre mondiale, il conçoit ce qui est aujourd’hui considéré comme le tout premier drone militaire. Cet esprit pionnier lui vaut le surnom de « père des systèmes de radioguidage ».
Mais Low n’était pas seulement un ingénieur. Il était aussi un futurologue prolifique, publiant des articles et des livres dans lesquels il spéculait sur l’avenir. En 1925, il publie The Future, un ouvrage où il tente d’imaginer le monde en… 2025.
Des intuitions étonnamment justes
Près d’un siècle plus tard, certaines des prédictions de Low apparaissent incroyablement lucides. Il évoque, par exemple, des « téléphones automatiques qui obtiennent le bon numéro à chaque fois » — une description qui ressemble fortement aux smartphones modernes, notamment lorsqu’on pense à la composition automatique et aux répertoires numériques.
Dans un autre article de l’époque, il imagine que la télévision remplacera les journaux illustrés et que les informations seront diffusées par haut-parleur : une vision qui anticipe clairement la télévision d’information en continu et la radio moderne. Il prévoit également l’usage courant de trottoirs roulants et d’escalators, aujourd’hui omniprésents dans les centres commerciaux et les aéroports.
Low va même jusqu’à prédire l’utilisation de réveils sans fil, avec l’optimisme un peu naïf d’un monde où tout le monde se lèverait à 9h30. Plus sérieusement, il anticipe aussi le recours massif aux énergies renouvelables, affirmant que le vent et la marée devront être mis au service de l’Homme. Une intuition particulièrement juste au regard du développement des éoliennes et de l’énergie hydroélectrique aujourd’hui.
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Crédits : hxdbzxy/istockPrémonitions technologiques et dérives
Low ne s’est pas arrêté là. Il entrevoit également l’essor des services bancaires en ligne, ainsi que les dangers liés à l’usage de la technologie à des fins criminelles, évoquant des gangs ultra-connectés. Un sujet brûlant d’actualité avec la montée de la cybercriminalité et des réseaux organisés opérant à travers le numérique.
Il imagine même des lunettes spéciales permettant aux spectateurs de choisir le film qu’ils regardent — une idée qui fait écho aux casques de réalité virtuelle et aux plateformes de streaming personnalisées que nous utilisons aujourd’hui.
Un mélange de clairvoyance… et d’absurde
Bien sûr, toutes ses visions ne se sont pas réalisées, bien sûr. Low imaginait par exemple que l’humanité porterait des grenouillères en feutre synthétique au quotidien — une idée qui semble aujourd’hui sortie tout droit d’un défilé dystopique. Et il n’était pas seul à faire fausse route. Le biologiste J.B.S. Haldane, par exemple, affirmait en 1923 que des bébés seraient fabriqués en laboratoire d’ici 2023. Si la fécondation in vitro existe bel et bien, la prédiction reste très éloignée de la réalité.
Une fenêtre sur notre propre imaginaire
Ces prédictions, à la fois brillantes et fantaisistes, nous rappellent que le futur est souvent imaginé à travers les lunettes du présent. Archibald Low avait vu juste sur de nombreux points, non pas parce qu’il pouvait prédire l’avenir, mais parce qu’il comprenait profondément les dynamiques de l’innovation.
En relisant ses textes aujourd’hui, on ne peut s’empêcher de sourire… tout en reconnaissant que certains rêves d’hier sont devenus notre réalité.
