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Biodiversité : les populations d’animaux sauvages se sont effondrées de 73 % en moyenne en 50 ans

Biodiversité : les populations d’animaux sauvages se sont effondrées de 73 % en moyenne en 50 ans

  • vendredi 11 octobre 2024
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Les populations mondiales d’animaux sauvages ont accusé une chute moyenne de 73 % au cours des cinquante dernières années selon une nouvelle analyse publiée mercredi par le Fonds mondial pour la nature (WWF). Des éléphants dans les forêts tropicales aux tortues imbriquées près de la Grande Barrière de Corail, la biodiversité est parfois proche du point de non-retour. Voici les chiffres clés à retenir de ce rapport catastrophique qui apporte toutefois aussi des nouvelles pleines d’espoir et propose des axes pour sauver la faune sauvage.


Le LPI : un relevé sur la biodiversité

Le Living Planet Index (LPI) est une mesure de l’état de la diversité biologique mondiale basée sur les tendances des populations d’espèces vertébrées dans les habitats terrestres, d’eau douce et marins. Pour opérer, le LPI se base sur les tendances de milliers de séries chronologiques de populations recueillies dans des sites surveillés à travers le monde. Plus précisément, le WWF et la Société zoologique de Londres suivent 5 495 espèces d’amphibiens, d’oiseaux, de poissons, de mammifères et de reptiles dans le monde et étudient, grâce à une base de données, les effets de l’activité humaine sur leurs populations.

Des résultats effarants

Selon le rapport Planète Vivante paru le 9 octobre 2024, le plus grand déclin s’enregistre dans les populations d’espèces d’eau douce, suivies des vertébrés terrestres et marins. En effet, les populations d’eau douce ont chuté en moyenne de 85 % tandis que les populations terrestres ont chuté de 69 % et les populations marines de 56 % au cours des cinq décennies entre 1970 et 2020. Cela donne ainsi une diminution moyenne de 73 % pour les 35 000 populations étudiées, et ce, principalement en raison des pressions humaines.

Parmi les exemples donnés, le rapport évoque la population de dauphins roses et tucuxis dans l’État brésilien de l’Amazonas en diminution respective de 65 et 57 % à cause de la chasse et du changement climatique qui menace également leur survie. Quant aux femelles tortues imbriquées, elles accusent un déclin dangereux de 57 % entre 1990 et 2018 contre pas moins de 88 % pour le saumon royal qui peuple le fleuve Sacramento en Californie.


Au Gabon, le nombre d’éléphants de forêt continue aussi sa chute en passant de 78 à 81 %, notamment en raison du braconnage pour le commerce de l’ivoire. Près de la moitié des éléphants de forêt du continent se trouvant au Gabon, cette diminution apparaît comme un « revers considérable » pour l’avenir de l’espèce selon la WWF.

Eléphant de forêt d’Afrique Loxodonta dans le parc national de Loango, Gabon, Afrique biodiversité
Crédits : EyeEm Mobile GmbH/iStock

Des déclins locaux à déplorer également

Le document nous avertit également que des habitats comme la forêt amazonienne atteignent des points de basculement, avec des conséquences potentiellement « catastrophiques » pour « la plupart des espèces ». « Cela nous indique vraiment que le tissu de la nature est en train de se défaire », déplore Rebecca Shaw, la scientifique en chef du WWF, à propos des conclusions du rapport.

Les pires déclins de biodiversité ont par ailleurs été observés en Amérique latine et dans les Caraïbes avec une chute moyenne de 95 % , suivie par l’Afrique (76 %) et l’Asie-Pacifique (60 %). Néanmoins, le rapport précise que cela est en partie dû au fait qu’en Europe, en Asie centrale et en Amérique du Nord, dont les populations animales ont tout de même diminué de plus d’un tiers, les habitants avaient déjà décimé la nature à grande échelle avant 1970.


