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Une putois à pattes noires clonée vient de donner naissance à deux bébés

Une putois à pattes noires clonée vient de donner naissance à deux bébés

  • vendredi 8 novembre 2024
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Le putois à pieds noirs (Mustela nigripes), une espèce originaire des prairies d’Amérique du Nord, a failli disparaître en raison de la perte de son habitat naturel et du déclin de ses principales proies, les chiens de prairie, perçus comme des nuisibles. Pour ne rien arranger, l’espèce a également été sévèrement touchée par des épidémies de maladies comme la peste sylvatique et la maladie de Carré (un virus souvent fatal pour les carnivores). Ces facteurs combinés ont conduit à une chute inquiétante de la population au vingtième siècle. Après plusieurs décennies de travail, des efforts de conservation pour sauver l’espèce de l’extinction ont toutefois commencé à porter leurs fruits.


Antonia, qui avait déjà marqué l’histoire après avoir été clonée à partir d’un ancien échantillon de tissu, devenant alors l’un des trois clones de putois à pieds noirs vivants aujourd’hui, vient pour la première fois de donner naissance à deux bébés, une première historique pour un animal en voie de disparition cloné.

Un putois à pieds noirs cloné qui fait l’histoire

Antonia et ses sœurs clones, Elizabeth-Ann et Noreen ont été créées en utilisant les cellules congelées d’un individu décédé appelé Willa, morte en 1988. Son matériel génétique, préservé grâce au Zoo Congelé de l’Alliance de la Faune du Zoo de San Diego, s’est avéré précieux. Ses échantillons contenaient en effet trois fois la diversité génétique observée dans la population actuelle de putois à pieds noirs, dont tous les individus (à l’exception des trois clones et des nouveaux petits) sont issus des sept seuls survivants de l’espèce. Or, c’est important, car l’introduction de ces gènes, jusqu’alors absents, pourrait jouer un rôle clé dans l’augmentation de la diversité génétique de l’espèce, ce qui est essentiel pour son rétablissement sain et durable.

À la base, les chercheurs espéraient qu’Elizabeth-Ann puisse être la première à avoir ses propres petits. Toutefois, un système reproducteur sous-développé et une maladie appelée hydromètre l’en ont empêchée. Sa sœur Antonia a néanmoins réalisé cet exploit en devenant le tout premier clone de cette espèce en voie de disparition à donner la vie. En effet, elle a récemment donné naissance avec succès à trois petits après s’être accouplée avec Urchin, un putois à pieds noirs de trois ans qui vit au NZCBI du Smithsonian, un parc zoologique situé à Washington (États-Unis). C’est la première fois qu’une espèce en voie de disparition clonée aux États-Unis produit une descendance, ce qui marque ainsi un pas crucial vers l’utilisation du clonage pour renforcer la diversité génétique dans les efforts de conservation.


Antonia, maman putois à pieds noirs
Antonia, la mère putois qui vient de marquer l’histoire. Crédits : le NZCBI/Smithsonian

Deux bébés putois toujours en bonne santé

Bien qu’un des trois petits soit décédé peu après la naissance, les deux autres, un mâle et une femelle, sont en bonne santé et se développent bien grâce aux bons soins des gardiens de carnivores du NZCBI. Antonia et ses petits resteront par ailleurs au centre pour d’autres recherches et il n’y a pour l’heure aucun projet de les libérer dans la nature. « La reproduction réussie et la naissance des petits d’Antonia marquent une étape majeure dans la conservation des espèces en voie de disparition », affirme en tout cas Paul Marinari, le conservateur en chef du NZCBI du Smithsonian. « Les nombreux partenaires du Programme de Récupération du Putois à pieds noirs poursuivent leurs efforts innovants et inspirants pour sauver cette espèce et être un modèle pour d’autres programmes de conservation dans le monde. »

Un effort collectif qui a pris plus de 35 ans

Cette réussite scientifique est le fruit d’une collaboration entre le U.S. Fish and Wildlife Service et des partenaires tels que le NZCBI du Smithsonian (qui avait annoncé la bonne nouvelle sur Instagram), Revive & Restore, l’Alliance de la Faune du Zoo de San Diego, ViaGen Pets & Equine, et l’Association des Zoos et Aquariums. Ces organisations soulignent que le clonage offre un outil important pour remédier aux goulets d’étranglement génétiques et aux menaces liées à des maladies telles que la peste sylvatique et la maladie de Carré qui compliquent les efforts de rétablissement des putois à pieds noirs.

Plus important encore, cette reproduction réussie d’une espèce en voie de disparition clonée marque une avancée dans la recherche en génétique de conservation et prouve au passage que la technologie du clonage peut non seulement aider à restaurer la diversité génétique, mais aussi permettre des reproductions futures. Cela ouvre ainsi de nouvelles possibilités pour le rétablissement des espèces et représente surtout une étape significative pour sauvegarder l’avenir des putois à pieds noirs et surmonter les défis génétiques qui ont jusqu’ici entravé les efforts de rétablissement de cette espèce fragile.

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