Très impressionnant, le cône volcanique Kawah Ijen en Indonésie semble cracher de la lave bleue dès le coucher du soleil. S’il existe d’autres volcans bleus dans le monde, le phénomène est particulièrement intense chez ce volcan explosif actif.
Un volcan unique sur le plan chimique
Situé dans l’extrême est de l’île de Java (Indonésie), le Kawah Ijen est l’un des cônes volcaniques du volcan Ijen. Ce cône explosif qui culmine à 2 386 m d’altitude crache de manière continue un panache imposant de fumée jaune et brûlante. Néanmoins, sa principale caractéristique survient à la tombée de la nuit. Sur les abords du cratère semble en effet s’écouler une lave de couleur bleue, un phénomène très surprenant qui attire bon nombre de touristes durant la nuit ou à l’aube. Auteur d’une étude sur ce volcan publiée en 2017, le volcanologue belge Corentin Caudron estime que le site est unique sur le plan chimique.
Il faut dire que le cratère contient pas moins de trente millions de mètres cubes d’acide sulfurique et d’acide chlorhydrique. Ce lac de forme ovale couvrant une surface de 45 hectares est sans conteste du lac le plus acide du monde. En effet, son pH est tellement peu élevé que ce dernier est parfois négatif. Par ailleurs, les fumerolles qui s’en échappent atteignent une température qui dépasse les 600 °C et contiennent du dioxyde de soufre et du sulfure d’hydrogène.
Pas de lave, seulement des flammes
En plus de ses caractéristiques extrêmes, le site est considéré comme étant très dangereux pour certains individus. En effet, il s’agit ici d’un site minier où des travailleurs récupèrent quotidiennement des blocs de soufre, la solfatare (ou terre de soufre), avant de les acheminer dans la vallée, puis les revendre à des industriels (voir photo ci-après). Ils s’en servent pour fabriquer des allumettes ou encore blanchir le sucre. De plus, les travailleurs posent des tuyaux afin de diriger les fumées et ainsi forcer la précipitation du minerai pour optimiser la production de soufre. Néanmoins, ils ont une espérance de vie qui dépasse rarement les quarante ans en raison de leurs conditions de travail extrêmes.

L’origine de cette solfatare s’explique par la circulation de l’eau dans le sommet du volcan. L’eau du lac acide s’infiltre dans le volcan, se réchauffe au contact du magma au point de se vaporiser, puis se charger en éléments minéraux. Enfin, l’eau remonte vers la surface en formant des panaches jaunâtres de vapeur d’eau chargée en éléments minéraux qui finissent par se cristalliser.
Mais quel est ce mystère autour de la fameuse lave bleue qui s’écoule des abords du volcan ? En réalité, il ne s’agit pas de lave. La couleur bleue provient simplement de flammes issues du contact entre l’air et les composés sulfurés du panache de fumée. Ces mêmes composés mutent et se transforment en sulfure d’hydrogène et dioxyde de soufre. Il est donc question de flammes qui, bien que brûlantes, ne résultent pas d’une combustion. Il s’agit tout simplement d’une réaction chimique.