Lors de fouilles archéologiques près de Londres, une découverte unique a attiré l’attention des chercheurs : un os pénien de chien peint en rouge trouvé parmi des milliers d’ossements dans un ancien puits de carrière romain. Ce petit artefact daté du Ier ou du IIe siècle après J.-C. soulève des questions fascinantes sur les pratiques rituelles et les croyances de la Grande-Bretagne romaine.
Une découverte surprenante qui était utilisée dans un contexte rituel
En 2015, des archéologues qui exploraient un site à Nescot, près de Londres, ont découvert un puits de quatre mètres de profondeur rempli d’ossements humains et animaux. La majorité des restes appartenaient à des chiens, principalement de petite taille, dépourvus de traces de blessures ou de maladies. Ce détail a alors intrigué les chercheurs qui ont de ce fait suggéré que les animaux n’avaient pas été utilisés pour la consommation ou comme bêtes de travail, mais peut-être pour des cérémonies rituelles.
Parmi ces ossements, l’os pénien peint à l’ocre rouge s’est démarqué. Les analyses, publiées en décembre dans l’Oxford Journal of Archaeology, ont en effet révélé qu’il avait été intentionnellement recouvert d’oxyde de fer, un matériau absent du site. Ce soin apporté à sa décoration ainsi que son inclusion dans un puits rempli de dépôts rituels laissent penser qu’il jouait un rôle symbolique. Selon Ellen Green, la bioarchéologue qui a dirigé l’étude, il s’agit même du premier exemple connu d’un pénis animal utilisé comme artefact rituel dans le monde romain.

Un lien probable avec la fertilité et l’agriculture
Dans la culture romaine, le pénis était un symbole de fertilité et de protection souvent utilisé dans des amulettes pour éloigner le mauvais œil. Cette interprétation est par ailleurs renforcée par le contexte du puits de Nescot où d’autres indices suggèrent un lien avec la fertilité. Par exemple, la majorité des animaux retrouvés étaient très jeunes, une anomalie dans les dépôts rituels romains. De plus, les saisons de naissance des animaux coïncidaient avec le printemps et l’été, des périodes cruciales pour la plantation et les récoltes agricoles.
Particulièrement présents dans le puits, les chevaux et les chiens étaient associés aux déesses mères dans les traditions de l’Europe romaine et celtique. Or, ces figures divines étaient souvent vénérées pour leur pouvoir d’assurer la prospérité des récoltes et la fécondité des communautés. L’os peint pourrait donc avoir été un élément central de rituels destinés à garantir l’abondance et le renouvellement de la vie.
En somme, cette découverte singulière illustre comment des artefacts inattendus peuvent révéler des aspects méconnus des sociétés anciennes. L’os pénien peint n’est ainsi pas seulement un témoin archéologique ; il est une clé pour explorer les rituels, les préoccupations spirituelles et les liens entre l’homme et la nature dans la Grande-Bretagne romaine.