En tant que plus grand organe interne du corps humain, le foie joue un rôle crucial dans de nombreux processus corporels. Sa sensibilité aux effets de l’alcool en fait un indicateur précoce des dommages causés par une consommation excessive. Heureusement, il est possible de s’en défaire.
Le foie, un organe clé
Le foie est une structure multifonctionnelle essentielle à de nombreux processus physiologiques vitaux. Il joue notamment un rôle central dans le métabolisme des nutriments, y compris la conversion des glucides en glucose, la synthèse des protéines, et le stockage des vitamines et des minéraux. Il décompose également les médicaments et les produits chimiques afin de les transformer en composés moins nocifs pour être excrétés par le corps, stocke le glucose sous forme de glycogène qui peut être libéré dans le sang lorsque le corps a besoin d’énergie et synthétise la bile, une substance essentielle à la digestion des graisses.
Ce ne sont ici que des exemples. Il y en a beaucoup d’autres. Celui qui nous intéresse aujourd’hui est son rôle dans la détoxification du sang dans le but d’éliminer les toxines et les substances indésirables comme l’alcool. Cependant, lorsqu’une personne consomme régulièrement de l’alcool au-delà des limites recommandées, cela peut entraîner, entre autres problèmes de santé, des dommages à cet organe essentiel.
De l’inflammation à la cirrhose
Lorsque la quantité d’alcool est trop élevée, le foie peut avoir du mal à traiter l’excès d’éthanol. L’alcool est métabolisé en acétaldéhyde, une substance toxique qui peut endommager les cellules hépatiques. Pour atténuer ce stress, le foie commence alors à stocker l’excès d’éthanol sous forme de graisse, ce qui entraîne une accumulation de lipides dans les cellules hépatiques. Cette accumulation peut alors déclencher une réaction inflammatoire (une réponse du système immunitaire à un stress ou à une agression).
En réponse, le foie tente de se réparer en produisant du tissu cicatriciel, un processus connu sous le nom de fibrose hépatique. Le tissu cicatriciel est composé de collagène, une protéine fibreuse. Initialement, la fibrose peut être réversible si la cause sous-jacente, à savoir la consommation excessive d’alcool, est contrôlée. Cependant, si la consommation d’alcool persiste, la fibrose peut progresser vers la cirrhose. La cirrhose est caractérisée par la présence de cicatrices étendues dans le foie qui remplacent progressivement les tissus hépatiques normaux. À ce stade, la fonction hépatique est gravement compromise et des symptômes tels que la jaunisse, l’accumulation de liquide dans l’abdomen, la confusion et la fatigue peuvent survenir.

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Un foie malade. Crédits : Mohammed Haneefa Nizamudeen/iStockDe bonnes nouvelles
Lorsque la consommation d’alcool est stoppée, le foie a la capacité remarquable de se régénérer et de se rétablir, même après avoir subi des dommages. Après deux à trois semaines d’abstinence, le foie peut en effet commencer à montrer des signes de guérison chez les personnes atteintes de stéatose hépatique. L’arrêt de la consommation d’alcool permet finalement au foie de détoxifier et de métaboliser les graisses stockées, réduisant ainsi l’accumulation de graisse dans les cellules hépatiques.
Même en cas d’inflammation légère ou de cicatrices hépatiques débutantes, une amélioration notable peut également être observée en seulement sept jours après l’arrêt de la consommation d’alcool. L’inflammation diminue et le processus de guérison commence. La réduction de l’inflammation contribue à prévenir la progression des dommages et à permettre au foie de se réparer.
Chez les gros buveurs présentant des cicatrices plus graves ou une insuffisance hépatique, l’arrêt de l’alcool peut avoir des effets bénéfiques, mais il faut être un peu plus patients. Bien que la cirrhose soit un trouble plus avancé et que les cicatrices étendues soient plus difficiles à inverser, une certaine régression des lésions peut se produire au bout de quelques mois. Cela réduit le risque d’aggravation de l’insuffisance hépatique et de décès. Toutefois, il est important de noter que la restauration complète à l’état normal peut ne pas être possible dans les cas graves.
Cela souligne malgré tout l’importance cruciale de la cessation de la consommation d’alcool pour permettre au foie de se régénérer. Outre la guérison du foie, notez enfin que l’arrêt de la consommation d’alcool a des effets positifs sur le sommeil, les fonctions cérébrales et la tension artérielle. Il réduit également les risques de divers cancers, de maladies cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux.