(Agence Ecofin) - Au Ghana, de plus en plus d’experts appellent les autorités à revoir la politique relative à l’exploitation pétrolière afin qu’elle puisse davantage bénéficier au pays.
Au Ghana, l’économiste et analyste des risques politiques Theophilus Acheampong (photo), s’est prononcé sur la gestion des revenus issus de l’exploitation pétrolière, depuis 2011. L’expert a révélé, mercredi 23 mars, que sur plus de 31 milliards de dollars provenant de la production du brut, seuls 6,5 milliards de dollars ont réellement profité à l'Etat.
Selon Acheampong, qui s’est exprimé en marge d’une conférence organisée par le régulateur Public Interest and Accountability Committee (PIAC), cette faible proportion de gains s’explique essentiellement par le développement accéléré de Jubilee, un gisement pétrolier à cheval sur les licences West Cape Three Points et Deepwater Tano, découvert en 2007 et mis en production en 2010. Le champ a produit environ 24 300 b/j en moyenne en 2021.
« Selon plusieurs parties prenantes, le développement de Jubilee semblait avoir été précipité. Environ deux à trois ans ont été utilisés pour mettre le champ en production. Lorsque celle-ci a démarré, il y a eu des problèmes avec les puits », a commenté Acheampong. La situation, explique-t-il, a eu pour conséquence des investissements massifs pour tenter de résoudre ces problèmes opérationnels.
Par ailleurs, Theophilus Acheampong pointe du doigt une mauvaise répartition des fonds engrangés, partagés entre la société pétrolière nationale GNPC (2 milliards $), le Ghana Stabilization Fund (1,39 milliard $), le Ghana Heritage Fund (586 millions de dollars $). La plus grande partie ayant été utilisée pour financer le budget national sur la période (2,6 milliards $).
Pour l’analyste, le Comité consultatif sur les investissements, une agence dont la mission, entre autres, est de conseiller le gouvernement sur la destination des fonds, n’a pas su jouer son rôle.
La situation pourrait toutefois s’inverser, soutient l’économiste. Il faudrait pour cela que des fonds soient alloués au renforcement de la production nationale, d’une part. Ceci afin d’anticiper le déclin annoncé de la production des champs Jubilee, TEN, SGN qui ont atteint leur pic en 2020.
D’autre part, l’Etat doit investir dans le développement de nouveaux périmètres via l’exploration. Une recommandation qui fait écho à la déclaration en 2021 d’Alex Mould, ancien CEO de la compagnie pétrolière publique du Ghana (GNPC) qui suggérait au gouvernement de s’engager audacieusement dans l’exploration pétrolière.
Abdel-Latif Boureima
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