(Agence Ecofin) - L’action Tesla a perdu 76 milliards $ de valorisation boursière sur le Nasdaq, le marché financier américain des valeurs technologiques, soit une chute de 20%. Le scénario qui se dessinait déjà semble avoir été accéléré par la non-entrée de l’entreprise dans le club très sélect de l’indice S&P 500.
L'action Tesla a fait une chute de 20% le mardi 8 septembre 2020, en ouverture des transactions sur le Nasdaq, le marché des valeurs technologiques de New York, où l'entreprise spécialisée dans la production des voitures électriques est cotée. Cela représente de manière absolue une perte de valorisation boursière de l'ordre de 76 milliards $.
Cette situation survient alors que l'entreprise dont la valeur boursière au 2 septembre était en hausse de 438% depuis le début de l'année venait de procéder à un fractionnement de ses actions, et à la mobilisation de 5 milliards $ via une émission de nouvelles parts sur le marché. Les investisseurs avaient été séduits par 4 semaines consécutives de résultats nets positifs, malgré l'existence d'un risque de bulle.
On le sait aussi depuis le weekend dernier, Tesla comme plusieurs valeurs technologiques a explosé en bourse à la faveur de la multiplication de contrats futurs, des produits dérivés de la finance à travers lesquels les investisseurs parient sur la hausse future de certaines actions. Il y avait surtout la perspective de voir Tesla entrer dans le club très fermé du S&P 500, l'indice de référence des actions cotées sur les principales bourses américaines.
Ce dernier point est considéré comme celui qui a véritablement motivé l'appétit des investisseurs, que ce soit sur des transactions immédiates comme futures. La présence de l'entreprise à ce niveau lui aurait permis d'avoir une plus grande liquidité, et donc une facilité pour les investisseurs d'acheter et de vendre ses titres. Mais la décision du comité S&P 500 n'était pas acquise.
Malgré ses quatre trimestres successifs de bénéfice subsistait un risque de bulle évoqué par des analystes de Data Trek. Nicholas Colas, un des fondateurs et analyste de cette plateforme, estimait que le bénéfice net de Tesla était soutenu par des revenus exceptionnels liés à la vente des crédits carbone à des entreprises reconnues comme étant pollueuses.
« Cela met le comité S&P chargé d'ajouter des noms au top 500 des valeurs boursières américaines dans une véritable impasse. Si à la lettre de leur "réglementation'' Tesla se qualifie pour l'inclusion à l'indice, cela relèvera d'un arbitrage réglementaire et non d’une rentabilité fondamentale liée à la conception, la fabrication et la vente des voitures », avait écrit M. Colas qui dans les années 1990, a passé près d'une décennie en tant qu'analyste des actions automobiles chez First Boston.
Son point de vue semble avoir été considéré, car le comité de validation des introductions au S&P 500 n'a pas cité Tesla parmi les nouveaux entrants. Les ventes à vue sur ses actions risquent de se poursuivre.
Déjà un actionnaire important comme la firme de capital-risque Baillie Gifford a réduit sa participation à son capital de 6,4% à 4,3%, évoquant officiellement des limitations dans sa politique d'investissement.
Idriss Linge