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Une seule protéine pourrait avoir contribué à façonner l’émergence du langage parlé

Une seule protéine pourrait avoir contribué à façonner l’émergence du langage parlé

  • mercredi 19 février 2025
  • 21

Depuis des décennies, l’origine du langage humain fascine les scientifiques. Comment sommes-nous devenus les seuls animaux capables de communiquer des pensées complexes, de raconter des histoires ou de transmettre des savoirs abstraits ? Une étude révolutionnaire apporte un nouvel éclairage sur cette énigme. Elle identifie une protéine unique, NOVA1, qui pourrait avoir joué un rôle clé dans l’émergence du langage parlé. Cette découverte bouleverse les théories existantes sur l’évolution du langage et ouvre des perspectives passionnantes en neurosciences et en génétique.


Le mystère des origines du langage humain

L’origine du langage humain reste un sujet controversé. Pour les anthropologues et linguistes, cette question est aussi fascinante que complexe. Quand et comment le langage est-il apparu ? Est-il le fruit d’une mutation génétique, d’une évolution culturelle ou d’une combinaison des deux ?

Les scientifiques savent que les Homo sapiens modernes possèdent un appareil vocal unique et des circuits neuronaux hautement spécialisés dans la production et la compréhension du langage. Toutefois, des recherches récentes montrent que les Néandertaliens avaient des caractéristiques anatomiques similaires au niveau de la gorge et des oreilles, leur permettant potentiellement de produire et d’entendre un langage articulé.

De plus, ils partageaient avec nous une variante du gène FOXP2, longtemps considéré comme un gène du langage. Cependant, cette découverte n’a pas suffi à expliquer pourquoi seuls les Homo sapiens ont développé des langues complexes et diversifiées.


Une nouvelle étude sur NOVA1 pourrait bien changer la donne. Pour la première fois, une variante de cette protéine a été identifiée uniquement chez les humains modernes, ce qui suggère un rôle potentiel dans l’émergence du langage parlé.

NOVA1 : Une protéine aux pouvoirs insoupçonnés

Qu’est-ce que NOVA1 ? Il s’agit d’une protéine de liaison à l’ARN qui est cruciale pour le développement neuronal. Découverte en 1993 par Robert B. Darnell, chercheur à l’Université Rockefeller, cette protéine contrôle l’expression de gènes impliqués dans le développement du cerveau et la coordination neuromusculaire.

La nouveauté réside dans une variante spécifique à Homo sapiens : un changement unique d’acide aminé (de l’isoleucine à la valine en position I197V dans la chaîne protéique). Cette mutation ne se retrouve ni chez les Néandertaliens ni chez les Dénisoviens, deux espèces humaines archaïques qui ont pourtant cohabité avec nos ancêtres et se sont même croisées avec eux.


Pour comprendre l’impact de cette mutation, les chercheurs ont utilisé CRISPR, une technologie d’édition génétique, pour introduire la variante humaine de NOVA1 chez des souris. Le résultat a été surprenant : les vocalisations des souris ont changé, tant chez les petits appelant leur mère que chez les mâles adultes lors de parades nuptiales.

Ces observations suggèrent donc un lien direct entre cette protéine et la communication vocale, ce qui ouvre la voie à l’hypothèse selon laquelle NOVA1 aurait pu jouer un rôle clé dans l’évolution du langage humain, d’autant que son apparition coïncide avec l’émergence des premiers Homo sapiens modernes en Afrique il y a environ 250 000 à 300 000 ans.

langage protéine
Schéma d’expression de NOVA1 dans le cerveau d’une souris. NOVA1 en vert, noyaux (DAPI) en bleu. Crédits : Laboratoire de neuro-oncologie moléculaire de l’Université Rockefeller

Implications pour la recherche et la médecine

La découverte de cette protéine ne se limite pas à l’évolution humaine; elle ouvre également de nouvelles perspectives dans le domaine des neurosciences et de la médecine.


En régulant les circuits neuronaux liés à la vocalisation, NOVA1 pourrait jouer un rôle crucial dans certains troubles du langage, comme l’autisme non verbal. Elle pourrait également être impliquée dans des maladies neurodégénératives affectant la communication.

L’équipe de recherche explore actuellement ces pistes en étudiant les variantes génétiques de NOVA1 associées à des troubles du développement du langage et de la motricité. Cette approche pourrait à terme conduire à de nouvelles thérapies géniques ou à des outils diagnostiques pour détecter précocement ces troubles.

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