L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a récemment publié un rapport très préoccupant au sujet de Paris et l’Île-de-France. D’ici 2050, la zone devrait faire l’objet d’épisodes de sécheresse sévères, dont les conséquences ne seront pas seulement d’ordre économique.
Une chute importante du niveau des nappes souterraines
Conséquence extrême du réchauffement climatique, la sécheresse menace de nombreuses régions aux quatre coins du globe. Or, Paris et l’Île-de-France ne font pas exception, comme le souligne un rapport publié par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) le 17 mars 2025. Selon l’organisation, la raréfaction de l’eau pourrait coûter jusqu’à 2,5 milliards d’euros d’ici moins de trois décennies. Les auteurs du rapport ont donné l’exemple de la ville de Barcelone (Espagne), celle-ci ayant frôlé la pénurie d’eau en 2024 après trois années de sécheresse. La catastrophe a été évitée aux prix d’importantes restrictions en termes de consommation. Si la capitale française n’est pas encore assujettie à ce genre de crise, les risques existent.
Il s’avère que les habitants des grandes villes sont particulièrement exposés au manque d’eau. En effet, l’imperméabilisation des sols réduit la capacité de recharge des nappes phréatiques. De plus, la hausse des températures intensifie un phénomène particulier : les îlots de chaleur urbains. Malheureusement, ces tendances s’amplifient sous l’effet du réchauffement climatique. En conséquence, il pourrait être question d’une importante chute du niveau des nappes souterraines, s’accompagnant également d’une alternance d’épisodes longs de sécheresse et de pluies diluviennes.
Des risques de restriction sur fond de besoins croissants
Le rapport montre que l’Île-de-France a subi une augmentation des températures moyennes de 2°C depuis 1990. Or, le réchauffement climatique augmente les risques de sécheresse sévères dans la région. Une sécheresse aussi grave que celle de 1921 pourrait engendrer des restrictions durant plus de 150 jours en ce qui concerne l’irrigation, la navigation et la consommation en eau dans le secteur de l’industrie. L’objectif serait ici de préserver l’eau en tant que ressource vitale pour les habitants.
Rappelons que d’ordinaire, les prélèvements d’eau en Île-de-France concernent l’alimentation en eau potable (57%), l’industrie (20%), la production d’énergie (13%), les canaux (7%) ainsi que l’irrigation (3 %). Au niveau de l’agriculture, la superficie occupée par les cultures et l’élevage représentent environ 50% de la superficie de la région et ses besoins en eau ont plus que doublé depuis 2012. Or, ces mêmes besoins devraient encore augmenter à hauteur de 45% d’ici 2050, une hausse en partie favorisée par le développement de la production de froid – via l’eau de la Seine – pour assurer des besoins croissants en climatisation.

Crédits : Ministère de l’Agriculture / Mémento 2023
Conséquences et recommandations
Les effets néfastes des épisodes de sécheresse à venir sont nombreux. Les 2,5 milliards d’euros de pertes concernent principalement les productions agricoles et industrielles mais d’autres problèmes devraient faire leur apparition. Citons par exemple le retrait des argiles sous l’effet de la sécheresse capables de causer d’importants dégâts sur l’habitat ou encore, la naissance de conflits avec d’autres régions françaises dont une partie de l’eau pourrait être réquisitionnée pour alimenter l’Île-de-France.
Pour les auteurs de l’étude, il serait judicieux de réduire dès maintenant les prélèvements en eau. Néanmoins, la marge de manœuvre est assez faible puisque l’Île-de-France fait déjà des efforts depuis quelques années. Il est également recommandé d’évaluer solidement les risques de sécheresse afin de mettre sur pied une stratégie à appliquer dès 2030. Citons également la possibilité d’optimiser la distribution en eau en fonction de chaque secteur d’activité et de chaque particulier.