Imaginez-vous déambuler il y a 70 à 75 millions d’années au cœur d’une Espagne bien différente où les dinosaures régnaient en maîtres au sein d’un archipel d’îles verdoyantes. Parmi ces géants, un nouveau venu vient d’être dévoilé au grand jour : Qunkasaura pintiquiniestra. Voici ce que l’on sait de ce titanosaure.
Les titanosaures : des colosses paisibles
Les titanosaures, avec leur long cou, leur corps massif et leur queue puissante, incarnent l’apogée de l’évolution des sauropodes. Ces herbivores paisibles parcouraient les continents à la recherche de nourriture abondante, principalement constituée de végétaux. Leur taille gigantesque leur conférait une certaine invulnérabilité face aux prédateurs, bien que certains théropodes, comme le redoutable Giganotosaurus, ne devaient pas hésiter à s’attaquer aux jeunes individus ou aux spécimens affaiblis.
Une caractéristique notable des titanosaures était la présence d’ostéodermes, des plaques osseuses qui recouvraient leur peau. Ces structures, dont la fonction exacte est encore débattue, pourraient avoir servi à la thermorégulation, à la protection contre les prédateurs ou à l’affichage sexuel.
Les titanosaures ont laissé leurs empreintes dans de nombreux endroits du globe, notamment en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie. L’Europe, bien que moins riche en gisements de titanosaures, a livré de nombreux spécimens, dont Qunkasaura pintiquiniestra.
Une nouvelle espèce
C’est dans les sédiments du site de Lo Hueco, situé dans la province de Cuenca en Espagne, que les paléontologues ont exhumé les restes fossilisés de Qunkasaura pintiquiniestra.
Ce nouveau titanosaure se distingue par plusieurs caractéristiques anatomiques uniques, telles que des projections osseuses inhabituelles sur les vertèbres cervicales et une formation en forme de crochet à la base de la colonne vertébrale. Ces éléments anatomiques, combinés à une analyse phylogénétique approfondie, ont permis de classer le dinosaure au sein d’un nouveau clade de titanosaures.
Le nom de genre, Qunkasaura, rend hommage à la ville de Cuenca et au peintre espagnol Antonio Saura. Quant au nom d’espèce, pintiquiniestra, il fait référence à un personnage de romans de chevalerie du 16e siècle. Ce choix onomastique souligne le lien entre la science et la culture, et rappelle que les découvertes paléontologiques ne sont pas seulement des faits scientifiques, mais aussi des histoires à raconter.


Implications de la découverte
La découverte de ce titanosaure a des implications importantes pour notre compréhension de l’évolution des dinosaures en Europe. Elle suggère en effet que la diversité des titanosaures sur ce continent était plus grande que ce que l’on pensait auparavant et que ces géants herbivores ont occupé une grande variété de niches écologiques. De plus, les affinités de Qunkasaura avec d’autres espèces de titanosaures, notamment celles d’Amérique du Sud, soulèvent des questions intéressantes sur les migrations et les échanges faunistiques entre les continents.
Cette découverte met également en évidence l’importance des sites fossilifères comme Lo Hueco. Ces véritables archives de la vie passée nous permettent de reconstituer les écosystèmes d’antan et de mieux comprendre les mécanismes de l’évolution. En étudiant les fossiles de Qunkasaura et d’autres dinosaures découverts sur ce site, les paléontologues peuvent reconstituer les paysages, les climats et les interactions entre les différentes espèces qui peuplaient l’Europe au Crétacé.
L’étude est publiée dans Communications Biology.