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Une découverte réécrit l’histoire de la propagation du christianisme en Europe

Une découverte réécrit l’histoire de la propagation du christianisme en Europe

  • vendredi 20 décembre 2024
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Une découverte archéologique récente près de Francfort, en Allemagne, pourrait bien bouleverser notre compréhension du christianisme dans l’Empire romain. Un squelette vieux de 1 800 ans accompagné d’une amulette en argent constitue en effet la plus ancienne preuve authentique de la présence du christianisme au nord des Alpes, offrant ainsi un éclairage nouveau sur la propagation de cette religion en Europe. Ces découvertes réécrivent non seulement l’histoire religieuse de l’Europe, mais elles suggèrent également que le christianisme s’est implanté bien plus tôt qu’on ne le pensait dans cette région.


La découverte du cimetière romain de Nida

C’est dans la ville allemande de Francfort, sur le site d’une ancienne ville romaine appelée Nida, que cette découverte remarquable a été faite. Lors des fouilles d’un cimetière romain, des archéologues ont mis au jour une tombe qui contenait un squelette avec une amulette en argent autour du cou. L’amulette de trois centimètres et demi était probablement portée comme pendentif. À l’intérieur se trouvait une fine feuille d’argent enroulée. Bien que fragile et trop délicate pour être déroulée, des techniques d’imagerie avancées ont permis aux chercheurs d’en dévoiler le contenu.

Le texte caché : un témoignage chrétien ancien

La feuille d’argent, datée entre 230 et 270 de notre ère, contient un texte fascinant inscrit en dix-sept lignes. Révélé grâce à des technologies d’imagerie avancées comme la tomographie, il met en lumière des éléments centraux de la doctrine chrétienne primitive. Le texte commence notamment par une référence directe à Jésus-Christ, qu’il décrit comme le Fils de Dieu. À une époque où le christianisme était encore minoritaire et souvent réprimé, cette mention prouve que certains adeptes étaient déjà solidement enracinés dans les croyances fondatrices de la foi chrétienne, bien avant qu’elle ne devienne officiellement reconnue par l’Empire romain.

Un passage significatif du texte affirme que « tous les genoux doivent se plier devant le Christ« . Cela fait écho à un verset biblique de l’épître de Paul aux Philippiens (2:10-11) qui proclame que « tout genou fléchira, dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et toute langue confessera que Jésus-Christ est Seigneur« . Ce passage souligne la croyance chrétienne primordiale en la souveraineté universelle du Christ et l’universalité de sa domination sur toutes les créatures, un message central du christianisme de l’époque. Le texte contient également des formules indiquant clairement que l’amulette avait une fonction spirituelle et de protection.


Enfin, une autre partie du texte mentionne une vision cosmique où « les célestes, le terrestre et le souterrain » se soumettent au Christ, et « toute langue confessera [à Jésus-Christ]« . Ce passage met en avant l’idée chrétienne que le Christ règne sur tous les aspects de l’Univers, une conception fondamentale qui trouve ses racines dans les écrits bibliques anciens. Il insiste sur l’universalité du Christ non seulement en tant que Dieu incarné, mais aussi comme souverain de l’ensemble de la création.

Une avancée significative pour l’histoire religieuse de l’Europe

Bien qu’incomplètes et fragmentaires, ces lignes constituent l’un des plus anciens témoignages écrits de la croyance chrétienne en Europe centrale, un document précieux qui atteste non seulement de la foi chrétienne de l’époque, mais aussi de son caractère distinct et affirmé, en opposition aux pratiques religieuses dominantes de l’Empire romain.

Ce texte est également un indice solide qui prouve que le christianisme avait déjà pénétré cette région d’Europe au début du troisième siècle, bien avant ce que les historiens avaient initialement estimé. En effet, jusqu’à cette découverte, les preuves concrètes de l’arrivée du christianisme au nord des Alpes étaient rares. Le christianisme se serait développé en Europe à partir du Ier siècle, né en Judée dans un contexte de persécution et de petites communautés. Cependant, ce n’est qu’au quatrième siècle que des preuves plus fiables émergent de la présence de communautés chrétiennes bien établies. Ce texte de Francfort bouleverse donc cette chronologie et suggère que des groupes chrétiens existaient déjà en Europe centrale bien plus tôt.


Ce genre de découverte a également des implications profondes pour l’histoire de la propagation du christianisme. Traditionnellement, les historiens s’accordaient à dire que l’arrivée du christianisme en Europe centrale s’est faite lentement, souvent après des vagues de persécution et de conversions forcées. Toutefois, l’inscription de Francfort fournit une preuve tangible que des communautés chrétiennes existaient déjà en dehors de l’Empire romain oriental dès les premiers siècles de notre ère.

christianisme
La petite amulette en argent de 3,5 cm de diamètre seulement, sur laquelle est enroulée une fine feuille d’argent. Crédits : Stadt Frankfurt (Capture d’écran YouTube)

La portée de cette découverte pour l’archéologie et la théologie

L’amulette et le texte qu’elle contenait sont un véritable trésor pour les archéologues, les historiens, les théologiens et les philologues. Leur étude offre des possibilités d’analyse détaillée des premiers écrits chrétiens, de la langue utilisée à l’interprétation des symboles religieux. Cette découverte occupera les chercheurs pendant longtemps et apportera une meilleure compréhension de la diffusion du christianisme dans l’Empire romain, notamment dans la région de la Germanie.

Les experts en sciences religieuses se réjouissent quant à eux de l’importance théologique de ce texte. Il montre en effet un attachement sincère aux croyances chrétiennes primordiales et pourrait être considéré comme l’une des premières attestations tangibles de l’implantation du christianisme en Europe centrale. De plus, le fait qu’un objet aussi fragile ait survécu pendant près de deux millénaires témoigne de la manière dont les croyances chrétiennes étaient transmises et préservées, malgré les difficultés historiques.

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