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Une partie ancienne du cerveau vous dit quand arrêter de manger

Une partie ancienne du cerveau vous dit quand arrêter de manger

  • jeudi 6 février 2025
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Qui n’a jamais ressenti ce désir irrésistible de finir son assiette, voire de se resservir même lorsque la satiété semble déjà présente ? Que ce soit face à un dessert appétissant ou un plat préféré, nous avons parfois du mal à déterminer le moment idéal pour poser nos couverts. Pourtant, cette décision n’est pas uniquement liée à notre volonté ou à nos habitudes : elle est étroitement contrôlée par des mécanismes complexes dans notre cerveau. Des chercheurs viennent justement de découvrir que le tronc cérébral, une région très ancienne du cerveau, joue un rôle essentiel dans cette régulation.


Le tronc cérébral : un centre de contrôle ancestral

Le tronc cérébral est l’une des parties les plus primitives de notre cerveau en termes d’évolution. Il s’agit d’une structure essentielle à la survie, responsable de fonctions vitales comme la respiration, le rythme cardiaque et la pression artérielle. Toutefois, son rôle ne s’arrête pas là : il intervient également dans la gestion de nos comportements alimentaires.

Jusqu’à présent, on savait que d’autres parties du cerveau, comme l’hypothalamus, régulaient la sensation de faim en fonction des besoins énergétiques du corps. Cependant, la façon dont le cerveau évalue en temps réel la quantité de nourriture ingérée restait floue. C’est là que cette nouvelle découverte apporte un éclairage novateur.

Des neurones qui freinent l’appétit

Des scientifiques ont récemment identifié un groupe spécifique de neurones, appelés neurones à cholécystokinine (CCK), situés dans le tronc cérébral. Ils jouent un rôle crucial dans la régulation de notre appétit en agissant comme de véritables capteurs internes. Leur fonction principale est d’intégrer et d’interpréter différents signaux envoyés par notre corps pendant que nous mangeons.


Ces neurones CCK recueillent des informations qui proviennent de trois sources principales. Tout d’abord, ils analysent la quantité de nourriture présente dans la bouche en tenant compte des signaux envoyés par les récepteurs sensoriels. Ensuite, ils évaluent le degré de remplissage de l’estomac et détectent à quel point il est distendu par la nourriture. Enfin, ils surveillent le niveau des hormones liées à la faim dans le sang (la ghréline et la leptine) qui augmentent ou diminuent en fonction de notre consommation alimentaire et de notre métabolisme.

Lorsque l’ensemble de ces signaux atteint un certain seuil, les neurones CCK envoient un message clair au cerveau : il est temps d’arrêter de manger. Cette communication déclenche la sensation de satiété, ce sentiment de plénitude et de satisfaction qui nous pousse à poser la fourchette. On peut comparer ce processus à un feu de circulation : tant que les signaux de satiété ne sont pas assez forts, le feu reste vert et nous continuons d’ingérer la nourriture. Une fois le seuil atteint, le feu passe au rouge et signale qu’il est temps de s’arrêter.

cerveau manger
Le tronc cérébral, illustré en orange ci-dessus, relie la partie principale du cerveau à la moelle épinière. Crédits : libre de droit /iStock

Comment les chercheurs ont-ils fait cette découverte sur le cerveau ?

Pour mieux comprendre le rôle précis des neurones CCK, les scientifiques ont mené une série d’expériences innovantes sur des souris de laboratoire. Ils ont utilisé une technique de pointe appelée optogénétique qui permet d’activer ou de désactiver des neurones spécifiques à l’aide de la lumière. Grâce à une modification génétique, les cellules nerveuses des souris pouvaient ainsi être contrôlées avec une grande précision.


Les résultats de ces expériences ont été particulièrement révélateurs. Lorsque ces neurones étaient activés, les souris consommaient des repas plus petits et s’arrêtaient de manger plus rapidement que les souris non modifiées. Cette observation confirme leur rôle central dans la sensation de satiété. De plus, les chercheurs ont constaté que l’intensité de leur activation influençait directement la rapidité avec laquelle les souris cessaient de manger : plus l’activation était forte, plus l’arrêt de l’alimentation était rapide.

Ces découvertes montrent clairement que les neurones CCK agissent comme un véritable régulateur de l’appétit qui contrôle non seulement la quantité de nourriture ingérée à chaque repas, mais aussi le moment précis où l’organisme décide qu’il en a suffisamment. Ce mécanisme de régulation pourrait avoir des implications majeures dans la compréhension des comportements alimentaires non seulement chez les rongeurs, mais potentiellement aussi chez les humains.

Et chez les humains ? Vers de nouveaux traitements ?

Bien que cette étude ait été réalisée sur des souris, les chercheurs estiment que des mécanismes similaires existent chez l’humain. Le tronc cérébral des souris et des humains présente en effet de nombreuses similitudes structurelles et fonctionnelles. Si cette hypothèse se confirme, cette découverte pourrait ouvrir la voie à des traitements novateurs contre l’obésité et les troubles alimentaires. En ciblant ces neurones, il serait possible de réguler l’appétit de façon précise afin d’aider les personnes en surpoids à mieux contrôler leur consommation alimentaire.

D’ailleurs, les chercheurs ont testé un médicament appelé exendine-4 sur les souris qui a activé les neurones CCK et réduit leur appétit. Ce médicament appartient à la même famille que des traitements bien connus comme Ozempic et Wegovy, déjà utilisés pour traiter le diabète de type 2 et l’obésité. Cela renforce l’idée que ces cellules nerveuses jouent un rôle central dans la régulation de l’alimentation.

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