(Agence Ecofin) - Début août, quelques parlementaires ghanéens de l’opposition ont proposé un projet de loi restreignant sévèrement les libertés des personnes LGBT au Ghana. Suite au tollé provoqué entre les défenseurs des minorités et les courants homophobes, les regards sont désormais tournés vers Nana Akufo-Addo.
Une proposition de loi enflamme le débat politique ghanéen. Des députés de l’opposition ont récemment présenté un texte requérant une peine d’emprisonnement de 10 ans pour les LGBT et leurs soutiens. Cette volonté radicale de réprimer et de restreindre les libertés des minorités sexuelles n’est qu’une nouvelle résultante du courant de pensée majoritaire dans un pays pourtant connu pour son respect des droits de l’homme.
Parliamentarian Samuel Nartey George from the opposition National Democratic Congress said he and seven other MPs hoped their private members' bill to ban LGBT+ advocacy would be passed before the parliamentary session ends on March 31.https://t.co/gHUyJdNSqv
— Sowetan LIVE (@SowetanLIVE) March 10, 2021
Si à priori, le projet aurait la faveur d’une grande partie de la population, il place néanmoins le président Akufo-Addo dans une position délicate. Lui-même conservateur, le chef d’Etat du Ghana ne peut cependant pas se permettre de soutenir une initiative aussi répressive. D’abord parce que cela ne siérait pas à son statut de dirigeant moderne et pacifique, mais aussi parce que la communauté internationale a régulièrement acclamé sa politique liberale en la matière.
Il faut savoir qu’au Ghana, la loi interdit les relations sexuelles dites « contre-nature », et les punit de 5 à 25 ans de prison. Mais elle n’est quasiment pas appliquée, aucun cas de poursuite n’étant connu. Cela a permis l’implantation d’organisations de défense des droits des LGBT qui luttent contre les violences perpétrées contre ces minorités, pourtant bien réelles. Fin janvier 2021, l’association LGBT+ Rights Ghana a vu ses locaux pris d’assaut par des homophobes harangués par des chefs traditionnels.
This morning, our office was raided by National Security. A few days ago, traditional leaders threatened to burn down our office but the police did not help. pic.twitter.com/FM2XVXDnJL
— LGBT+ Rights Ghana (@LGBTRightsGhana) February 24, 2021
En guise d’intervention, la police a temporairement fait fermer les locaux, au lieu, estime Franck Doyi, représentant d’Amnesty International, de les protéger contre les attaques. Fin février, c’est le chef de l’Etat en personne qui a déclaré lors d’un événement rassemblant des autorités religieuses catholiques du pays, que « ce ne sera pas sous la présidence de Nana Addo Dankwa Akufo-Addo que le mariage homosexuel sera légalisé ». En 2017, il avait déjà affirmé à Al Jazeera qu’il ne pensait pas les Ghanéens disposés à accepter l’homosexualité et qu’il fallait laisser les choses suivre leur cours naturel.
“I have said it before, and let me stress it again, that it will not be under the Presidency of Nana Addo Dankwah Akufo-Addo that same-sex marriage will be legal,” - Ghana's President @NAkufoAddo said yesterday
The #LGBTQ community is not asking for marriage! #RepealSection104✊? pic.twitter.com/R7dVZO9My6
A voir comment le chef de l’Etat va réagir à cette demande parlementaire qui fait de plus en plus de bruit tant sur le plan national qu'international. Nombre d’observateurs pensent qu’il se serait bien passé de ce piège politique, alors qu’il est engagé dans une opération séduction pour attirer les investissements de la diaspora ghanéenne ainsi que la communauté afro-américaine.
Fériol Bewa