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Selon une étude, les avions pourraient être en danger croissant à cause des débris spatiaux

Selon une étude, les avions pourraient être en danger croissant à cause des débris spatiaux

  • vendredi 14 février 2025
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En janvier, l’explosion d’un vaisseau spatial Starship de SpaceX au-dessus de l’Atlantique Sud et de la mer des Caraïbes septentrionale a semé le chaos dans le ciel, alors que des pilotes de vols commerciaux tentaient d’éviter les débris qui retombaient sur Terre. Spectaculaire, cet incident sera probablement loin d’être isolé avec la multiplication des objets envoyés dans l’espace, ce qui augmente ainsi les risques. Le danger qu’un débris spatial frappe un avion reste certes très faible, mais une recherche de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) publiée dans la revue Scientific Reports met en lumière la menace potentielle que ces déchets incontrôlés font peser sur les vols.


Une nouvelle source d’inquiétude pour les passagers

Entre les retards interminables et les turbulences parfois violentes, prendre l’avion peut déjà être une expérience stressante. Les scientifiques viennent d’ajouter un facteur d’inquiétude supplémentaire : les débris de fusées. Lorsque du lancement d’engins pour mettre des satellites en orbite, d’importants segments de fusées restent parfois en orbite terrestre basse et réintègrent ensuite l’atmosphère de manière imprévisible. Si la majeure partie de ces débris se consume à la rentrée, certains fragments de grande taille peuvent survivre et retomber… causant au passage des dégâts considérables. Les perturbations liées à ces débris ne sont pas inédites : en 2022, les autorités aériennes espagnoles et françaises avaient par exemple temporairement fermé des portions de leur espace aérien en raison de la chute incontrôlée d’un segment de fusée de vingt tonnes.

« L’explosion récente d’un vaisseau Starship de SpaceX peu après son lancement a illustré les difficultés de fermeture rapide de l’espace aérien », explique Ewan Wright, doctorant en études interdisciplinaires à l’UBC et auteur principal de l’étude, en rapport avec les évènements de janvier dernier. « Les autorités ont établi une zone d’exclusion, ce qui a forcé plusieurs avions à dériver de leur trajectoire ou à revenir à leur point de départ. Cet évènement impliquait des débris localisés, mais les rentrées incontrôlées depuis l’orbite offrent beaucoup moins de prévisibilité. »

vue des débris spatiaux spaceX depuis les Îles Turques-et-Caïques
Vue des débris spatiaux SpaceX depuis les îles Turques-et-Caïques en janvier 2025. Crédits : Twitter/
KingDomRedux

Dans leur étude, les chercheurs de l’UBC dévoilent les chances qu’une personne soit tuée par un débris de fusée frappant un avion cette année. Selon eux, il existe une chance sur quatre que des déchets spatiaux issus de fusées traversent une zone à forte densité de trafic aérien. Et ce n’est pas tout…


Un trafic aérien croissant et des rentrées incontrôlées sources de débris spatiaux

Les chercheurs ont étudié l’activité aérienne du jour le plus chargé de 2023 et l’ont corrélée avec les probabilités de rentrée de débris en s’appuyant sur dix années de données historiques. Denver, dans le Colorado (États-Unis), s’est avéré être la zone la plus dense en trafic ce jour-là, avec une moyenne d’un avion tous les dix-huit kilomètres carrés. L’équipe a alors déterminé que les zones qui enregistrent au moins 10 % de cette densité maximale ( comme le corridor Vancouver-Seattle ) présentent une probabilité annuelle de 26 % d’être survolées par des débris.

« La fermeture d’espaces aériens en Europe du Sud en 2022 concernait une zone qui avait seulement 5 % de cette densité de trafic », rappelle Ewan Wright. « À l’échelle mondiale, le risque de rentrée dans des régions modérément fréquentées s’élève à 75 % par an. » En 2024, 258 lancements réussis de fusées ont eu lieu, entraînant au passage 120 rentrées incontrôlées. L’étude évalue finalement à une chance sur 430 000 la probabilité qu’un avion finisse heurté par un débris de fusée chaque année.

débris spatiaux
Crédits : NASA Orbital Debris Program Office / Wikipedia

L’industrie spatiale transfère les risques aux compagnies aériennes

Face à la menace de ces déchets spatiaux, les autorités aéronautiques doivent parfois choisir entre maintenir la circulation normale ou fermer leur espace aérien pour réduire les risques. « Mais pourquoi devraient-elles avoir à faire de tels choix ? Les rentrées incontrôlées sont dues à des choix de conception, et non à une fatalité », estime Aaron Boley, co-auteur de l’étude et professeur associé de physique et d’astronomie à l’UBC. « L’industrie spatiale transfère en réalité ses risques aux compagnies aériennes et aux passagers. »


Les chercheurs plaident donc pour des fusées conçues de manière à réintégrer l’atmosphère de façon contrôlée et à atterrir en toute sécurité dans des zones océaniques désignées (l’eau recouvrant plus de 70 % de la surface terrestre). Toutefois, cette évolution technique nécessiterait une coopération internationale. Or, « les pays et les entreprises privées n’investiront pas dans des conceptions améliorées tant qu’une réglementation commune ne l’imposera pas à tous », insiste Michael Byers, co-auteur et professeur de sciences politiques à l’UBC. « Les gouvernements doivent collaborer pour établir de nouvelles normes mondiales. »

Plus de 2 300 corps de fusée errent encore en orbite et le nombre de passagers aériens pourrait croître de près de 7 % en 2025 selon l’Association internationale du transport aérien (IATA). Face à l’essor simultané des lancements spatiaux et du transport aérien, la question des débris spatiaux représente ainsi un défi croissant qui appelle à une réponse internationale urgente… et qui tarde pour l’heure à émerger.

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