Dans le cadre d’une étude américaine, des chercheurs ont étudié un phénomène particulier : certains dauphins ont l’habitude de nager dans le sillage des bateaux. Selon les auteurs, les cétacés utilisent cette technique pour économiser leur énergie.
Mieux comprendre cette étonnante pratique chez les dauphins
Le dauphin obscur (Lagenorhynchus obscurus) est une espèce de cétacés que l’on retrouve uniquement dans l’hémisphère sud, plus précisément au large des côtes du Pérou et du Chili, au niveau de la pointe sud de l’Argentine ou encore en Nouvelle-Zélande. Or, ce cétacé a fait l’objet d’une étude publiée dans la revue Scientific Reports le 3 décembre 2024. En réalité, les experts en biologie marine des universités de Galveston et de Corpus Christi (États-Unis) ont focalisé leur attention sur un phénomène étonnant. En effet, ces dauphins nagent souvent dans le sillage des navires. Or, il s’agirait d’une manière efficace d’économiser leur énergie.
Les chercheurs ont en effet étudié le comportement des cétacés en comparant les coûts énergétiques de la pratique par rapport à ceux relatifs à la nage libre. Les biologistes ont alors utilisé des drones afin de filmer les dauphins de manière individuelle. Il s’agit ici d’une technique plutôt novatrice qui permet d’observer ces animaux d’une manière non-invasive.
Crédits : Fiori et coll., Scientific Reports., 2024
Une efficacité variable selon plusieurs facteurs
Selon les résultats, les dauphins obscurs nagent en bow-riding, c’est-à-dire à l’avant des bateaux. Or, les cétacés adeptes de cette pratique ont un taux de respiration 36 % plus bas que ceux nageant loin des sillages pour une vitesse similaire. Par ailleurs, lorsqu’il s’agit de nage libre, les dauphins sautent hors de l’eau pour respirer après avoir atteint une certaine vitesse. Ceux qui nagent dans le sillage des navires profitent justement de la situation pour rester sous l’eau et demeurer ainsi à l’abri de la résistance de l’air. De plus, il s’agit réellement d’une volonté d’économiser de l’énergie, puisqu’en dessous d’une vitesse de 7 km/h, les dauphins ne pratiquent pas le bow-riding.
Ces recherches montrent également que d’autres facteurs peuvent influer sur l’efficacité de cette technique. Citons par exemple la forme de la coque du navire ou encore sa masse. Des bateaux à coque émoussée de type cargo ou pétroliers offrent de meilleurs avantages, en raison de la forme des vagues générées par rapport à d’autres navires plus rapides et plus petits. L’efficacité de la pratique peut également varier en raison de la compétition entre les dauphins, ceux-ci cherchant à occuper la meilleure place possible dans la vague.
Enfin, les chercheurs ont souligné l’existence d’un petit bémol au sujet de cette habitude. Les dauphins qui pratiquent souvent le bow-riding pour économiser leur énergie sont susceptibles de passer moins de temps à la recherche de nourriture. Or, il est potentiellement question de conséquences sur le long terme, dont les détails restent encore méconnus. Pour les scientifiques, la prochaine étape sera de comprendre quels types de vagues issues de la pression des coques seraient plus favorables à l’économie d’énergie des cétacés dans le cadre de long voyages.