Perte de la biodiversité : des conséquences à craindre pour l’humain

« Il ne s’agit pas seulement de la faune, il s’agit des écosystèmes essentiels qui soutiennent la vie humaine », rappelle Daudi Sumba, le directeur de la conservation au WWF. « Les changements pourraient être irréversibles avec des conséquences dévastatrices pour l’humanité », ajoute-t-il en revenant sur l’exemple de la déforestation en Amazonie qui pourrait « transformer cet écosystème crucial d’un puits de carbone en une source de carbone ». D’autres menaces incluent le changement climatique, notamment en Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi que la pollution, surtout en Amérique du Nord, en Asie et dans le Pacifique.

Rebecca Shaw précise que le déclin mondial de ces populations animales pourrait avoir des effets en cascade. « Les populations de vertébrés soutiennent la santé des écosystèmes et les services que nous en tirons, comme un climat stable, de l’eau abondante et propre, des sols sains pour cultiver des aliments, des pêcheries productives qui fournissent des protéines aux gens. […] Si vous avez ce genre de déclin des populations de vertébrés dans le monde entier, vous allez avoir du mal à soutenir la santé et le bien-être humains à long terme. »

Des actions pour la biodiversité : agir est possible

déforestation illégale dans la forêt amazonienne de Jamanxim, Para, Brésil planète et biodiversité
Crédits : Paralaxis/iStock

Le rapport explique qu’environ 40 % de toutes les terres habitables de la Terre servent pour la production alimentaire, estimant au passage que la perte et la dégradation des habitats (principalement causées par la production alimentaire humaine, y compris le défrichage des forêts tropicales pour laisser place aux ranchs bovins) constituent la plus grande menace pour les populations animales dans le monde, suivies par la surexploitation, les espèces invasives, les maladies, le changement climatique et la pollution.


« Pour maintenir une planète vivante où les gens et la nature prospèrent, nous avons besoin d’une action à la hauteur du défi », déclare ainsi le rapport qui appelle à « rien de moins qu’une transformation de nos systèmes alimentaires, énergétiques et financiers ». Selon Rebecca Shaw, chaque individu peut contribuer à faire une différence très simplement par ses choix alimentaires, notamment en réduisant le gaspillage alimentaire et en mangeant moins de protéines animales, car la culture des plantes nécessite moins de terres. Cela pourrait passer aussi par une adaptation sur notre manière de voyager ou de nous habiller.

Le rapport insiste toutefois aussi sur les objectifs internationaux existants, tels que l’accord historique adopté lors de la dernière réunion des Nations unies sur la biodiversité en 2022 qui avait décidé la conservation et la protection de 30 % des terres, des océans, des zones côtières et des eaux intérieures d’ici 2030 contre la pollution, la dégradation et le changement climatique. Des actions politiques fortes seront donc de mise pour éviter le non-retour, d’autant que comme le rappelle Kirsten Schuijt, la directrice générale du WWF International, « tous ces accords ont des échéances en 2030 qui risquent de ne pas être respectées ».

Tout espoir n’est pas perdu

« La bonne nouvelle est que nous n’avons pas encore atteint le point de non-retour », affirme Kirsten Schuijt. Le rapport revient en effet sur des signes encourageants et des succès liés aux efforts de conservation et à la réintroduction d’espèces. Certaines populations se sont en effet stabilisées ou ont même augmenté. Par exemple, une sous-population de gorilles des montagnes dans les montagnes Virunga, en Afrique de l’Est, a augmenté d’environ 3 % par an entre 2010 et 2016. Le bison européen, qui avait disparu à l’état sauvage en 1927, mais qui signe son grand retour grâce à des programmes d’élevage à grande échelle et à des réintroductions réussies, principalement dans des zones protégées, est aussi un beau succès.

bisons d'Europe groupe réintroduction
Crédits : Piotr Krzeslak/iStock

Cependant, la Liste rouge de l’UICN estime qu’un tiers des espèces végétales et animales parmi les plus de 160 000 qu’elle répertorie risquent l’extinction. Parmi celles évaluées, 41 % des amphibiens, 26 % des mammifères et 34 % des conifères sont notamment menacés de disparition. À l’aube de la COP16, il reste donc encore beaucoup de travail à accomplir pour sauver la biodiversité…

Consultez les détails du rapport ici et le communiqué de presse de la WWF sur ce lien.

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