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Les victimes de Pompéi ne sont pas celles que l’on pensait

Les victimes de Pompéi ne sont pas celles que l’on pensait

  • vendredi 8 novembre 2024
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En 79 après J.-C., l’éruption du Vésuve recouvrait la ville de Pompéi d’une épaisse couche de cendres, piégeant ses habitants dans une mort brutale et figeant leurs dernières positions pour des siècles. Cette tragédie aura permis aux archéologues d’explorer une ville ancienne quasi intacte. Les techniques de moulage inventées au dix-neuvième siècle ont notamment révélé des silhouettes humaines en pleins gestes d’agonie, saisissantes et figées. À travers ces formes humaines, les chercheurs et le public ont longtemps imaginé des histoires de familles, de couples, de parents et d’enfants, construisant des récits autour de ces statues de cendres. Cependant, de nouvelles analyses ADN bouleversent ces interprétations. 


Des silhouettes figées dans le temps

Les moulages de Pompéi ne sont pas les vrais corps des victimes de l’éruption du Vésuve, mais des reproductions très fidèles de leur silhouette figée dans la cendre. Dans le détail, lors de l’éruption en 79 après J.-C., la ville fut engloutie sous des couches de cendres, de pierre ponce et de coulées pyroclastiques qui ont instantanément tué les habitants et recouvert leurs corps. Au fil du temps, les tissus des corps se sont décomposés, mais ils ont laissé une cavité correspondant à leur forme dans la cendre.

Au dix-neuvième siècle, l’archéologue Giuseppe Fiorelli a mis au point une technique pour remplir ces cavités avec du plâtre. Cette méthode a permis de créer des moulages saisissants des victimes et de préserver leur position, leurs gestes et même certains détails de leur dernière posture. Ces statues de plâtre donnent ainsi l’illusion de figurer les personnes au moment de leur mort. Bien que ces moulages soient des reproductions, ils sont ainsi devenus des témoins précieux de la vie quotidienne à Pompéi et une fenêtre poignante sur les derniers instants de ses habitants.

Des révélations surprenantes grâce à l’analyse ADN

Avec leur niveau de détail impressionnant, ces moulages ont permis aux archéologues d’imaginer des liens entre les victimes basés sur leurs positions et accessoires. Par exemple, une figure en apparence maternelle qui tient un enfant sur ses genoux a longtemps été considérée comme celle d’une mère et de son jeune fils, notamment parce que cette personne portait un bracelet en or, un détail souvent associé aux femmes dans les interprétations archéologiques. Cependant, les analyses ADN récentes révèlent qu’il s’agissait en fait d’un homme adulte et d’un enfant sans aucun lien de parenté. Ainsi, cette scène ne correspondait pas à la relation parent-enfant que l’on avait longtemps supposée.


Un autre cas emblématique concerne deux personnes retrouvées dans une étreinte, interprétées d’abord comme étant soit des sœurs, soit une mère et sa fille. Là encore, l’analyse génétique a permis de découvrir que l’une de ces deux personnes était en réalité un homme, ce qui remet à nouveau en question la relation initialement perçue.

Dans un autre exemple, quatre personnes, deux adultes et deux enfants, ont été retrouvées dans ce qu’on appelle la maison du bracelet d’or. En raison de leur proximité et de leur posture, ces personnes avaient été identifiées comme une famille unie dans ses derniers instants. Toutefois, là encore, l’ADN a révélé l’absence totale de lien génétique entre ces individus, dissipant ainsi l’image romantique d’une famille liée par le sang. Ces exemples montrent bien que de nombreuses relations supposées reposaient sur des projections modernes plutôt que sur des preuves concrètes.

Pompéi
Une photo des moulages des corps de deux adultes et de deux enfants. Une nouvelle analyse ADN montre que ces quatre personnes n’ont aucun lien génétique entre elles. Crédits : Parc archéologique de Pompéi.

Une population diversifiée et multiethnique

Outre les relations familiales, ces analyses ADN ont aussi révélé la diversité génétique chez les habitants de Pompéi. Les chercheurs ont en effet identifié des origines variées avec des ancêtres venus de différentes régions du bassin méditerranéen, notamment de l’est. Ces résultats confirment l’aspect cosmopolite et multiethnique de l’Empire romain. Pompéi n’était donc pas seulement une ville de citoyens romains homogènes, mais un lieu de vie où se croisaient différentes cultures et populations, reflétant la diversité qui caractérisait l’Empire.


Ces découvertes soulignent ainsi l’importance de ne pas imposer nos propres conceptions modernes sur le passé. Les archéologues du dix-neuvième et du début du vingtième siècle ont souvent interprété les relations entre les victimes de Pompéi en fonction de leurs propres idées sur la famille et la société. Cependant, les structures sociales de l’Empire romain étaient probablement bien plus variées et fluides que ce que l’on pensait. Peut-être que des adultes et des enfants vivaient ensemble sans lien biologique particulier ou que des hommes portaient des bijoux en or, ce qui était rare, mais pas improbable dans certaines cultures antiques.

L’équipe de recherche a également souligné que ces découvertes peuvent avoir des répercussions sur la manière dont les musées présentent les moulages de Pompéi. En effet, certains moulages ont été exposés dans des poses spécifiques, influencées par des hypothèses modernes. En réalité, les relations entre ces individus pourraient être plus complexes, voire totalement différentes de celles qui ont été proposées au public pendant des décennies.

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