Des fossiles vieux de 69 millions d’années découverts en Antarctique pourraient appartenir au plus ancien représentant des oiseaux actuels jamais découvert. Si tel est le cas, cette créature, dotée de caractéristiques uniques, pourrait éclairer leurs origines et ouvrir de nouvelles pistes sur leur évolution tout en apportant un éclairage inédit sur les liens entre les oiseaux d’aujourd’hui et les dinosaures.
Des oiseaux à l’apparence moderne
Ces fossiles, qui représentent une espèce nouvelle pour la science nommée Vegavis iaai, appartiennent à un oiseau aquatique préhistorique. Fouillés en 2011 en Antarctique, ils n’ont été analysés que récemment. Le crâne présente des caractéristiques frappantes semblables à celles des oiseaux modernes. L’une des caractéristiques les plus marquantes de cette découverte est la structure du bec. Chez la majorité des oiseaux prémodernes, le bec est composé d’un os principal (le maxillaire) auquel s’ajoute un petit os appelé prémaxillaire à son extrémité. Chez Vegavis, cependant, le prémaxillaire couvre l’intégralité du bec avec un maxillaire minuscule. Cette caractéristique, typique des oiseaux modernes, est particulièrement présente chez les oiseaux aquatiques comme les canards et les oies.
De plus, l’analyse du crâne a révélé une spécialisation étonnante de la mâchoire, similaire à celle des oiseaux plongeurs modernes tels que les cormorans ou les plongeons qui utilisent un bec long et fin pour attraper des poissons. Cette spécialisation alimentaire, apparue aussi tôt dans l’évolution des oiseaux, est une découverte capitale pour mieux comprendre comment ces créatures se sont adaptées aux environnements aquatiques.
L’analyse de ce fossile suggère que cet oiseau pourrait être un ancêtre lointain des canards et des oies modernes, mais la question demeure ouverte. Bien que le fossile présente des caractéristiques typiques des oiseaux modernes, il reste difficile de prouver de manière concluante son lien exact avec ces espèces actuelles. Il est notamment possible que Vegavis représente une lignée distincte qui aurait évolué parallèlement aux ancêtres des oiseaux actuels.


Le rôle crucial de l’Antarctique dans cette découverte
À l’époque de Vegavis iaai, l’Antarctique était bien différent du continent glacé et désertique que nous connaissons aujourd’hui. Il y a 69 millions d’années, ce territoire était recouvert de végétation luxuriante et baignait dans un climat beaucoup plus tempéré. Cet environnement plus favorable a permis la préservation d’espèces uniques, dont Vegavis, tout en offrant des conditions propices à leur survie.
Cependant, l’isolement géographique de l’Antarctique a probablement joué un rôle encore plus crucial. En étant éloignée des autres régions du monde, cette zone a pu offrir un refuge naturel aux espèces locales, comme Vegavis, les protégeant ainsi des impacts directs de l’extinction massive causée par l’astéroïde à la fin du Crétacé. C’est en partie grâce à cet isolement que certaines espèces ont pu survivre alors que d’autres ont disparu.
Cette théorie s’ajoute aux récentes observations selon lesquelles des fossiles rares pourraient se cacher sous la glace antarctique. De futures expéditions dans cette région prometteuse pourraient permettre de découvrir d’autres fossiles précieux et enrichir notre compréhension des espèces ayant survécu à l’extinction des dinosaures.