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Viande rouge et santé : des années de recherches bâclées ont-elles exagéré le risque ?

Viande rouge et santé : des années de recherches bâclées ont-elles exagéré le risque ?

  • vendredi 21 mars 2025
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Depuis des années, la viande rouge est pointée du doigt comme un aliment dangereux pour la santé. De nombreuses études l’ont en effet associée à des maladies cardiovasculaires, au diabète de type 2 et à certains cancers. Toutefois, ces recherches sont-elles réellement fiables ? Une analyse approfondie menée par l’Institut de mesure et d’évaluation de la santé (IHME) de l’Université de Washington remet en question ces conclusions. Leur verdict est sans appel : les preuves d’un lien direct entre la consommation de viande rouge et ces maladies sont faibles, voire inexistantes.


Une recherche truffée de failles

La majorité des études incriminant la viande rouge sont observationnelles, c’est-à-dire qu’elles se contentent d’établir une corrélation entre la consommation de cet aliment et divers problèmes de santé. Or, corrélation ne signifie pas causalité. Ces travaux ne permettent pas de prouver que c’est bien la viande rouge qui cause les maladies observées, et non d’autres facteurs liés au mode de vie des participants.

Par exemple, les personnes qui mangent plus de viande rouge ont souvent un mode de vie moins sain en général : elles consomment moins de fruits et légumes, font moins d’exercice et, dans certains cas, ont un taux plus élevé de tabagisme ou de consommation d’alcool. Ces variables dites « confusionnelles » ne sont pas toujours bien prises en compte dans les études, faussant ainsi leurs résultats.

Un autre problème majeur réside dans le fait que les données alimentaires utilisées sont souvent autodéclarées. Or, il est bien connu que les gens ont tendance à mal estimer ce qu’ils mangent, ce qui introduit un biais supplémentaire. Enfin, les augmentations de risque souvent citées sont relativement faibles : un risque accru de 15 % pour un type de cancer est-il réellement significatif ?


Une étude qui bouscule les idées reçues

Face à ces faiblesses méthodologiques, les chercheurs de l’IHME ont entrepris un travail inédit : passer en revue des décennies d’études et évaluer la solidité des preuves reliant la viande rouge à diverses maladies. Pour cela, ils ont mis au point une nouvelle approche, appelée fonction de risque de la charge de la preuve. Cet outil permet d’attribuer une note de une à cinq étoiles à un facteur de risque en fonction de la robustesse des données existantes.

Leurs conclusions sont sans équivoque :

  • Aucun lien solide n’a été trouvé entre la consommation de viande rouge non transformée et des maladies comme le cancer colorectal, le cancer du sein, le diabète de type 2 ou les maladies cardiovasculaires.
  • Aucun des effets supposément négatifs de la viande rouge n’a obtenu plus de deux étoiles sur leur échelle d’évaluation, ce qui indique des preuves très faibles voire inexistantes.

Le Dr Steven Novella, neurologue à l’université de Yale, résume ainsi ces résultats :
« Les preuves d’un risque sanitaire direct lié à la consommation régulière de viande sont très faibles, à tel point qu’il n’y a probablement aucun risque. En revanche, il existe davantage de preuves suggérant qu’une alimentation pauvre en légumes est un facteur de risque bien plus préoccupant. Le véritable danger d’une alimentation riche en viande, c’est qu’elle remplace d’autres aliments bénéfiques. »


viande rouge supermarché aliment le plus polluant
©Free-Photos/Pixabay

Vers une approche plus rigoureuse des risques alimentaires

L’étude de l’IHME met en lumière un problème plus large : la recherche en nutrition et en santé publique est souvent marquée par un manque de rigueur scientifique. Chaque année, de nombreuses études sont publiées sur les liens entre alimentation et santé, mais la plupart se contentent d’établir des corrélations sans preuve solide de causalité. Résultat : des recommandations alimentaires souvent exagérées, voire erronées.

En développant leur méthode de notation du risque, les chercheurs de l’IHME espèrent offrir un outil fiable et transparent pour mieux informer le public et les décideurs politiques. L’objectif est de se concentrer sur les véritables facteurs de risque, et non sur des corrélations fragiles qui alimentent des peurs injustifiées.

Le Dr Emmanuela Gakidou, auteure principale de l’étude, explique : « Notre analyse peut aider à mieux orienter les politiques de santé et les campagnes de prévention, en mettant l’accent sur les risques qui ont réellement un impact significatif. Elle peut aussi permettre d’identifier les domaines où les données sont insuffisantes et où des recherches plus approfondies sont nécessaires. »


Faut-il arrêter de se méfier de la viande rouge ?

Alors, peut-on consommer de la viande rouge sans crainte ? Il est important de rappeler que l’équilibre alimentaire reste essentiel. Ce n’est pas tant la viande rouge en elle-même qui pose problème, mais plutôt un régime alimentaire déséquilibré. Manger de la viande rouge en quantité modérée, dans le cadre d’une alimentation variée et riche en légumes, ne semble présenter aucun risque majeur pour la santé.

En revanche, les viandes transformées, comme les charcuteries, sont davantage mises en cause dans les études, en raison des additifs et procédés de transformation qu’elles subissent. Il pourrait donc être plus pertinent de limiter leur consommation, plutôt que de diaboliser la viande rouge en général.

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